Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cigarette (suite)

Dans les plus anciennes machines, le tube était fermé par collage, mais on ne savait pas alors utiliser une quantité assez minime d’une colle n’ayant aucun effet fâcheux sur l’odeur de la fumée. On recourut au procédé ingénieux, mais délicat, du sertissage entre de très petites molettes pour coudre le papier. Vers 1930, on revint au collage avec des quantités infimes d’adhésifs adéquats et l’on imagina des couperies à inertie très faible tant par le choix du mouvement des pièces que par leur allégement. Cette manière de faire permit d’obtenir des rendements de l’ordre de 1 800 à 2 000 cigarettes par minute. Pendant le déroulement du papier, une petite imprimeuse rotative, à deux timbres, marque les cigarettes.

Le plus notable des derniers progrès, améliorant très nettement la régularité de la compacité, fut l’invention d’un nouveau mode de distribution du tabac. Au lieu de tomber sur le ruban, où il forme un boudin, le tabac est aspiré de bas en haut sous un ruban mobile de Nylon finement perforé, auquel il adhère. Après écrêtage de sa base excédentaire, cette couche suspendue tombe sur le papier en marche. L’une des premières machines à empaqueter les cigarettes fut inventée en France en 1905 par Georges Boullet (1870-1947). Sa production initiale, qui était de 25 paquets de 20 cigarettes par minute, fut ultérieurement portée à 35, puis à 50 ; mais il fallut attendre plus de vingt ans avant de voir d’autres conceptions doubler, puis tripler ce rendement tout en améliorant la présentation. Les paquets sont soit souples comme les premiers réalisés, mais maintenant à double enveloppe pour mieux protéger le contenu, soit rigides, à tiroirs et coulisses, ou encore rigides en une seule pièce, avec fermeture par capuchon basculant.

L’habillage est de plus en plus souvent complété par une enveloppe de Cellophane, destinée à protéger les cigarettes contre les variations hygrométriques. Les cigarettes ont des diamètres, ou modules, variables, les plus courants étant 8,2 mm et 8,8 mm (Gauloises et Gitanes). Il y en a de plus forts pour les Celtiques et les Boyards. La longueur normale, qui était autrefois en France de 75 mm, est maintenant de 70 mm comme dans la plupart des pays. Mais sont apparues des cigarettes de longueur supérieure : 80 mm, 85 mm et récemment 100 mm. Les cigarettes à bout filtre, créées aux États-Unis vers 1935, ont pris une place désormais prépondérante, la filtration de la fumée semblant avoir d’heureux effets hygiéniques. En Russie et dans certains pays d’Orient existent des cigarettes, à bouquin, dont un bout du tube est renforcé d’un carton et vide de tabac, constituant un fume-cigarette incorporé.

Le papier ne doit pas dénaturer le goût et l’arôme du tabac, ce qui exige l’emploi de certaines fibres végétales, notamment le lin et le chanvre. Seuls quelques pays, telle l’Espagne, admettent encore en partie le coton pour des tabacs à goût fortement marqué.

Les cigarettes se classent en familles, qui se distinguent par la couleur et le goût dominant des tabacs de leur composition, le plus souvent mêlant des crus différents. En France domine le goût français, à base de tabacs foncés, dits « bruns » ou « noirs », dont une importante partie provient de la culture nationale. Le mélange Caporal en est le prototype. On trouve aussi le goût américain, mélange de tabacs plus clairs doublement saucé par aspersion de solutions de produits aromatiques ; le goût anglais, donné par des tabacs très clairs, dits « blonds » ou « jaunes », dont la Virginie fut le berceau et demeure l’une des sources à côté de pays sud-africains ; le goût Maryland, fourni par des tabacs rouge brique moyennement foncés, peu riches en nicotine, très combustibles, dont l’État américain de ce nom fut l’origine, et maintenant cultivés également à Madagascar ; enfin le goût Orient, donné par des tabacs de la péninsule balkanique, de l’Asie Mineure et du pourtour de la mer Noire, qui ont de très petites feuilles d’un ton jaune un peu bistré ou verdâtre. De ce dernier type, la vogue jadis grande en Occident est maintenant en nette régression ; les feuilles d’Orient entrent toutefois encore dans des mélanges avec d’autres crus très différents, de même qu’elles ont place dans les mélanges de goût américain. En France, il existe des cigarettes en Caporal doux, tabac naguère privé des deux tiers de sa nicotine, commercialisée comme insecticide, et maintenant fait de feuilles de tabac très pauvre, naturellement, en cet alcaloïde. Enfin s’est répandue dans le monde entier une certaine vogue des cigarettes mentholées. Dans celles-ci, une imprégnation du filtre ou du tabac par du menthol donne une impression de fraîcheur.

M. L.

 E. Gondolff, le Tabac dans le nord de la France. Historique, 1587-1814 (Vesoul, 1910). / A. Provost, l’Industrie du tabac (Dunod, 1935). / H. Hitier et L. Sabourin, le Tabac (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1965 ; 2e éd., 1970).

Ciliés

Animaux unicellulaires caractérisés par la coexistence de deux sortes de noyaux, un revêtement de cils vibratiles spécifiquement disposés et une division binaire. (Sexualité par conjugaison.)



Généralités

Les Ciliés, primitivement appelés Infusoires, groupent plus de 6 000 espèces et comptent parmi les Protozoaires les plus différenciés. Ce sont des cellules dotées de deux noyaux : le plus volumineux (macronucleus) est polyploïde et physiologiquement fonctionnel, tandis que l’autre, plus petit (micronucleus), est diploïde et a un rôle germinatif ; il participe aux processus de recombinaison du potentiel génétique au cours de la conjugaison* ou de l’autogamie. Les Ciliés tirent leur nom d’un revêtement de cils leur servant à nager et à se nourrir, capable d’une diversification structurale : les cils peuvent être absents à certains stades de la vie d’un Cilié, mais les corpuscules basaux (cinétosomes), qui représentent l’infraciliature, persistent pour la plupart.

Comparable à un centriole, le cinétosome se présente comme un cylindre d’environ 170 μm de diamètre sur 450 μm de long, constitué par 27 microtubules répartis en 9 groupes de trois (structure ennéanème), les triplets : cet ensemble joue un rôle primordial dans l’organisation des Ciliés et préside à tous les processus de la morphogenèse.