Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Aix-la-Chapelle (suite)

La ville

Si le tracé des rues de l’ancienne cité est passablement anarchique, Aix-la-Chapelle est dépourvue de ce pittoresque qu’offrent si souvent les villes allemandes. Elle a en effet subi en 1656 un incendie qui anéantit une grande partie des maisons. Il s’y est ajouté les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Ou Moyen Âge, on ne trouve guère qu’une façade de l’ancien hôtel de ville (Grashaus), élevé en 1267, qui contient aujourd’hui les archives de la ville. Les anciennes églises médiévales Sankt Foillan, Sankt Paul, Sankt Nikolaus ont été en grande partie refaites. L’église Sankt Michael, église des Jésuites construite de 1618 à 1628 et restaurée après 1656, présente l’aspect néo-gothique qui fut de mode pendant une certaine période dans la région rhénane.

Cependant, Aix eut la bonne fortune de posséder, dans la seconde partie du xviiie s., deux excellents architectes, Johann Joseph Couven (1701-1763) et son fils Jakob Couven (1735-1812), dont le style châtié est cependant assez personnel pour qu’on ait pu parler d’un « style Couven », propre à Aix-la-Chapelle, mais répandu également dans la région du Bas-Rhin. Ces deux architectes, également très bons dessinateurs de stucs, profitèrent du développement, à cette époque, des installations balnéaires. La réfection de l’hôtel de ville par le père, avec son grand perron extérieur, n’a malheureusement pas subsisté, mais l’établissement de bains (Nouvelle Redoute) par le fils est d’une magnificence pleine de goût. Un musée Couven perpétue d’ailleurs à Aix le souvenir de ces deux architectes longtemps presque oubliés.

Le musée Suermondt, le plus important de la ville, est d’origine privée et a pris le nom d’un collectionneur qui légua ses objets d’art à la ville, notamment des tableaux des Pays-Bas des xve et xvie s. Au cours des récentes années, ce musée s’est surtout enrichi en sculptures médiévales sur bois.

Les promenades, les parcs et la vie balnéaire se sont portés surtout au nord de la ville. En 1897, le faubourg de Burtscheid a été incorporé à Aix, qui s’est trouvée de la sorte en possession de l’église abbatiale de Sankt Johann-Baptist, chef-d’œuvre du premier des Couven, qui a gardé sa décoration de stucs.

P. D. C.

 K. Faymonville, Die Kunstdenkmäler der Stadt Aachen (Düsseldorf, 1916-1924 ; 3 vol.). / A. Huyskens (sous la dir. de), Aachener Heimatgeschichte (Aix-la-Chapelle, 1924). / R. E. Sullivan, Aix-la-Chapelle in the Age of Charlemagne (Norman, Oklahoma, 1963).

Ajaccio

Ch.-l. de la Corse, sur la côte occidentale de l’île, à 163 km au sud de Calvi et à 142 km au nord-ouest de Bonifacio ; 50 000 hab. environ.


Concurrencée par Bastia, Ajaccio n’exerce pas son rayonnement sur l’ensemble de l’île. Restreinte au sud-ouest de la Corse, son aire d’influence ne s’étend pas au-delà de Porto à l’ouest ; au nord, elle dépasse le col de Vizzavona, mais l’espace compris entre Vivario et Corte entre dans un domaine indéterminé commun à Ajaccio et à Bastia ; de même, à l’est, l’attraction d’Ajaccio et de Bastia s’équilibre vers Porto-Vecchio.

La ville reste encore à l’écart des routes. La citadelle initiale avait été édifiée sur un promontoire isolé au pied de la montagne, entre le fond du golfe qui porte le nom de la ville d’Ajaccio et les îles Sanguinaires ; le second noyau urbain, un faubourg, le Borgo, s’était établi peu après le long de l’unique voie d’accès à la citadelle, dont le tracé est suivi de nos jours par la rue Fesch. L’expansion de la ville a respecté ultérieurement cette orientation, mais la multiplication de ses activités a rendu indispensable l’élargissement de l’espace réservé au commerce et à l’industrie : la rue Fesch est supplantée, depuis le début du siècle, par le cours Napoléon et par les voies longeant les quais du port. La ville était une station touristique fréquentée l’hiver à la fin du xixe s. et au début du xxe, particulièrement par les Anglais ; un quartier résidentiel a été alors créé sur les premières pentes dominant la mer à partir du cours Grandval, en direction de la Parata et des îles Sanguinaires. Depuis la Seconde Guerre mondiale, des quartiers nouveaux ont été édifiés vers San Giovanni, dans la plaine des Cannes, entre le château Bacciocchi et la route d’Alata, aux Salines et même au-delà du carrefour des routes de Bastia et de Sartène ; de même, les collines couvertes d’oliviers et de maquis ont été en partie conquises par des immeubles résidentiels construits en ordre lâche, et un centre administratif a été créé au parc Cuneo d’Ornano. L’installation, au cours de la dernière décennie, de nombreux établissements hôteliers le long de la route des Sanguinaires et, en dehors de la commune d’Ajaccio, sur la rive méridionale du golfe révèle un renouveau du rôle touristique d’Ajaccio et un renforcement de l’aire d’influence immédiate de la ville.

La croissance actuelle n’est que partiellement la conséquence d’une impulsion donnée par de nouvelles activités économiques (comme à Bastia) ; le tourisme, les mouvements provoqués par l’aéroport de Campo dell’ Oro et par un port qui reçoit environ 300 000 passagers par an, un équipement commercial très développé justifient certes l’essor de la ville. Mais les fonctions administratives prédominent : elles occupent 40 p. 100 de la population active. La population a augmenté surtout sous l’effet des migrations de la montagne vers la ville, par le retour de retraités et par une natalité double de la mortalité.

Ajaccio est citée pour la première fois dans les lettres de Grégoire le Grand. Mais la ville s’est déplacée depuis cette époque ; elle aurait d’abord occupé la colline de Castelvecchio ; après sa destruction par les Arabes au xe s., elle aurait été transférée à San Giovanni, à 2 km au nord du site actuel. Ajaccio semble avoir été alternativement soumise au cours du Moyen Âge aux seigneurs de la Cinarca, région dominant le golfe de Sagone, et à la république de Gênes. L’installation de la ville sur le site qu’elle occupe encore de nos jours est l’œuvre de l’Office de Saint-Georges (1492) ; Ajaccio était alors exclusivement peuplée de Génois et de Ligures. Lors de l’intervention française en Corse au milieu du xvie s., la ville fut prise par Sampiero d’Ornano et occupée par les troupes du maréchal de Thermes ; la citadelle fut entreprise en 1554 et achevée en 1559, après le départ des Français. Ajaccio resta jusqu’à la fin du xvie s. un bastion étranger en Corse. Mais, en 1592, les Génois accordèrent le droit de cité aux Corses ; une société urbaine moins exclusivement liée à Gênes s’organisa progressivement par le jeu des alliances matrimoniales et des intérêts économiques. Au xviiie s., des descendants de familles originaires de la péninsule italienne, qui avaient fait souche en Corse et qui avaient acquis des biens fonciers, comme les Bonaparte, participèrent à la lutte contre Gênes et soutinrent Pascal Paoli.