Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Coptes (suite)

L’art copte proprement dit (ve - viie s.)

L’opposition au concile de Chalcédoine provoque en Égypte la prise de conscience nationale d’un peuple devenu presque entièrement chrétien et resserré, face à l’occupant, autour de son clergé et de ses moines. L’art connaît alors un véritable épanouissement. Les grandes églises se multiplient, parmi lesquelles subsistent celles d’anciens monastères à Dendérah, à Deir el-Ahmar, à Deir el-Bakara, à Saqqarah, à Baouīt. L’exclusivité d’un programme basilical, avec chœur triple, narthex et entrée latérale, parfois en chicane (Dendérah), incline à y voir la fidélité, même inconsciente, aux principes de l’architecture pharaonique et à son sens du mystère.

Les thèmes à figuration humaine ou animale peuvent avoir décoré des temples païens. Il en est ainsi de l’Horus cavalier du Louvre ou des illustrations du mythe de Léda au Musée copte du Caire, que pouvaient difficilement accepter les chrétiens. Mais, d’un côté, la transformation consciente de leur symbolisme d’origine dans un sens chrétien est assurée pour plusieurs, comme Aphrodite Anadyomène et Daphné, devenues symboles de la régénération de l’âme ; d’un autre côté, cette transformation s’est opérée insensiblement dans l’âme populaire chrétienne à propos de la plupart des thèmes qui décorent les objets d’usage courant, comme les vêtements. Sur ce fond, les sujets chrétiens tirés des deux Testaments, ou en rapport avec les anges et les saints, commencent à s’affirmer.

Dans la parure architecturale, mis à part un sursaut naturaliste au début du vie s., commun à l’Empire et décelable en Égypte dans les églises des monastères de Saqqarah et de Baouīt, une « facture rude », insistant sur l’idée aux dépens du modelé et des proportions, succède à la « facture douce ». La stylisation en pointes aiguës des feuilles d’acanthe, le rythme mécanique des rinceaux dans les frises et l’aspect inattendu des membres dans la figuration humaine ou animale en sont caractéristiques. On en suit l’accentuation, par exemple, depuis les reliefs sur pierre de Daphné (Musée copte du Caire et musée du Louvre) jusqu’à ceux du mythe de Léda (Le Caire) et d’Aphrodite Anadyomène (Louvre).

Les analogues se retrouvent en d’autres techniques. Dans les arts de la couleur, notamment, on suit la transformation soit dans les icônes, où le réalisme des portraits romano-égyptiens du Fayoum* cède le pas à la stylisation, comme dans le buste peint sur bois de l’évêque Abraham (musée de Berlin) ou dans le groupe mystique du Christ protégeant l’abbé Ména (Louvre), tous deux originaires de Baouīt, soit dans les peintures murales des monastères de Saqqarah et de Baouīt, aux groupes de saints juxtaposés. Dans la tapisserie, l’emploi de la navette volante délimite les formes au lieu d’en donner l’illusion ; les sujets y sont traités par opposition ou harmonie de surfaces colorées, faisant de ce domaine l’un des plus significatifs de l’art copte.

Sens du mystère dans l’architecture, équilibre de zones plus évocateur que descriptif dans la décoration, un art homogène est ainsi bien établi.


L’art des Coptes du viiie au xiie s.

Les conditions changent avec la domination arabe. Les passages massifs à l’islām, provoqués par les mesures coercitives, restreignent le peuple copte à une communauté composée en majorité de fellahs. Cette communauté se maintiendra sous la conduite de quelques propriétaires, du clergé et des moines, eux-mêmes en nombre se réduisant. L’artisanat reste son apanage dans le pays. C’est lui qui gardera vive la flamme de l’art copte pendant cinq siècles de plus.

L’architecture chrétienne, dans une conjoncture très défavorable, ne pourra guère bénéficier de cette activité, alors que les musulmans, même pour certaines mosquées (notamment à Médine), recourront aux techniciens coptes. Mais, dans tous les arts mobiliers, ceux-ci font preuve d’une fantaisie inventive sans égale. Tout au long des périodes omeyyade, tūlūnide, fāṭimide, on reconnaît le travail des Coptes au service des musulmans comme des chrétiens dans une facture qui procède par grandes masses ou par fine stylisation. Des reliefs sur pierre, notamment de nombreuses stèles, sur bois, comme les frises de l’église Sainte-Barbara du Caire, sur ivoire, comme une Vierge à l’Enfant de la Walters Art Gallery de Baltimore ; des peintures, comme l’Ascension, à Baouīt, ou le Paradis terrestre, au Musée copte du Caire ; surtout des milliers de pièces de tapisserie, au décor si varié : voilà les témoins d’une veine décorative qui ne cesse de se renouveler et qui exerce son influence en Nubie et jusqu’en Éthiopie*.

À partir du xiiie s., le style copte cède la place, même dans les œuvres chrétiennes, au style musulman. L’art copte aura su, néanmoins, pendant près de dix siècles, affirmer une originalité à laquelle notre époque s’est découverte très sensible.

P. du B.

coque

Réunion en un même ensemble du châssis et de la carrosserie d’un véhicule automobile pour le faire travailler à la manière d’une poutre à caisson.



Les précurseurs

La coque autoporteuse, ou monocoque, est née du désir de faire participer la carrosserie à la résistance aux efforts de flexion et de torsion que le châssis était seul à assumer autrefois. En réunissant ces deux éléments en un même ensemble, on réalise une poutre à caisson qui présente une très grande résistance à la torsion à condition que le taux de travail soit harmonisé entre les différents éléments qui la composent, ce qui implique l’utilisation d’un même matériau de base. La première tentative de réalisation d’une coque autoporteuse est celle qu’entreprend Amédée Bollée fils (1872-1926) sur son racer, présenté en 1898 sous le nom de Torpilleur. La structure est composée d’une plate-forme chaudronnée, fermée à l’arrière par le carter du moteur à 4 cylindres horizontaux disposé transversalement et participant à la rigidité de l’ensemble. À cette époque, on prétend associer des caisses en bois à des structures en acier : de telles réalisations étaient inéluctablement vouées à l’échec.