Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

commerce international (suite)

Inéluctable, une concentration s’opère au détriment des détaillants : par l’apparition de grands magasins (en France sous le second Empire) ; par la création, au début du xxe s., de magasins à succursales multiples, qui, à partir d’entrepôts centraux, approvisionnent de nombreux points de vente ; par l’aménagement de magasins dits « à prix unique » ou « magasins populaires », qui essaient de diminuer le pourcentage de frais généraux en accélérant davantage encore la rotation des stocks.

Les coopératives de consommation, qui ont voulu distribuer (« ristourner ») le trop-perçu entre leurs membres au prorata des achats faits par chacun, ont elles-mêmes dû se concentrer et imiter les techniques commerciales de leurs concurrents.


Nouvelles techniques commerciales

Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe occidentale s’est ouverte avec prudence à des formules souvent inventées aux États-Unis : le libre-service, plus répandu dans le commerce concentré que chez le petit détaillant ; le supermarché, magasin à grande superficie pratiquant le libre-service et desservant surtout les besoins alimentaires ; le centre commercial qui, autour d’un centre principal (vendant des vêtements et des biens d’équipement), aménage plusieurs centres secondaires surtout destinés à l’alimentation ; la distribution automatique ; la vente par correspondance.


Commerce et politique

La vie commerciale reste subordonnée à des impératifs politiques. Ce sont des raisons politiques qui ont empêché le monde d’après 1945 de s’organiser en une seule unité commerciale et qui ont restreint l’importance pratique de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (General Agreement on Tariffs and Trade, GATT [1947]). Ce sont encore des raisons politiques qui ont amené l’Allemagne fédérale, la France, l’Italie et les trois États du Benelux à constituer en 1951 la Communauté européenne du charbon et de l’acier (C. E. C. A.), puis en 1957 une Communauté économique européenne, à laquelle la Grande-Bretagne, pour des raisons politiques, a opposé en 1959 l’Association européenne de libre-échange (Grande-Bretagne, Norvège, Suède, Danemark, Portugal, Autriche et Suisse) [v. Europe]. Quant au Conseil économique d’aide mutuelle, constitué par l’U. R. S. S. et plus connu sous le nom de Comecon*, il s’est formé dès 1949 pour répondre au plan Marshall et s’est organisé, en 1962, en face du Marché commun et de l’Association européenne de libre-échange. Les impératifs commerciaux triompheront-ils des survivances historiques ? On peut le penser quand on voit la Grande-Bretagne renoncer à animer l’Association européenne de libre-échange, demander et obtenir son adhésion à la C. E. E. Tout se passe comme si, pour un nombre de plus en plus grand d’hommes d’État et d’économistes, la concurrence commerciale apparaissait comme le plus sûr moteur de l’expansion. Mais, au lieu de jouer à travers toute la planète, cette concurrence s’organise, provisoirement au moins, dans des ensembles supranationaux.

G. L.

Commode

(Lanuvium 161 - Rome 192), empereur romain de 180 à 192 apr. J.-C.


Lucius Marcus Aurelius Commodus Antoninus est le fils de l’impératrice Faustine et de Marc Aurèle. La disparition de sa mère, alors qu’il n’a que quatorze ans, accentue chez Commode un tempérament difficile et augmente l’isolement intellectuel où le pousse une timidité certaine. Bien qu’il ait reçu une éducation soignée de la part de maîtres choisis, bien que Marc Aurèle l’ait associé très tôt à son pouvoir (puissance tribunicienne en 176, consul en 177 et 179, Auguste en 177), c’est un jeune homme inexpérimenté qui est placé à la tête du monde romain le 17 mars 180 ; il est le plus jeune empereur depuis Néron.

Les membres de l’entourage de l’empereur défunt pensent pouvoir jouer auprès de Commode les tuteurs bienveillants. Mais, après avoir célébré l’apothéose de son père et ordonné l’achèvement de la colonne aurélienne, le jeune empereur affirme très vite sa volonté d’être le maître et de rompre avec les traditions paternelles.

Par un premier acte d’indépendance, il met fin aux campagnes militaires entreprises depuis plusieurs années pour contenir les Barbares sur le Danube ; il est vrai que les Quades et les Marcomans ont été durement ébranlés. Les traités signés marquent un retour à la politique défensive ; avec opportunité, Commode fait renforcer le limes par la construction de forts, le développement des camps déjà existants, le regroupement des garnisons et, peut-être, le peuplement de certaines régions proches des frontières. Ces précautions n’empêchent pas quelques conflits locaux, qui sont résolus par d’excellents gouverneurs tels que Pertinax en Afrique et C. Pescennius Niger, adversaire des Daces et des bandes du déserteur Maternus en Gaule.

Si Commode décide lui-même de l’apaisement extérieur, il laisse la direction des affaires intérieures à ses favoris, se contentant d’éliminer brutalement ceux qui montrent trop leur puissance ou que leur impopularité rend dangereux pour lui-même. Son règne est marqué par une suite de complots ou pseudo-complots, grâce auxquels il assouvit ses haines à l’égard de ceux, sénateurs ou chevaliers, qui n’approuvent pas ses actes.

Il laisse d’abord une grande partie du pouvoir à l’un de ses chambellans, Perennis, dont il fait un préfet du prétoire. Dès 182, il réprime une première conspiration, dirigée par sa sœur Lucilla ; il en profite pour se débarrasser de sa femme, Crispine, qu’il exile avant de la faire exécuter avec de nombreux « conjurés ». En 185, Commode abandonne Perennis, qu’il fait mettre à mort.

Tout le pouvoir passe alors à un affranchi, le secrétaire particulier de Commode, M. Aurelius Cleander, un ambitieux qui a su se rendre indispensable et qui devient préfet du prétoire. Mais, en 189, une émeute plébéienne déclenchée par les débuts d’une disette dans Rome et certainement appuyée par des éléments sénatoriaux provoque la chute de Cleander, que Commode se garde de soutenir dans l’impopularité.