Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

commerce international (suite)

La crise mondiale des années 1930 a eu sur le commerce international des effets catastrophiques : en compromettant le système des paiements internationaux, elle a conduit à la rupture économique de l’univers. Les coupures se sont faites le long des vieilles divisions en faisceaux de dominations ; les zones monétaires donnaient une image très expressive de ces articulations nées du xixe s., et les échanges de type moderne ont été sacrifiés.

La politique internationale, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a été assez éclairée pour que l’on s’attaque à certains des problèmes fondamentaux : en provoquant un désarmement douanier au moins partiel, en créant les moyens de paiement nécessaires à la remise en route de l’économie internationale, les négociateurs des accords de Bretton Woods, de la charte de La Havane ou du GATT ont permis d’éliminer certains des traits les plus fâcheux hérités du xixe s. et de la grande crise. Ils ont rendu possible le prodigieux développement des relations entre les pays avancés, favorisé l’apparition des unions régionales et marchés communs, qui doivent faciliter la multiplication des spécialisations fécondes dans les économies diversifiées.

Ce qui a été négligé, par contre, c’est le problème de l’échange inégal. La détérioration de la situation relative du tiers monde traduit cette lacune de l’action internationale. La régularisation des cours sur les marchés des matières premières, la multiplication des courants de capitaux à destination des pays du tiers monde sont certainement nécessaires si l’on veut offrir à tous des possibilités d’épanouissement. Le tiers monde a souffert de la baisse au moins relative des cours de nombre de matières premières agricoles et industrielles qu’il produit, devant acquérir en contrepartie des quantités croissantes d’articles manufacturés à des prix souvent en hausse sensible. La balance commerciale s’est ainsi généralement dégradée. Il serait cependant injuste de rendre responsable le système des échanges actuels de tous les maux dont souffrent les nations moins favorisées. Le succès, timide mais réel, de certaines formules d’association, en Amérique latine en particulier, montre que les recettes éprouvées dans le monde développé peuvent être efficaces ailleurs. L’analyse même des économies retardées indique que leurs faiblesses résultent au moins autant de tares sociales internes que d’effets de dominations extérieures.

P.C.

➙ Échanges internationaux.

 G. Glotz, le Travail dans la Grèce antique (Alcan, 1920). / G. Lefranc, Histoire du commerce (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1942 ; 6e éd., 1972). / F. Braudel, la Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II (A. Colin, 1949). / Y. Renouard, les Hommes d’affaires italiens du Moyen Âge (A. Colin, 1949 ; nouv. éd., 1968). / J. Lacour-Gayet, Histoire du commerce (Spid, 1950-1955 ; 6 vol.). / A. Sapori, le Marchand italien du Moyen Âge (A. Colin, 1952). / J. Le Goff, Marchands et banquiers du Moyen Âge (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1956 ; 5e éd., 1972). / M. Byé, les Relations économiques internationales (Dalloz, 1958 ; nouv. éd., 1965). / E. Lépidi, le Commerce, aujourd’hui et demain (P. Q. P., 1962). / R. Schnerb, Libre-échange et protectionnisme (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1963). / F. Dollinger, la Hanse, xiie-xviie siècles (Aubier, 1964). / G. Marcy, Économie internationale (P. U. F., 1965). / J. W. F. Rowe, Primary Commodities in International Trade (Cambridge, 1965). / J. Lhuillier, les Relations économiques internationales (Cours de droit, 1966 ; 3 vol.). / R. S. Thoman et E. C. Conkling, Geography of International Trade (Englewood Cliffs, New Jersey, 1967). / A. Vigarié, la Circulation maritime (Génin, 1968). / A. Emmanuel, l’Échange inégal (Maspéro, 1969). / S. Amin, l’Accumulation à l’échelle mondiale (Anthropos, 1970). / F. Braudel et E. Labrousse, Histoire économique et sociale de la France, t. II : 1660-1789 (P. U. F., 1970). / P. Claval, les Relations internationales (Scodel, 1970). / J. et C. Némé, Économie européenne (P. U. F., 1970). / L. R. Nougier, l’Économie préhistorique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1970). / L. Denis et P. Vellas, Problèmes du commerce international, t. I (Dunod, 1973).


L’histoire du commerce


Les temps préhistoriques : du troc au commerce

Le commerce a précédé le commerçant : sur la base du troc, les hommes échangeaient leurs surplus. Ni l’économie individuelle de survivance des collecteurs, fondée sur la cueillette, ni l’économie tribale de subsistance des chasseurs n’ont pu donner lieu à des échanges importants. Mais, au Néolithique, l’économie villageoise de production a laissé des traces de trafic se déroulant déjà sur de grandes distances : de Tirlemont (Brabant) à la frontière actuelle des Pays-Bas, on suit le cheminement d’un grès quartzite dont on ne connaît qu’un gisement. Le silex jaune du Grand-Pressigny, en Touraine, est exporté dans le centre et l’est de la France actuelle et jusqu’en Suisse, sous la forme de lames brutes que des artisans locaux peuvent finir. Des stocks découverts, ici et là, paraissent indiquer qu’on n’est plus en présence d’un troc, mais d’un « réseau commercial ».

L’obsidienne utilisée à Chypre vient d’un volcan turc. Les Lipari et la Sicile en exportent aussi et importent, en retour, des vases qui proviennent parfois d’ateliers situés à trois cents kilomètres. Sur cinq cents haches de pierre dure découvertes dans les Vosges, 63 p. 100 proviennent de la région, 30 p. 100 des Alpes ou de la Forêt-Noire, 7 p. 100 viennent de plus loin encore. Des silex d’Irlande se retrouvent vers l’embouchure de la Severn et de la Tamise. L’ambre jaune (résine fossile) des pays baltes gagne les rives de la Méditerranée. L’étain des îles Cassitérides (côtes de l’Armorique, îles Scilly) alimente les ateliers des fabricants de bronze en Grèce et à Rome.

La prospection de gisements préhistoriques situés hors de l’Europe révélera sans doute des faits analogues dans d’autres parties du monde. Peut-être indiquera-t-elle notamment des relations commerciales à longue distance sur les côtes asiatiques du Pacifique et dans l’océan Indien. En fait, on en est réduit à des hypothèses.