Ensemble des pays unis par une commune allégeance à la couronne britannique ou par la reconnaissance du souverain de Grande-Bretagne comme chef du Commonwealth.
Si l’on excepte l’Organisation des Nations unies, le Commonwealth est la plus vaste entité politique du monde et même de l’histoire. À son apogée en 1945, il s’étendait sur le quart des terres émergées et abritait le quart de l’humanité. Il était alors 150 fois plus étendu et 13 fois plus peuplé que son fondateur, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. En 1970, malgré quelques défections, il a encore une étendue de 36 millions de kilomètres carrés et compte plus de 800 millions d’habitants. Le soleil ne se couche jamais sur lui.
Le Commonwealth résulte d’une transformation lente et progressive de l’ancien Empire* britannique au bénéfice des peuples qu’il avait soumis. Sous les pressions conjuguées de l’éthique protestante de liberté, des idéologies modernes hostiles au capitalisme, des luttes menées par les peuples d’outre-mer contre la sujétion coloniale, le gouvernement du Royaume-Uni, bon gré mal gré, mais en général de façon pacifique, dut reconnaître l’indépendance des jeunes États issus de l’Empire. Celui-ci, du même coup, se muait en une association de peuples indépendants, en une communauté britannique de nations (British Commonwealth of Nations). Le général J. C. Smuts lança cette expression en 1917, et elle apparaît pour la première fois dans un texte officiel en 1921. L’unique définition officielle du Commonwealth, aujourd’hui dépassée, se trouve dans le statut de Westminster de 1931 : « La Grande-Bretagne et les dominions sont au sein de l’Empire des collectivités autonomes de statut égal. Elles ne sont en aucune manière subordonnées les unes aux autres, mais sont unies par une commune allégeance à la même couronne et associées librement comme membres de la Communauté britannique de nations. » Le Parlement de Londres renonçait au droit de légiférer pour les dominions ; les gouverneurs généraux britanniques perdaient leur droit de veto sur les décisions des gouvernements des dominions, et ceux-ci recevaient une totale discrétion en matière de politique extérieure (droit de déclarer la guerre, de signer la paix, de négocier des traités, d’avoir une représentation diplomatique séparée, etc.). Depuis 1946, le mot empire a disparu de la terminologie officielle ; l’épithète, dans l’expression communauté britannique, est tombée en désuétude, de même que le mot dominion, qui servait à désigner les sept premiers États ayant accédé à l’indépendance.
Quatre États seulement, composés d’une majorité de sujets d’origine britannique (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) ou d’une forte minorité blanche (Union sud-africaine), devinrent des dominions avant 1914, et aucun entre les deux guerres mondiales. Mais le mouvement d’accession à l’indépendance s’est accéléré depuis 1945, d’abord au profit des trois États issus de la décomposition de l’ancien empire des Indes (Inde, Pākistān, Ceylan), puis des anciennes colonies d’Asie, d’Afrique et des Caraïbes. En 1970, le Commonwealth se compose de trente-deux États indépendants, de taille et de population fort inégales. Un petit nombre d’autres (Belize) s’ajouteront sans doute à la liste. Les dernières colonies et dépendances hésitent pour des raisons stratégiques (Gibraltar, Hongkong) ou faute de ressources suffisantes (les petits archipels du Pacifique et de l’océan Indien) à réclamer l’indépendance à leur tour.
Le processus de décolonisation presque achevé, le Commonwealth fait figure d’une organisation très lâche, très souple, où les structures juridiques ont moins d’importance que le souvenir d’une histoire commune et les liens d’ordre scolaire, affectif, commercial et financier. C’est un club dont le souverain du Royaume-Uni serait le chef symbolique, une amicale de nations de toutes races, de toutes religions, situées à tous les niveaux de développement, une institution unique, œuvre d’un idéalisme pratique.
L’adhésion des ex-colonies au Commonwealth étant volontaire, le droit de retrait va de soi. Quelques États en ont déjà usé : la Birmanie en 1948, l’Irlande et le Soudan en 1949, la Somalie, le Koweït et l’Afrique du Sud en 1961 et, en fait, la Rhodésie en 1965 et Aden en 1967. Le Pākistān* (occidental) s’est retiré en 1972, après la sécession du Bangla Desh (demeuré dans le Commonwealth). Plusieurs sont néanmoins restés fidèles à la zone sterling.