Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

constructions rurales (suite)

Le logement des agriculteurs

Il est indéniable que, sur un plan général, l’habitation des agriculteurs est un facteur important de maintien des jeunes ruraux sur les exploitations. Mais encore faut-il que ces logements répondent à un certain nombre de critères spécifiques à l’activité agricole.

Au cours de la dernière décennie, divers organismes tant internationaux que français ont défini un certain nombre de données fonctionnelles qui ont recoupé par la suite les désirs exprimés par les agriculteurs lors de la création des fermes pilotes par les services d’Électricité de France en collaboration avec ceux du ministère de l’Agriculture. Des plans étudiés par des organismes spécialisés de différents pays montrent bien que les conceptions générales sont identiques, répondant à des préoccupations communes liées à l’activité propre des agriculteurs. On y constate une tendance à souhaiter des surfaces importantes, le besoin de disposer d’une vaste cuisine, le désir de pièces de séjour conçues pour recevoir sans difficulté le personnel de l’exploitation. Mais on y remarque surtout la présence d’une « pièce d’utilité », entrée secondaire indispensable où les bottes sont lavées et rangées et où il est possible de changer éventuellement ses vêtements.

En ce qui concerne les éléments de confort, l’abandon du feu dans l’âtre au profit de formules modernes de chauffage (chauffage central à eau chaude, à air chaud et parfois à l’électricité) est maintenant un fait acquis. La généralisation de l’eau sur l’évier, la présence d’une pièce d’eau ou d’une salle de bains caractérisent les maisons modernes d’habitation des agriculteurs.


Les bâtiments d’exploitation

La production animale a conservé pendant des siècles un caractère artisanal marqué. Sous la poussée économique et grâce aux progrès techniques, elle connaît maintenant de profonds changements, et les unités futures tant en ce qui concerne leur gestion que leurs équipements techniques seront certainement assez différentes de celles que nous connaissons actuellement.

Dans tous les pays à niveau de vie élevé, l’évolution générale suit le même cheminement. En Europe, après une période de disette qui suit les bouleversements intervenus entre 1939 et 1945, il faut produire à tout prix. Ensuite, vers les années 60, les besoins de la consommation étant à peu près satisfaits, la nécessité de produire à bas prix, alors que la main-d’œuvre agricole migre vers les cités, ouvre une ère nouvelle où le souci de la productivité oriente les producteurs vers des unités dans lesquelles les équipements en matériel prennent une part de plus en plus importante. Les investissements corrélatifs posent, et souvent de façon brutale, le problème de la rentabilité. On assiste alors à une recherche portant sur les économies d’échelle, d’où résultent une augmentation de la taille des unités de production et une spécialisation de ces productions.


Les étables laitières

L’évolution découlant des considérations précédemment exposées est sensible en production laitière. Ne seront évoquées que pour mémoire les unités, que l’on pourrait qualifier d’unités types, correspondant aux différents stades de l’évolution, en n’oubliant pas qu’il ne s’agit pas de moyennes, mais de modèles correspondant à divers stades d’un cheminement dont les étapes pratiques ne sont pas nécessairement respectées.

• L’étable à 1 homme et 50 à 70 vaches laitières. Elle se situe généralement au niveau de l’exploitation « familiale » et répond aux caractéristiques suivantes : une grande productivité du travail et des investissements peu élevés (la stabulation libre se prête bien au respect de ces diverses contraintes) ; le moins d’équipements mécanisés possible.

À ce niveau, l’étable est caractérisée par la simplification de tous les services et la recherche d’un logement économique. L’alimentation est généralement constituée par de l’ensilage de maïs et d’herbe ainsi que du foin, l’ensemble des produits étant laissé à la libre disposition des animaux, en libre-service. L’ensilage est généralement stocké en silo-couloir, équipement actuellement le plus économique pour des troupeaux dont l’effectif est inférieur à une centaine d’animaux.

Le bâtiment, constitué par un simple hangar fermé le plus souvent sur trois côtés lorsqu’il y a utilisation de litière, sert à abriter l’aire de couchage et plus rarement l’aire d’alimentation. Les circulations nécessaires pour accéder à l’auge ou à la salle de traite comportent un sol généralement en béton, nettoyé à l’aide d’un tracteur équipé d’une lame racleuse à la manière d’un petit bulldozer, ou avec des racleurs mus mécaniquement.

Dans ce type d’étable, on doit disposer de 50 heures de travail par vache et par an, y compris le soin aux veaux et aux génisses destinés au remplacement des animaux réformés. Cela représente donc un troupeau d’une cinquantaine d’animaux en production et d’une vingtaine de génisses ou d’une soixantaine de vaches laitières. Cette formule implique que les congés hebdomadaires et annuels soient assurés par un aide, car on doit disposer annuellement de 3 000 heures de travail environ.

• L’étable à 3 hommes et 180 vaches laitières. L’étable à une unité de travail est très vulnérable, car elle dépend pratiquement de la disponibilité d’une seule personne. Si la formule demeure encore possible lorsque le troupeau est conduit par l’exploitant lui-même ou par un groupement de petits exploitants, elle devient difficile avec l’utilisation d’une main-d’œuvre salariée. Dès lors, pour un emploi correct de la main-d’œuvre et en assurant les congés, on est conduit vers des unités de 180 à 200 vaches environ, gérées par 3 hommes.

Du point de vue technique, ce modèle se différencie du précédent. En effet, la taille du troupeau implique des développements de constructions importantes et conduit, pour assurer les services, à des surfaces de circulation supérieures à celles qui seraient strictement nécessaires, ce qui renchérit le coût des installations. La solution du libre-service est en général abandonnée au profit d’une distribution mécanisée de l’alimentation. Le stockage des aliments ne se fait pas nécessairement en silos-couloirs, dont le désilage mécanique pose actuellement des problèmes. En outre, la stabulation permanente devient le plus souvent la règle, ce qui peut doubler les capacités des stockages.