Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cologne (suite)

En septembre 1965, les deux ponts autoroutiers de Rodenkirchen et Leverkusen, desservant Cologne, ont vu passer en moyenne par jour, entre 6 et 22 heures, un total de 60 600 voitures. Pour la même période, l’ensemble des ponts de Cologne (Mülheim, Deutz, Severinsbrücke, les deux ponts autoroutiers) a connu un trafic de 207 000 voitures ! Celui-ci s’est encore considérablement accru depuis.

La vie d’une grande métropole nécessite des moyens de transport adaptés. La longueur des lignes desservies par les transports en commun urbains dépasse 620 km. Près de 200 millions de personnes empruntent ces derniers chaque année, dont 120 millions pour les seuls tramways, qui jouent un rôle important dans les relations entre faubourgs et centre.


La fonction tertiaire

Le rôle tertiaire de la ville est plus difficile à exprimer par des chiffres. Cependant, sur un chiffre d’affaires total de 30 milliards de deutsche Mark (1968), 9,1 milliards reviennent au commerce de gros et 5,4 milliards au commerce de détail. Cologne est le siège d’un grand nombre de maisons de gros desservant toute la Rhénanie, voire la plus grande partie de la République fédérale d’Allemagne. Ce rôle découle et de l’héritage commercial et de l’industrie colonaise, qui travaille pour un marché très étendu. La vieille ville abrite le plus grand nombre de sièges de ces maisons.

Dans l’ensemble, pour les secteurs secondaire et tertiaire, la ville compte plus de 250 sociétés anonymes commerciales, 104 sociétés anonymes d’assurances, 2 520 sociétés à responsabilité limitée. Les capitaux investis représentent plusieurs milliards de deutsche Mark.

Cologne est une vieille place bancaire. Les banques Herstat, Schaaffhausen, Stein et Oppenheim ont largement contribué à financer le développement économique, industriel surtout, de la ville. Il faut ajouter à celles-ci les banques populaires, les caisses de crédit mutuel (Raiffeisen) ainsi que les caisses d’épargne. Ces dernières, pouvant disposer de tous leurs dépôts, consentent des prêts variés aux industriels, commerçants et artisans. On compte, en moyenne, un livret de caisse d’épargne par habitant, et les dépôts de la caisse d’épargne dépassent 1,5 milliard de deutsche Mark.

L’université compte plus de 20 000 étudiants. S’y ajoutent de grandes écoles (école supérieure de musique, écoles d’ingénieurs, d’administration, d’économie, de sports). La zone de recrutement dépasse largement la Rhénanie.

La vie culturelle s’exprime par le rôle des théâtres colonais. Les théâtres et l’orchestre municipaux sont fréquentés par plus d’un million de spectateurs par an. L’opéra, si prisé en Allemagne, tient la tête des manifestations théâtrales. La ville compte six musées municipaux, visités par plus d’un demi-million de personnes chaque année. À tout cela, il faudrait ajouter le rôle des associations privées et religieuses qui contribuent à animer la vie culturelle de la grande métropole rhénane.

Le rôle national et international est souligné par les nombreuses foires qui se tiennent dans la ville. Ces dernières sont spécialisées dans certains domaines et de ce fait ont un impact économique particulier (foires internationales : arts ménagers, articles pour enfants, mode masculine, quincaillerie, linge et sous-vêtements, articles de sports et de camping).

Toutes ces activités demandent des surfaces de plus en plus vastes. La vieille ville reste le centre du commerce. À l’ombre de la cathédrale se trouvent les grands magasins et les commerces spécialisés. Les petites rues, dont le tracé remonte à l’époque romaine, regorgent de visiteurs et de piétons. La Hohe Strasse, haut lieu du commerce, est réservée aux piétons, qui, en toute quiétude, peuvent flâner et faire leurs achats. Son caractère médiéval contraste fortement avec les quartiers extérieurs, expression de l’économie moderne. Cologne est une métropole dynamique où le passé culturel équilibre le devenir industriel.

F. R.

➙ Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

 H. Reiners, Die Kölner Malerschule (Munich, 1925). / F. Fremersdorf, « Cologne gallo-romaine et chrétienne » dans Mémorial d’un voyage d’études de la Société nationale des antiquaires de France en Rhénanie (Klincksieck, 1954). / A. Verbeek, Kölner Kirchen (Cologne, 1959). / W. Neuss (sous la dir. de), Geschichte des Erzbistums Köln, t. I (Cologne, 1964). / H. Rode, Köln (Berlin, 1968).


Cologne, ville d’art

La guerre a durement touché les vieux quartiers de la ville, mais elle a été l’occasion de certaines découvertes archéologiques, telle cette mosaïque romaine de Dionysos (pavement du iie s.) qui, avec un grand mausolée reconstitué et une collection de verrerie colonaise de l’époque, est l’une des principales richesses du nouveau Musée romano-germanique, sur le parvis de la cathédrale. Subsistent, parmi d’autres témoignages de la période romaine : une tour de l’enceinte primitive ; les vestiges souterrains, découverts et aménagés lors de la construction du nouvel hôtel de ville, de deux palais, impérial (Regia) et proconsulaire (Praetorium) ; sur la rive droite du Rhin, à Deutz, quelques restes de la vaste forteresse tête de pont élevée par Constantin ; à Weiden, en banlieue, un caveau funéraire avec bustes et sarcophage.

Reconstruites ou réparées après la guerre, les églises préromanes et romanes de Cologne forment un ensemble d’un intérêt exceptionnel. Les principales sont : Sankt Gereon, dont le noyau primitif est un décagone du ive s. ; Sankt Severin, bâtie au-dessus d’une nécropole paléochrétienne et franque ; Sankt Pantaleon, reconstruite à partir du xe s. (sépultures de saint Bruno et de l’impératrice Théophano) ; Sankt Maria im Kapitol, élevée au xie s. sur les substructures d’un temple romain (plan original à grande abside triconque, coupole, massif occidental à deux tours, dont le portail conserve des vantaux en bois sculpté de 1065) ; Gross Sankt Martin (xiie-xiiie s.), qui reproduit cette disposition triconque, de même que la monumentale église des Sankt Aposteln (xie-xiie s.), où apparaissent les voûtes d’ogives venues de France.

Au xiie s., la ville est célèbre en Europe pour sa production d’orfèvrerie, qu’illustrent la châsse de saint Héribert (dans l’église du même nom) et diverses pièces du musée d’art religieux Schnütgen (ancienne église Sankt Cäcilien).

À la transition romano-gothique du xiiie s. appartiennent les églises Sankt Maria in Lyskirchen (fresques) et Sankt Kunibert (vitraux). L’ancienne abbaye d’Altenberg, à 20 km au nord-est de Cologne, est une de ces fondations cisterciennes qui eurent une grande part dans la pénétration du style gothique en Allemagne.