Colomb (Christophe) (suite)
Le dernier voyage
Colomb doit sans doute à Vasco de Gama de voir commanditer son dernier voyage : le Portugais, après avoir trouvé la route de l’Inde par l’est, est reparti fonder des comptoirs au Deccan ; un dernier effort va être tenté pour ouvrir enfin à l’Espagne la voie occidentale, la seule qu’elle puisse espérer désormais contrôler. Avec quatre caravelles seulement, Colomb part, en mai 1502, pour le plus dramatique de ses voyages. Après avoir subi une tempête, il reçoit un affront d’Ovando, qui lui refuse l’accès du port de Saint-Domingue. Mais le découvreur voit bien que la Providence ne l’a pas abandonné lorsque dix-neuf navires du nouveau vice-roi sont coulés par une tornade : celui qui transporte la fortune de Colomb, sous séquestre, est épargné. Le beau temps venu, ce dernier atteint le 30 juillet la côte de l’actuelle Honduras ; il se croit le long de la péninsule Malaise et cherche toujours le passage vers l’Inde véritable, à travers de terribles tempêtes. Pendant l’hiver 1502-03, il doit se réfugier à la Jamaïque, avec des bateaux « percés plus qu’un rayon de miel » (25 juin 1503). Prévenu par un hardi messager parvenu en pirogue, Ovando fera attendre les secours sept mois, pendant lesquels Colomb doit faire face à la révolte d’une partie de ses compagnons et aux menaces de plus en plus graves des indigènes.
La fin de Colomb
Colomb quitte enfin Haïti le 12 septembre 1504. L’amiral survivra peu à celle qui fut son principal soutien, Isabelle. L’imagination romantique a singulièrement noirci la fin de Colomb, « vieillard, abandonné de l’univers et couché sur un lit d’indigent dans une maison d’emprunt de Séville » (Lamartine). Il n’en est rien : revenu en possession d’une partie de ses biens, le découvreur s’éteint dans une noble demeure, entouré de nombreux serviteurs. Son fils Diego sera gouverneur d’Haïti.
Jusqu’au bout, Colomb n’a pas eu conscience d’avoir ouvert la voie vers un nouveau continent ; pour lui, le « Nouveau Monde » qu’il a découvert reste une annexe, peut-être lointaine, de l’Asie : ces territoires ne sont « nouveaux » que parce qu’ils sont désormais ouverts à la propagation de la foi. Beaucoup de ses contemporains y voient plus clair et réalisent l’immensité de la tâche qui les attend. Le temps des conquistadores approche. Colomb, qui appartient déjà au passé, rumine ce qu’il considère comme son échec : il n’a trouvé ni l’or nécessaire à la croisade ni la route de l’Inde.
S. L.
C. de Lollis (sous la dir. de), La Raccolta colombiana (Gênes et Rome, 1892-1894 ; 15 vol.). / H. Vignaud, Histoire critique de la grande entreprise de Christophe Colomb (Welter, 1911). / S. E. Morison, Admiral of the Ocean Sea (Boston, 1942 ; trad. fr. Christophe Colomb, Julliard, 1958). / A. Ballesteros y Beretta, Cristobal Colón y el descubrimiento de America (Barcelone et Buenos Aires, 1945). / P. Revelli, Il Genovese (Gênes, 1950). / M. Mahn-Lot, Christophe Colomb (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1960) ; la Découverte de l’Amérique (Flammarion, 1970). / Œuvres de Christophe Colomb, présentées, traduites et annotées par A. Cioranescu (Gallimard, 1961). / C. Verlinden, Christophe Colomb (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1972).