Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Constantinople (suite)

Car, en même temps qu’ils renouvelaient les méthodes de construction, par un emploi nouveau des arches et des voûtes de brique, les architectes du vie s. ont créé pour le décor architectural des formes nouvelles : sur les chapiteaux comme sur les plates-bandes ou les frises, les acanthes et les autres motifs sont traités à plat — de façon à produire l’effet d’une dentelle blanche appliquée sur un fond d’ombre. Les chapiteaux de marbre, en particulier, ont été exportés jusqu’à Ravenne et imités dans l’ensemble du monde byzantin.

Beaucoup de mosquées de Constantinople sont d’anciennes églises qui datent non plus du vie s., mais surtout des xe, xie et xiie s. — sous les Macédoniens et les Comnènes. Nombre d’entre elles ont été restaurées ou reconstruites, après des incendies ou des destructions. Mais elles ont gardé ou retrouvé leur forme byzantine : les coupoles, qui n’ont plus les dimensions de celles de Sainte-Sophie, sont contre-butées le plus souvent par quatre voûtes en berceau formant une croix, inscrite dans un carré grâce à quatre salles d’angle. Il s’ajoute une abside et, devant la façade opposée, un narthex : c’est le cas à Atik Mustafa Paşa Camii (Saints-Pierre-et-Marc [?]), très régulière, à Saint-Jean-Baptiste-in-Trullo ou à Kalender Camii (Mêre-de-Dieu-Kyriotissa). D’autres, comme Kilise Camii (peut-être Saint-Théodore) ou Bodrum Camii (ancien monastère du Myrelaion), un peu plus tardives, voient se combiner en une seule salle le carré central et les pièces d’angle, grâce à un amenuisement des piliers. D’autres, comme Gül Camii (Sainte-Théodosie), ont des plans plus complexes, avec des tribunes au-dessus des bras de la croix inscrite. L’église de la Vierge-Pammakaristos (Fethiye Camii), de la fin du xiiie s., celle du Pantocrator (Mollazeyrek Camii), la Fenarî Isa Camii (ancien monastère de Constantin Lips) sont encore à citer. Les coupoles — associées aux minarets turcs — donnent son caractère propre au paysage urbain de la ville.

Parmi les autres constructions byzantines, il faut signaler les nombreuses citernes, dont la plus célèbre est Binbirdirek (les mille et une colonnes). Attribuée à Constantin, elle mesure 64 m sur 56 m. Ce n’est pas la plus grande : la citerne de Yerebatan sarayı a 140 m sur 70 m.

Il ne reste rien du Palais sacré, ni des autres palais impériaux que les textes nous font connaître — Boukoleon, Porphyra, immédiatement voisins, et ailleurs, en ville, palais d’Alexis Comnène, de Manuel Comnène, de Bonus, etc. Accolé à l’enceinte vers son angle nord-ouest, au bord de la Corne d’Or, se trouvent les restes d’un palais — Tekfursarayı, dit « de Constantin Porphyrogénète » —, partie sans doute du palais des Blachernes, construit par Anastase Ier vers 500, mais évidemment refait au xiiie s. lorsqu’il devint la résidence habituelle des empereurs Paléologues.

C’est près de ce palais que se trouve Saint-Sauveur-in-Chora (Kahriye Camii), la seule église de Constantinople qui ait conservé son décor. Édifiée au vie s., elle fut restaurée vers le milieu du xie s., mais ses mosaïques et ses peintures sont du début du xive s. Il y a là un magnifique développement de l’iconographie byzantine, dont les cycles habituels sont enrichis d’illustrations d’hymnes liturgiques récentes. L’animation des scènes où se multiplient les personnages secondaires, l’éclat des couleurs, la traduction très vive des émotions confèrent à l’ensemble une vie extraordinaire : il ne reste rien de cette raideur qu’on prête souvent, à tort, à l’ensemble de la peinture byzantine. La chapelle funéraire de la Fethiye Camii a aussi gardé un revêtement intérieur complet, qui en fait un coffret de mosaïques et de marbre.

J. L.

constellation

Groupement quelque peu arbitraire des étoiles permettant de fixer la topographie et la toponymie de la carte du Ciel.


La division en constellations remonte à la plus haute antiquité, et les noms des étoiles les plus brillantes qu’elles comportent sont des noms de héros ou d’animaux, exprimés souvent dans une langue très ancienne. La plupart de ceux qui ont été conservés sont d’origine arabe. Le nombre de constellations considéré de nos jours est de 88. Chaque étoile du Ciel est désignée par une lettre (grecque ou latine) et par le nom latin de la constellation dans laquelle elle est située (au génitif). Ainsi, on dira : α Ursae Majoris, ε Cancri, etc.

Les étoiles les plus brillantes sont représentées dans l’ordre des éclats décroissants par les lettres grecques α, β, γ, δ, ε, ..., auxquelles font suite les lettres latines, majuscules d’abord, puis minuscules. Les étoiles les moins brillantes sont désignées par un numéro, attribué en principe au moment de leur découverte ou de leur insertion dans un catalogue déterminé. Les règles ci-dessus peuvent présenter quelques exceptions. C’est ainsi que les sept étoiles de la Grande Ourse sont désignées par α, β, γ, δ, ε, ζ et η, alors qu’elles sont toutes de deuxième magnitude, à l’exception de δ, qui n’est que de troisième. Les figures de ces constellations peuvent se déformer au cours des siècles, parce que les mouvements propres des étoiles qui les constituent ne sont pas identiques entre eux. Il en est de même des magnitudes ou, en tout cas, des estimations qui en ont été faites.


Délimitation des constellations

Au cours de ses assemblées générales de Cambridge (1925) et de Leyde (1928), l’Union astronomique internationale a mis au point une délimitation précise des constellations par des arcs de méridiens et de parallèles. Le problème était complexe, car il s’agissait avant tout d’épouser autant que possible le tracé des principaux atlas préexistants, de façon à éviter de faire changer d’appellation toute étoile ayant quelque importance, soit par son éclat, soit par quelque particularité (les étoiles variables notamment). De ce fait, le tracé des constellations présente, en général, une certaine complexité.

P. T.

➙ Astronomie / Étoile.

 E. Delporte, Délimitation scientifique des constellations (Cambridge, 1930). / R. Sagot et J. Texereau, Revue des constellations (Soc. astronomique de France, 1964).