Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

contraception (suite)

• La méthode de la température est fondée sur le fait que la prise régulière de la température matinale permet de situer le moment de l’ovulation, qui se produit le dernier jour du plateau hypothermique, avant le décalage du plateau hyperthermique. Par rapport à l’ovulation, il existe donc une période féconde de sept jours, dont la durée est fondée sur la survie des spermatozoïdes dans les voies génitales, survie qui ne dépasserait pas quatre jours, et sur la survie de l’ovule, limitée à vingt-quatre heures. Cette période féconde, qui s’étend de quatre ou cinq jours avant l’ovulation jusqu’à quarante-huit heures après elle, sépare deux périodes stériles, l’une après les règles, dont la fiabilité n’est que relative en raison de la survie exceptionnelle mais possible des spermatozoïdes, l’autre dont la fiabilité est beaucoup plus grande, qui va du second jour après le décalage jusqu’aux règles suivantes. Chez les femmes dont le plateau d’hyperthermie ne s’établit pas franchement, mais en quelques jours, la période de stérilité absolue se limite à une semaine, ou moins. Aussi l’utilisation de la méthode de la température exige-t-elle un certain niveau intellectuel, discipline et maîtrise de soi.

Le coitus interruptus, ou méthode du retrait, est pratiqué depuis l’Antiquité (le crime d’Onan) et est encore très employé. L’ablution simple, après le rapport, est tout aussi fréquemment utilisée, mais elle est inefficace.


Méthodes instrumentales ou chimiques

Ces méthodes nécessitent un appareillage ou le recours à des substances chimiques.

• Le préservatif masculin, ou condom, qui revêt la verge de latex, est un procédé sûr lorsque son utilisation est rigoureuse.

• Les préservatifs féminins, ou obturateurs, sont très en faveur dans les centres de planning. Il s’agit de diaphragmes ou de capes, sortes de dômes en caoutchouc fin attachés à un anneau métallique, que la femme place elle-même, avant le rapport, dans le fond du vagin, coiffant le col de l’utérus. Leur avantage est leur parfaite innocuité, mais ils présentent des inconvénients : nécessité d’un « essayage » et d’un apprentissage ; perturbation de l’harmonie sexuelle ; efficacité très inférieure à celle des pilules et des stérilets. Ils doivent, de plus, toujours être utilisés conjointement avec des produits spermicides, contenus dans des gelées ou des crèmes, dont l’action est double : obturation du col utérin, pour laquelle leur consistance joue un rôle essentiel ; immobilisation la plus rapide possible des spermatozoïdes, obtenue par leur composition chimique, leur pH et leur état physique. Ces produits peuvent aussi être utilisés sans diaphragme, mais avec une sécurité encore moins grande.

• Les dispositifs intra-utérins, ou stérilets, placés dans la cavité utérine, ne peuvent y être insérés que par un médecin et restent en place de façon permanente. Ils sont constitués par des fils de polyéthylène en forme d’anse, de spirale ou de boucle. Leur mécanisme d’action est encore mal connu : ils n’agissent pas comme des obturateurs, mais on invoque une action locale, au niveau de l’endomètre, une action au niveau des trompes, dont le péristaltisme serait modifié, une action lutéolytique. Des accidents locaux sont possibles : expulsion, hémorragies, douleurs et parfois perforation. Cette méthode donne une sécurité supérieure aux précédentes, mais moindre que celle qui utilise les hormones de synthèse.

• La « pilule ». L’absorption d’hormones ovariennes de synthèse sous forme de « pilules », ou contraception orale, se fonde sur le pouvoir qu’ont ces hormones d’inhiber l’ovulation lorsqu’elles sont prescrites à certains moments du cycle et à certaines doses. Ces pilules contiennent soit des progestatifs associés à des œstrogènes, soit des progestatifs seuls, ou encore, de façon cyclique, des œstrogènes d’abord seuls, puis associés à des progestatifs. Les recherches récentes, ont permis d’abaisser progressivement les doses d’œstrogènes et de progestatifs, et de synthétiser de nouveaux corps mieux tolérés. Bien qu’utilisée actuellement sur une vaste échelle, dans le monde, cette méthode demande certaines précautions : examen gynécologique préalable pour dépister les contre-indications et surveillance médicale régulière. Néanmoins, les accidents sont rares comparativement au nombre des utilisatrices (5 millions aux États-Unis en 1965).

Les orientations de la recherche, en matière de contraception hormonale, se font dans trois directions : administration de l’hormonothérapie non plus quotidienne, mais mensuelle ou même trimestrielle ; administration d’hormones au partenaire masculin ; enfin pilule dite « du lendemain ».

Ph. C.

La législation française

À l’heure actuelle, la fécondité naturelle n’est plus acceptée que dans les pays à faible démographie ; cependant, même les législations qui admettent l’avortement* ne l’autorisent qu’avec réticence. C’est pourquoi se sont développées toute une pratique et une législation dites « de contrôle des naissances » ou « de planning familial ».

Jusqu’à une époque récente, aucun texte ne prévoyait en France l’emploi de méthodes contraceptives, ni pour les recommander, ni pour les autoriser, ni pour les interdire ; toutefois, une loi du 31 juillet 1920 sanctionnant la propagande anticonceptionnelle était interprétée comme interdisant pratiquement la mise en vente des objets propres à prévenir la grossesse.

L’abrogation par la loi du 28 décembre 1967 des articles L. 648 et 649 du Code de la santé publique a eu pour conséquence d’autoriser la vente des produits anticonceptionnels et même, dans les conditions fixées par un décret du 3 février 1969, la fabrication ou l’importation de contraceptifs.

Jusqu’en 1974, la vente des produits, médicaments et objets contraceptifs — subordonnée à une autorisation ministérielle de mise sur le marché — était exclusivement effectuée en pharmacie, certains d’entre eux, figurant sur un tableau spécial, ne pouvant être délivrés que sur présentation d’une ordonnance ou d’un certificat médical de non-contre-indication. L’ordonnance devait être nominative. Elle était remise par le médecin à la consultante elle-même et accompagnée d’un bon tiré d’un carnet à souches. La loi du 4 décembre 1974 a modifié la loi du 28 décembre 1967 en libéralisant profondément la vente des produits contraceptifs. Les dispositions de la loi de 1967 concernant l’autorisation de mise sur le marché des contraceptifs par le ministère de la Santé et l’obligation d’une ordonnance médicale sont maintenues. En revanche sont supprimées l’obligation du caractère nominatif de l’ordonnance et l’utilisation du carnet à souches ainsi que les limites, dans le temps et en quantité, de l’utilisation des produits contraceptifs. Les restrictions concernant les mineures sont abolies, et l’accord des parents n’est plus nécessaire à quelque âge que ce soit.