commerce international (suite)
Inéluctable, une concentration s’opère au détriment des détaillants : par l’apparition de grands magasins (en France sous le second Empire) ; par la création, au début du xxe s., de magasins à succursales multiples, qui, à partir d’entrepôts centraux, approvisionnent de nombreux points de vente ; par l’aménagement de magasins dits « à prix unique » ou « magasins populaires », qui essaient de diminuer le pourcentage de frais généraux en accélérant davantage encore la rotation des stocks.
Les coopératives de consommation, qui ont voulu distribuer (« ristourner ») le trop-perçu entre leurs membres au prorata des achats faits par chacun, ont elles-mêmes dû se concentrer et imiter les techniques commerciales de leurs concurrents.
Nouvelles techniques commerciales
Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe occidentale s’est ouverte avec prudence à des formules souvent inventées aux États-Unis : le libre-service, plus répandu dans le commerce concentré que chez le petit détaillant ; le supermarché, magasin à grande superficie pratiquant le libre-service et desservant surtout les besoins alimentaires ; le centre commercial qui, autour d’un centre principal (vendant des vêtements et des biens d’équipement), aménage plusieurs centres secondaires surtout destinés à l’alimentation ; la distribution automatique ; la vente par correspondance.
Commerce et politique
La vie commerciale reste subordonnée à des impératifs politiques. Ce sont des raisons politiques qui ont empêché le monde d’après 1945 de s’organiser en une seule unité commerciale et qui ont restreint l’importance pratique de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (General Agreement on Tariffs and Trade, GATT [1947]). Ce sont encore des raisons politiques qui ont amené l’Allemagne fédérale, la France, l’Italie et les trois États du Benelux à constituer en 1951 la Communauté européenne du charbon et de l’acier (C. E. C. A.), puis en 1957 une Communauté économique européenne, à laquelle la Grande-Bretagne, pour des raisons politiques, a opposé en 1959 l’Association européenne de libre-échange (Grande-Bretagne, Norvège, Suède, Danemark, Portugal, Autriche et Suisse) [v. Europe]. Quant au Conseil économique d’aide mutuelle, constitué par l’U. R. S. S. et plus connu sous le nom de Comecon*, il s’est formé dès 1949 pour répondre au plan Marshall et s’est organisé, en 1962, en face du Marché commun et de l’Association européenne de libre-échange. Les impératifs commerciaux triompheront-ils des survivances historiques ? On peut le penser quand on voit la Grande-Bretagne renoncer à animer l’Association européenne de libre-échange, demander et obtenir son adhésion à la C. E. E. Tout se passe comme si, pour un nombre de plus en plus grand d’hommes d’État et d’économistes, la concurrence commerciale apparaissait comme le plus sûr moteur de l’expansion. Mais, au lieu de jouer à travers toute la planète, cette concurrence s’organise, provisoirement au moins, dans des ensembles supranationaux.
G. L.