Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

constipation

Retard à l’évacuation du contenu intestinal.


Cette définition permet de recouvrir des faits assez disparates. Un transit normal de la bouche à l’anus se fait en moyenne en 24 à 36 heures. Le passage dans l’intestin grêle ne dure que de 4 à 8 heures, et il parvient au côlon environ 800 ml de liquide par jour. Pendant les 20 ou 30 heures restantes, ce chyme va subir dans le côlon une résorption importante d’eau et de sel, une digestion complémentaire de certains hydrates de carbone par la flore microbienne et l’adjonction de la sécrétion de mucus et de sels de potassium provenant des glandes coliques. La selle définitive sera donc moulée, consistante sans être dure ni pâteuse, et le poids quotidien varie de 120 à 130 g.


Symptômes

La constipation est évidente si un sujet n’émet de selles que tous les trois ou quatre jours, parfois plus rarement encore. Un transit fait d’une selle normale tous les deux jours est à la limite de la constipation. Inversement, certains sujets se disent constipés alors même qu’ils vont à la selle chaque jour, mais n’émettent, selon eux, qu’une quantité insuffisante de selles. Cette appréciation subjective est insuffisante à elle seule pour authentifier une constipation. Par contre, des selles quotidiennes mais dures, compactes, émises avec difficulté et parfois comparées à des billes ou à des « crottes de bique » sont souvent le témoin d’une constipation. Parfois, enfin, celle-ci entraîne une hypersécrétion du côlon, qu’elle irrite, responsable de selles liquides qui pourraient évoquer la diarrhée. En réalité, il s’agit d’une dilution contenant des fragments de selles dures : c’est donc une fausse diarrhée masquant la constipation.


Mécanismes

Deux éventualités sont possibles :
— a) Le temps de séjour est accru dans l’ensemble du côlon ; cela peut se voir en cas de côlon trop long (dolichocôlon) ou par ralentissement global du péristaltisme ;
— b) Le transit est normal dans le côlon, mais le temps de séjour est accru dans le rectosigmoïde. La selle, parvenue normale dans cette dernière portion du tube digestif, y subit un dessèchement terminal par réabsorption exagérée de l’eau. Dans les cas extrêmes, l’accumulation de matières desséchées conduit à la formation d’un bloc pierreux, ou « fécalome », qu’il est parfois difficile d’extraire par les voies naturelles.

Le laboratoire permet, par la reconnaissance des constituants de la selle, de préciser le mécanisme en cause. D’abord, la constipation est confirmée par un résidu sec supérieur à 22 g pour 100 g de selles fraîches. Ensuite, une selle globalement ralentie sera « surdigérée », c’est-à-dire qu’elle ne contiendra plus, ou à peine, de constituants hydrocarbonés et que la flore qui les a digérés aura été elle-même détruite par un séjour prolongé dans le côlon gauche. Au contraire, une selle ayant subi un dessèchement uniquement recto-sigmoïdien contiendra encore des résidus cellulosiques. Enfin, en cas de fausse diarrhée, le poids sec faible (< 22 g/100) par dilution colique contraste avec le caractère bien digéré (ou même surdigéré) des constituants de la selle.


Causes

1o Certaines lésions coliques peuvent ralentir le transit, notamment un cancer sténosant du côlon, mais aussi les lésions de l’anus, surtout lorsqu’elles sont douloureuses (fissure, fistule) avec une contracture réflexe du sphincter.
2o Les côlons trop longs (dolichocôlons) ou de trop grand calibre (mégacôlons) s’accompagnent souvent de constipation.
3o Certaines affections générales sont sources de constipation : l’insuffisance thyroïdienne, certaines affections du système nerveux central (on en rapproche la morphinomanie). Enfin, la plupart des constipations sont dites « fonctionnelles », c’est-à-dire qu’elles ne relèvent d’aucune anomalie lésionnelle. Elles correspondent parfois à un ralentissement global du transit (séquelles de colites infectieuses ou parasitaires), plus souvent et surtout chez la femme à une dyschésie rectale, c’est-à-dire une perte du réflexe d’exonération entraînant une accumulation de selles dans le rectum, qui est normalement vide dans l’intervalle des défécations.


Traitements

Il faut d’abord s’attacher à reconnaître une cause organique possible qui réclamerait un traitement spécifique, parfois chirurgical.

En cas de constipation fonctionnelle, il faut proscrire les laxatifs irritants, qui lèsent la muqueuse et sont responsables de graves perturbations électrolytiques, et éviter les suppositoires de façon habituelle. Par contre, on pourra jouer sur le régime alimentaire en assurant un lest suffisant, favoriser l’exercice musculaire et notamment la marche, se présenter à la garde-robe à heure régulière, utiliser les mucilages, les extraits d’algues, des gommes, les sels de bismuth à dose suffisante, l’huile de paraffine. Des médicaments tensio-actifs permettent d’éviter le dessèchement des selles.

J. C. L. P.

 M. Chiray et R. Stieffel, la Constipation (Expansion scientifique française, 1950). / R. Cattan, Comment traiter la constipation (Flammarion, 1953). / A. Lambling et Y. Soullard, les Constipations et leur traitement (Doin, 1956).

constituante (Assemblée nationale)

Assemblée qui fut constituée le 9 juillet 1789 et se sépara le 30 septembre 1791.


Elle est issue des États généraux de 1789, dont l’histoire et l’activité sont analysées ici.


Les faits

Pour la plupart, les historiens les ordonnent en trois périodes.

• Du 5 mai aux journées d’octobre 1789, des États généraux transformés en Assemblée constituante à la révolution populaire, un nouvel ordre politique et social surgit.

• D’octobre 1789 à juin 1791, c’est l’époque de la conciliation tentée entre l’ancien et le nouveau régime ; une fête la résume, celle de la Fédération.

• De juin à septembre 1791, l’événement essentiel est la fuite du roi, qui témoigne d’une France contre-révolutionnaire et de l’application difficile de la nouvelle Constitution.