Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Coptes (suite)

Période moderne

C’est l’expédition de Bonaparte qui mit fin à la persécution des chrétiens.

Sous la sage administration du sultan Méhémet-Ali (1804-1849), les Coptes obtinrent la pleine liberté de conscience et furent même appelés à coopérer au redressement du pays, si bien que leur essor reprit au xixe s., au cours duquel ils passèrent de 100 000 à 700 000.

Le xxe s. vit l’arrivée des missionnaires protestants, favorisés par la domination anglaise, et celle des catholiques. Les catholiques furent constitués en une Église copte indépendante par Léon XIII, qui rétablit aussi le patriarcat catholique de rite copte en 1899. Les Coptes catholiques sont actuellement 100 000 environ en R. A. U., en Éthiopie et en Érythrée.

Quant à l’Église copte elle-même, elle a prospéré au point de compter près de 2 millions de fidèles. Mais elle a essaimé hors d’Égypte, au Soudan, en Afrique du Sud et au Koweït. Il y a aussi un patriarche copte en Abyssinie (4 millions de fidèles), mais presque totalement indépendant, depuis 1959, de celui d’Alexandrie. Cet essor est dû surtout aux laïcs instruits, dont le rôle a été très important et qui ont forcé leur Église à sortir de sa stagnation.

L’Église copte a aussi renforcé ses liens avec les autres Églises monophysites de Syrie et d’Arménie. En 1954, elle est entrée au Conseil œcuménique des Églises et a envoyé des observateurs au deuxième concile du Vatican. Par leur enracinement dans la culture de la vallée du Nil, par leur liturgie originale et leur spiritualité monastique, les Églises coptes apportent des richesses précieuses au trésor des Églises orientales.

P. R.

➙ Églises orientales / Éthiopie.

 A. J. Butler, The Ancient Coptic Churches ol Egypt (Oxford, 1884 ; 2 vol.). / J. Beckwith, Coptic Sculpture, 300-1300 (Londres, 1963). / P. du Bourguet, Catalogue des étoffes coptes, musée du Louvre, t. I (Musées nationaux, 1964) ; l’Art copte (A. Michel, 1968). / M. Roncaglia, Histoire de l’Église copte (Beyrouth, 1966-1968 ; 2 vol.). / E. Dinkler (sous la dir. de), Christliche Kunst in Nubien (Recklinghausen, 1970).


L’art copte

L’art copte, en dépit d’opinions simplistes, n’est pas une province de l’art byzantin, pas plus qu’il n’est à la charnière de l’art pharaonique et de l’art musulman. Sa naissance, en effet, est antérieure à celle de l’art byzantin, à l’influence duquel, d’ailleurs fort peu marquée, il échappe dès le viie s. Les thèmes qui composent son répertoire sont et resteront, après addition de sujets chrétiens, ceux de l’art alexandrin (v. hellénistique [art]). Loin, enfin, d’être submergé par un art musulman en voie de formation, l’art copte maintiendra une production abondante et originale pendant près de cinq siècles.

L’assimilation du mot copte aux mots chrétien d’Égypte est responsable, en ce qui concerne l’art copte, d’un autre préjugé. En adoptant l’acception introduite par les Arabes au moment où ils trouvaient une Égypte entièrement christianisée, on oublie que, d’abord art de païens — celui des Égyptiens sous l’occupation romaine —, l’art copte n’est devenu chrétien qu’à la faveur de la progression du christianisme, lequel n’a prévalu sur le paganisme qu’au milieu du ve s.

Cet art a su se faire jour et se développer dans les conditions les plus contraires, notamment celles de l’occupation étrangère. Il le doit à une élite, modeste mais efficiente, de petits fonctionnaires, de propriétaires, d’artisans, puis surtout de moines, qui ont su coordonner les tendances propres à l’âme égyptienne.

Dans une évolution qui se laisse facilement suivre, le style copte obéit à la prédominance sur les formes d’une idée à signifier — prédominance qui se traduira dans le relief par l’opposition à angle droit de deux niveaux, dans les arts de la couleur par la juxtaposition de surfaces colorées. Il y a là une force qui permet à l’art copte de se dégager des formes alexandrines comme d’assimiler à l’occasion les apports de l’art byzantin ou de l’art musulman et qui, dans un milieu différent, constitue peut-être un héritage des temps pharaoniques, en tout cas s’affirme dans une indéniable originalité.


Les débuts (iie s. - 1re moitié du ve s.)

Conformément à l’évolution religieuse de la population copte, les thèmes mythologiques gréco-romains se laissent peu à peu transformer intérieurement dans un sens chrétien ; en fin de période s’y adjoignent quelques thèmes chrétiens. Un changement léger des proportions au service de l’idée est caractéristique du style copte, à distinguer nettement des déformations par appauvrissement qui marquent concurremment la décadence de l’art alexandrin.

Les temples païens abandonnent progressivement la place aux églises, par exemple à Oxyrhynchos, où les chiffres en 300 — douze temples contre deux églises — sont exactement inversés au milieu du ve s. De ces églises, signalées par les textes, il subsiste une chapelle primitive, devenue crypte de l’église actuelle de Saint-Serge au Vieux-Caire, à plan basilical à trois nefs, et, des environs de 440, la grande basilique du Couvent Blanc, près de Sohag, avec abside tréflée surmontée de deux ordres de cinq niches ainsi que narthex antérieur et latéral.

Partout dans la parure architecturale — chapiteaux, niches ou frontons brisés sur colonnes abritant des figures mythologiques, frises murales à décor végétal —, le naturalisme alexandrin se laisse gagner par une stylisation qui est la première marque du style nouveau. On l’a qualifiée de « manière douce ». Une Vierge allaitant, en dessin incisé, dans une stèle du Fayoum au musée de Berlin, un portrait peint sur bois d’un Apôtre (?), venant de Baouīt, au Musée copte du Caire, comptent parmi les rares exemples de thèmes chrétiens, empreints de la même douceur.

Cette manière se retrouve dans les sujets qui ornent les tissus (tentures, housses de coussin, vêtements), où, parmi d’autres teintes, domine le pourpre-violet. Ainsi, la grâce hellénistique, mais stylisée, d’une tête de danseuse ou les traits un peu lourds de portraits de Dionysos et d’Ariane (pièces du musée du Louvre) sont, avec des ombres encore marquées par le procédé des « hachures », les pendants du même style dans la couleur.