Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cœur (suite)

Cette maladie a été magistralement décrite par Pick en 1896 sous le nom de pseudocirrhose péricardique (car elle détermine un gros foie, une ascite) ; son pronostic a été transformé par la chirurgie. Sa cause principale en est la tuberculose, souvent, du reste, méconnue. L’image radiologique est évocatrice. Elle montre le cœur entouré par de fines opacités correspondant aux calcifications. Autrefois d’évolution sévère, elle relève aujourd’hui de la chirurgie, qui consiste à enlever la coque enserrant le cœur.


Troubles du rythme

On les classe en trois groupes selon le point de départ du stimulus et selon la façon normale ou anormale dont il est conduit.

• Les dérèglements du rythme sinusal. Le rythme sinusal, qui est le rythme normal du cœur, se reconnaît sur l’électrocardiogramme à la succession régulière de l’onde P. et de l’onde Q. R. S. T. à une fréquence comprise entre 60 et 90 battements par minute chez l’adulte et à une cadence plus rapide chez le nourrisson.

Les principales anomalies du rythme sinusal sont la tachycardie et la bradycardie sinusales.
a) La tachycardie sinusale est une simple accélération du rythme habituel entre 100 et 140 par minute chez l’adulte. Au cours des maladies cardiaques organiques, la tachycardie accompagne l’insuffisance cardiaque et, en son absence, elle se voit dans les phlébites et les embolies pulmonaires. En dehors des cardiopathies organiques, on rencontre la tachycardie au cours des états fébriles et des maladies infectieuses. Enfin, chez les sujets jeunes, anxieux et surtout chez la femme, la tachycardie est fréquente et généralement peu grave.
b) La bradycardie sinusale est un ralentissement du rythme habituel inférieur à 60 par minute. Elle se voit lors de l’insuffisance de la thyroïde et lors des ictères. Chez le sportif, la bradycardie est fréquente et est due à une réaction d’adaptation à l’exercice musculaire.

Chez l’enfant, le rythme cardiaque est fonction du temps respiratoire (arythmie respiratoire) : lors de l’inspiration, le cœur s’accélère ; en expiration, il se ralentit.

• Les rythmes ectopiques. Le stimulus prend naissance en dehors du nœud sinusal (nœud de Keith et Flack). L’E. C. G. est indispensable à leur diagnostic précis.
a) Les extrasystoles représentent la variété la plus banale et la plus fréquente de rythme ectopique, et se définissent comme des contractions prématurées du cœur. Souvent sans traduction clinique, elles sont parfois ressenties sous forme de « ratés » du cœur, de « déclics ». Chez les sujets jeunes au cœur sain et notamment chez les neurotoniques, les extrasystoles ont un pronostic bénin et sont souvent favorisées par l’abus du café ou du tabac et par les troubles digestifs. On a recours à la psychothérapie, parfois complétée de sédatifs.
Par contre, chez les malades porteurs de maladies organiques du cœur, les extrasystoles n’ont pas le même pronostic de bénignité : elles peuvent faire craindre la survenue de troubles du rythme plus graves.
b) Les tachycardies paroxystiques sont des accélérations cardiaques à cadence élevée qui surviennent par accès et dont le début et la fin sont brutaux. La variété la plus courante en est la maladie de Bouveret, fréquente chez les sujets jeunes. Le cœur a environ 180 à 200 battements par minute. C’est une affection bénigne, qui ne met pas en jeu la vie du sujet. Elle est jugulée le plus souvent par un traitement médical et parfois par des manœuvres comme la compression oculaire et la tentative de vomissement.

Parmi les autres tachycardies, on décrit le flutter auriculaire (rythme régulier à 150 battements par minute) et surtout la fibrillation auriculaire : dans ce cas, le cœur bat rapidement, mais irrégulièrement (arythmie complète). On rencontre la fibrillation auriculaire surtout chez les gens âgés et souvent chez les malades porteurs de maladies valvulaires mitrales.

À l’opposé, la tachycardie ventriculaire est une affection grave, qui peut conduire à la mort par collapsus circulatoire ou par fibrillation ventriculaire (inefficacité des ventricules). On la rencontre surtout lors de l’infarctus myocardique et parfois au cours de l’intoxication à la digitale.

• Les troubles de la conduction. Le stimulus peut être ralenti ou interrompu en un point quelconque du tissu de conduction. Les troubles qui en résultent sont dénommés blocs.

Lorsque le trouble siège sur les branches du faisceau de His, il se produit un bloc de branche droit ou gauche.

Lorsque le trouble siège sur le faisceau de His proprement dit, la conduction entre l’oreillette et le ventricule est perturbée, et il en résulte un bloc auriculo-ventriculaire (B. A. V.) partiel ou complet.

Lorsque ce B. A. V. est complet, les oreillettes et les ventricules sont totalement indépendants les uns des autres.

Les oreillettes ont une cadence normale, et les ventricules ont un rythme lent. Ce « pouls lent » est responsable d’accidents nerveux comme les syncopes, surprenant inopinément le malade. L’évolution est imprévisible et peut aboutir à la mort subite, surtout si un traitement d’urgence n’est pas institué.

L’électrothérapie, c’est-à-dire l’utilisation médicale du courant électrique, a bouleversé le traitement et le pronostic de certains troubles du rythme ectopique et de la conduction cardiaque (v. plus loin).

Les médicaments du cœur

Les digitaliques

Ce sont les Digitales*, les substances qui en sont extraites et diverses plantes dont l’activité est analogue.

Les digitaliques ont en commun quatre actions sur le cœur : ils le ralentissent (action chronotrope négative), ils calment son irritabilité (action bathmotrope négative), ils augmentent le temps de conduction de l’oreillette (action dromotrope négative), ils augmentent la force des contractions (action inotrope positive). La digitaline agit lentement, mais longtemps : elle s’accumule dans le myocarde. Le lanatoside C et la digoxine ont une action plus rapide, mais moins prolongée. Les strophantines et l’ouabaïne ont une action très rapide, très forte et très brève. Les indications des digitaliques sont l’insuffisance cardiaque, d’une part, et les arythmies rapides (fibrillation auriculaire, flutter, maladie de Bouveret), d’autre part. Une surveillance clinique et électrocardiographique est nécessaire.