Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cœlentérés (suite)

Classification des Cnidaires

On subdivise généralement l’embranchement des Cnidaires en trois classes : Hydrozoaires, Scyphozoaires et Anthozoaires. Cependant, certains auteurs incluent les Scyphozoaires dans les Hydrozoaires.


Classe des Hydrozoaires

Elle rassemble des animaux marins ou d’eau douce, solitaires ou coloniaux, dont la cavité gastro-vasculaire est simple, c’est-à-dire non cloisonnée. On y range :
1o les Hydraires, qui comprennent les Hydres d’eau douce et de nombreuses formes coloniales du littoral (Tubularia, Hydractinia, Obelia, Sertularia, Aglaophenia) ; les Méduses de Craspedacusta et de Sarsia s’y rattachent ;
2o les Trachylines, chez lesquelles la phase Méduse prédomine et qui sont réparties en Trachyméduses et en Narcoméduses (Cunina, Cunoctantha) ;
3o les Hydrocoralliaires, qui vivent dans les récifs ;
4o les Siphonophores, pélagiques et coloniaux (Physalia, Velella).


Classe des Scyphozoaires (= Acalèphes)

Elle réunit les grandes Méduses, comme celles d’Aurelia, de Cyanea, de Pelagia, de Chrysaora et de Rhizostoma, ainsi que les Lucernaires, toujours fixées, et les Cuboméduses de section carrée.


Classe des Anthozoaires

Elle comprend des Cnidaires qui ne présentent que la forme Polype ; de la bouche part un pharynx qui conduit dans une cavité digestive subdivisée en loges par des cloisons radiales.

1o Les Octocoralliaires possèdent huit tentacules pennés et huit loges. Ils comprennent les Alcyonaires (Alcyonium, Tubipora, Corallium) ; les Gorgonaires (Gorgonia) et les Pennatulaires (Veretillum, Pennatula, Ptéroïdes, Virgulaires).

2o Les Hexacoralliaires ont six — ou un multiple de six — tentacules et autant de loges. On les répartit en :
— Actiniaires, solitaires et dépourvus de squelette, rassemblant les « Anémones de mer » (Actinia, Anemonia, Sagartia, Adamsia, Bunodopsis, Stoichactis, Galatheanthenum) ;
— Madréporaires, solitaires comme Fungia ou, plus souvent, coloniaux (Dendrophyllia, Astrœa, Meandrina), constituants essentiels des récifs de coraux ;
— Cérianthaires (Cerianthus) ;
— Antipathaires, coloniaux et à aspect de Gorgones (Corail noir ou épineux) ;
— Zoanthaires, qui forment de petites colonies.

On rattache aux Hexacoralliaires les Tétracoralliaires fossiles.


Importance paléontologique des Cnidaires

La présence d’un polypier calcaire a permis la conservation de nombreuses formes dès l’Archéen, ce qui montre l’ancienneté du groupe. Cependant, même des formes dépourvues de squelette ont laissé des empreintes : des moulages de cavités gastriques de Méduses sont signalés dès le Précambrien, et le calcaire jurassique de Solenhofen a livré des restes bien conservés de ces animaux.

Ce sont les formes récifales qui montrent la plus abondante variété. À l’ère primaire, les Tétracoralliaires dominent ; ce sont des animaux solitaires, à polypier conique, parmi lesquels on peut citer Cyathophyllum (du Silurien au Carbonifère) et le très curieux Calceola sandalina, muni d’un opercule semi-circulaire (Dévonien). Les Tabulés, apparentés aux Octocoralliaires, apparaissent au Silurien (Favosites). Les Hexacoralliaires datent du Secondaire ; ils ont constitué d’importants récifs au Jurassique et au Crétacé en Europe, et on a pu constater leur lent déplacement vers le sud au cours de ces périodes. Ils donnent de puissantes assises de calcaires construits, formant des corniches dans le Jura, les Alpes (faciès urgonien du Vercors) et la Provence. Les espèces qu’on y découvre sont très voisines des espèces actuelles ; cela donne à penser que les conditions écologiques qui régnaient dans ces régions étaient analogues à celles que l’on trouve maintenant dans les mers tropicales.

M. D.

➙ Actinie / Hydraires / Méduse / Siphonophores.


Corail et Coraux

Corail, Coraux, Coralliaires, coralligènes : termes dont la parenté étymologique est évidente et qui, pourtant, zoologiquement parlant, ne recouvrent pas les mêmes réalités ; une mise au point n’est peut-être pas inutile.

Au sens le plus strict, le terme de Corail s’applique à un genre d’Octocoralliaires dont l’espèce la plus connue est le Corail rouge (Corallium rubrum). On la trouve fixée aux rochers de Méditerranée, à quelques dizaines de mètres de profondeur, et elle est activement pêchée sur les côtes d’Afrique du Nord pour son polypier, apprécié en bijouterie. La colonie, en arbuscule ramifié, ne dépasse guère 25 cm de haut ; à l’état vivant, le squelette est enrobé d’une écorce molle sur laquelle se détachent les petites étoiles blanches des Polypes épanouis, avec leurs huit tentacules.

Le nom usuel de Corail bleu s’applique à un autre Octocoralliaire, Heliopora. Mais celui de Corail noir ou de Corail épineux désigne des Hexacoralliaires du groupe des Antipathaires.

Le pluriel Coraux reçoit des acceptions différentes selon les cas. Au sens le plus restreint, il est synonyme de « Madrépores » et s’applique donc à un groupe zoologique précis, voisin des Actinies, rassemblant des êtres généralement coloniaux, qui sécrètent autour d’eux un polypier calcaire. Parfois, on englobe sous ce terme tous les Anthozoaires ayant un squelette calcaire. Dans le premier cas, le Corail ne fait pas partie des Coraux, alors qu’il y est inclus dans le second cas.

L’imprécision s’accroît quand on parle de « récifs de Coraux ». Sans doute, ces formations abondent en Coraux, au sens étroit ou au sens large, mais elles rassemblent en réalité des êtres qui, s’ils ont les mêmes exigences écologiques, appartiennent à des groupes variés : une des plus extraordinaires biocénoses que l’on puisse imaginer. La température de la mer doit être supérieure à 18 °C, l’eau assez salée, très pure et bien oxygénée, et la lumière suffisante : seules les mers tropicales (entre les parallèles 30° N. et S.) satisfont à ces conditions : les récifs de Coraux sont très développés dans les océans Pacifique et Indien, le long des rivages (récifs frangeants) ou à quelque distance d’eux (récifs-barrières), ou encore sous formes d’îles circulaires (atolls). L’essentiel du récif est constitué par des Madrépores, des Octocoralliaires et des Hydrocoralliaires vivants ou, en profondeur, réduits aux polypiers ; dans sa construction, les Algues calcaires jouent un rôle important. Divers animaux fixés s’installent : Actinies, Eponges, Bryozoaires, Mollusques (Tridacne), Ascidies, tandis qu’évoluent Crustacés et Poissons multicolores.