Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Aix-la-Chapelle (suite)

Les chansons de geste célébrèrent le palais et la chapelle où était enterré le grand empereur ; les reliques que celui-ci y avait réunies attirèrent les pèlerins. Dès l’époque carolingienne, les marchands y affluèrent, pourvoyant la cour en articles de luxe, en soieries, en ivoires. La foire annuelle d’Aix, à dater de 1359, fut d’importance internationale : ses participants obtinrent des franchises du roi de France (1369). À partir de 1450, les gildes prirent part au gouvernement municipal.

Au xvie et au xviie s., Aix souffrit des guerres de Religion : les protestants y dominèrent de 1581 à 1597 et de 1608 à 1614, date à laquelle Spinola et ses troupes espagnoles les chassèrent. La ville fut dévastée par un incendie en 1656.

Les troupes de Dumouriez s’en emparèrent en 1792, et les Français l’annexèrent (1794-1814). Aix devint le chef-lieu du département de la Roer et, en 1815, fut attribuée à la Prusse.

En 1918, la ville fut occupée par les troupes franco-belges. Elle souffrit des bombardements lors de la Seconde Guerre mondiale.

Traités d’Aix-la-Chapelle

1668. Traité entre l’Espagne et la France qui met fin à la guerre de Dévolution, complète celui de Saint-Germain de la même année et assure à la France ses conquêtes effectuées en Flandre en 1667.

1748. Signature des préliminaires de paix (avr.-mai) et du traité (oct.) qui mettent fin à la guerre de la Succession d’Autriche.

1818. Congrès où les alliés acquiescent à la demande d’évacuation du territoire français. Les traités du 9 octobre règlent cette évacuation. La France est réintégrée dans le concert diplomatique européen.

R. H.


Aix-la-Chapelle, ville d’art

La structure de l’ancienne ville se retrouve aisément dans l’Aix actuelle : une cellule centrale constituée par la « Pfalz » carolingienne (palais ou plutôt complexe de résidence) et deux enceintes sensiblement concentriques, qui définissent des états successifs de la ville.


La cellule centrale

La chapelle Palatine en était l’élément principal ; consacrée en 805 par le pape Léon III, elle est devenue cathédrale en 1930. On désigne souvent ce monument majeur de l’Occident sous le nom d’« octogone »; en réalité, sa forme est extérieurement celle d’un polygone à grand nombre de côtés, et c’est la figure déterminée par les piliers internes qui est un octogone, de même que la coupole qui coiffe cette partie. Entre l’octogone et le polygone règnent des bas-côtés voûtés d’arêtes ; la partie interne est à deux étages avec, en bas, huit piliers massifs séparant d’assez larges ouvertures, tandis qu’à l’étage des tribunes les ouvertures sont divisées par deux rangs de colonnes superposées, dont certaines proviennent de monuments antiques. Les belles grilles des tribunes ont été coulées dans la fonderie même d’Aix, comme, sans doute, les portes massives ornées de mufles de lions. L’architecte fut un certain Eudes de Metz, mais les ouvriers vinrent de diverses régions. Outre San Vitale de Ravenne, divers édifices orientaux ont dû servir de modèles.

Dans l’octogone est suspendu un vaste lustre de cuivre repoussé, œuvre exécutée de 1156 à 1184 par l’orfèvre Wibert. Divers ouvrages fameux y sont conservés, dont un sarcophage dit « sarcophage de Proserpine », où furent déposés les restes de Charlemagne lors de leur première translation, en 1165. L’octogone possède plusieurs annexes, en particulier le chœur gothique construit de 1355 à 1414 ; son architecture très élancée, à grands vitraux, a été justement comparée à celle de la Sainte-Chapelle de Paris et il est orné d’un cycle de remarquables sculptures, notamment des anges musiciens. Une autre annexe est la chapelle dite « hongroise », du xive s., richement ornée de stucs au xviiie s. Maintes fois l’intérieur de l’octogone, dont la maçonnerie est toujours restée irréprochable, a été restauré. La coupole était ornée d’une grande mosaïque, qui fut abattue en 1719 et remplacée au xixe s par une restitution prétendument conforme d’Antonio Salviati.

Le trésor de la cathédrale, aujourd’hui au cloître, est demeuré fort riche malgré des pertes importantes. Une des pièces les plus illustres est la croix dite « de Lothaire » (xe s.), à noyau de bois revêtu d’une feuille d’or, ornée de filigranes, de pierres précieuses et d’un camée portant le profil de l’empereur Auguste. On y conserve aussi deux châsses, celle de l’empereur (début du xiiie s.), destinée à contenir les restes de Charlemagne après leur seconde translation en 1215, et celle de la Vierge (1237). Signalons enfin un imposant buste de l’empereur (xive s.).

Une galerie de communication aboutissant au voisinage de l’entrée de l’octogone, et sous laquelle s ouvrait un portail, reliait la chapelle à la salle impériale (Aula regia, Königshalle), qui a fait place à l’hôtel de ville, construit de 1333 à 1376. Celui-ci a été fâcheusement restauré, puis incendié par les bombardements, et il n’en reste, au second étage, que l’actuelle « salle impériale », qui conserve une faible partie des fresques sur l’histoire de Charlemagne entreprises par Alfred Rethel en 1847. Par la qualité de leur composition, surtout, ces fresques auraient pu être un des rares ensembles monumentaux de valeur de la peinture allemande du xixe s, mais elles furent achevées par un élève, puis subirent les mômes dommages que l’édifice. L’une des meilleures est l’Entrée de Charlemagne à Pavie, d’une tenue grave et imposante.


Les enceintes

De la première enceinte, élevée vers 1170, il ne reste pratiquement rien. La croissance de la ville était alors relativement rapide, et la seconde enceinte fut terminée vers 1320. Sur les onze portes et les vingt-deux tours qu’elle possédait, il subsiste deux tours et quatre portes, dont les plus imposantes sont la Marschiertor et surtout la Ponttor, mais la muraille n’existe plus entre elles.