Comenius (suite)
Ses idées pédagogiques
La pensée de Comenius dans ce domaine est exposée surtout dans sa Grande Didactique.
Elle est fondée sur l’idée d’une réceptivité sans limite de l’esprit humain, réceptivité au fondement de laquelle Comenius voit un parallélisme entre l’évolution spirituelle de l’homme et les lois fondamentales de la nature. L’éducation a donc pour but d’actualiser en chaque homme la loi divine de perfection, qui domine l’univers : « Notre modeste corps est enfermé dans un cercle étroit [...] ; à notre esprit on ne peut fixer de limite ni dans le ciel, ni hors du ciel [...]. Par conséquent, on peut comparer l’esprit de l’homme à une semence ou à un noyau, où la figure de la plante, bien que n’existant pas en acte, existe cependant en puissance. »
C’est sur cette hypothèse optimiste que se situe la nécessité de l’éducation universelle. L’idée de Comenius est qu’il faut adapter l’éducation à la condition humaine de chacun : « Il faut pénétrer de sagesse les princes, les magistrats [...]. Pareillement, il importe d’éclairer aussi les sujets, afin qu’ils sachent se tenir sagement dans leur état de sujets à l’égard de ceux qui les gouvernent avec sagesse ; non certes sujets de force, ou se comportant comme des ânes, mais volontairement et par amour de l’ordre. »
La méthode pédagogique proposée par Comenius repose sur la notion de la liberté de chacun : « On commet dans les écoles un péché énorme [...]. Au lieu d’enfoncer dans la tête de leurs élèves les principes fondamentaux de discipline, les maîtres y déversent une masse confuse de faits. »
Quelques principes pédagogiques de Comenius
I. Il ne faut, avec les jeunes élèves, tenter d’autres épreuves que celles qui non seulement sont à la portée de leur intelligence et de leur âge, mais aussi désirées par eux.
II. Il ne faut faire apprendre par cœur que les choses dont l’intelligence s’est complètement rendue maîtresse. Et qu’on se garde de faire réciter une leçon sans être sûr que l’élève l’a comprise.
III. Il ne faut rien donner à faire à l’élève avant de lui en avoir montré la forme et indiqué la règle qu’il doit suivre pour l’exécuter.
(Grande Didactique, chap. XVII.)
D. C.
The Teacher of Nations (Cambridge, 1942). / Jean Amos Comenius, pages choisies prés, par J. Piaget (Unesco, 1957). / H. Geissler, Comenius und die Sprache (Heidelberg, 1959). / J. Polišenský, Jan Amos Komenský (en tchèque, Prague, 1963).