Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cigare (suite)

Constitution

Un cigare comporte trois parties.

• La plus centrale, appelée intérieur ou tripe, est formée de brins de tabac. Autrefois, il s’agissait de fragments de feuilles allongés côte à côte. Quand on a associé différents crus de tabac, on a rendu leur mélange plus homogène en émiettant ces feuilles. Enfin, l’adoption de tabac haché, moins finement que pour la pipe ou la cigarette, est devenue générale depuis la production mécanique des cigares.

• La deuxième partie, enveloppant la première pour lui donner forme et tenue, est la sous-cape, faite d’un seul morceau ou d’un petit nombre de grands fragments de feuilles coupées à la longueur du cigare à obtenir. Tripe et sous-cape constituent la poupée.

• La troisième partie est la cape, ou robe, coupée après l’enlèvement de la côte dans une demi-feuille fine, élastique, sans trous ni déchirures, de belle couleur, qui s’enveloppe en spirale autour de la poupée. Près de l’extrémité à tenir, la cape est fixée par un point de colle discret. Ce bout, qui était autrefois généralement fermé, est maintenant plus souvent laissé ouvert ou refendu. Cela évite d’avoir à percer ou à légèrement couper le cigare avant usage. L’autre extrémité est ouverte. Si l’on nomme à l’étranger cigarillos de petits cigares complets, en France, ce terme, que précéda celui de cigarette sans papier, est réservé à de petits rouleaux n’ayant pas de sous-cape. L’intérieur est directement enveloppé dans un seul fragment de feuille de cape affectant soit la forme d’un rectangle collé tout le long d’une génératrice, soit celle d’un ruban en spirale collé seulement près d’un bout comme la cape des cigares.


Forme

Jadis, à peu près tous les cigares étaient gros et longs. Plus récemment sont apparus des cigares gros et courts, puis des cigares longs et étroits. Ceux-ci sont naturellement sensiblement cylindriques, mais un peu pinces du côté à mettre en bouche pour le distinguer de l’autre. Pour les gros cigares, les formes de section en long sont plus variées. À Manille, certains, dénommés pattes d’éléphant, cheroots ou cortados, sont tronconiques. D’autres cigares, pressés, ont une section transversale non plus circulaire, mais proche du carré.


Composition

Dans le cigare, l’intérieur doit être en tabac moins combustible que la sous-cape, et celle-ci en tabac moins combustible que la cape. Ainsi le cigare se consume en pointe et non en cratère. Cette disposition est difficile à réaliser par tri dans des feuilles de même cru, comme cela se passe pour les cigares dits « puros », à La Havane, à Manille et au Brésil, surtout à Bahia. Ailleurs, où l’on fait généralement des mélanges de tabacs aromatiques de diverses provenances pour les intérieurs, on a longtemps cherché les sous-capes à Java et les capes à Sumatra, puis aussi au Cameroun et dans certains États des États-Unis. Capes et sous-capes peuvent désormais être également découpées dans des feuilles de tabac reconstituées, obtenues par passage de débris de tabac de qualité adéquate dans une machine semblable à celles servant à confectionner le papier. Enfin, les capes se présentent maintenant matées ou non matées. Les premières font l’objet d’un matage, qui est une pastellisation par décoction laissant à la feuille, après séchage, un aspect moins brillant, ainsi qu’une teinte plus uniforme et en général plus claire. Souvent, ce traitement sert aussi à accroître la combustibilité. L’ornementation du cigare par une bague aux tons ou ors chatoyants apparut au milieu du xixe s. en Amérique et aux Antilles, et plus tard en France. La confection des cigares fut manuelle jusqu’aux environs de 1930. Puis l’emploi de machines, d’abord réservé aux variétés les plus courantes, s’est généralisé à très peu de chose près.

Nettement plus qu’en France, le cigare est demeuré populaire en Allemagne, en Suisse et aux Pays-Bas. Sur le plan international, les cigares les plus réputés sont ceux de La Havane, utilisant les crus du nord-ouest de l’île de Cuba. Mais d’autres pays, dont notamment les Philippines (Manille), le Brésil, le Mexique, utilisent également près des lieux de production des crus renommés. Beaucoup de pays confectionnent avec des feuilles importées des cigares appréciés.

M. L.

➙ Cigarette / Service d’exploitation industrielle des tabacs et allumettes / Tabac.

cigarette

Cylindre de papier très fin rempli de tabac coupé en menus brins et destiné à être fumé.


La cigarette n’est apparue que plusieurs centaines d’années après l’importation du tabac en Europe, très devancée par la pipe et un peu moins par le cigare. On la croit imaginée en 1827 dans les Balkans, à Plevna, qu’assiégeaient les Russes, par un soldat turc n’ayant plus de pipe pour son tabac. En 1830, elle fit en France une apparition discrète, et, bien que les manufactures de l’État en eussent alors essayé la confection, naturellement manuelle, la Régie n’en officialisa la vente qu’en 1843. Les premières machines apparurent vers 1861. En 1880, en même temps que ce problème se résolvait aux États-Unis et en Allemagne d’une façon différente, une machine assez perfectionnée, due au constructeur français Anatole Decouflé (1835-1908), était adoptée par le monopole. En 1885, cet inventeur mit au point une machine qui fut primée à l’Exposition universelle de 1889. On utilisa alors la technique de l’enveloppement d’un boudin continu de tabac dans un tube également continu de papier que l’on refermait avant de le couper à la longueur de la cigarette. Dès 1910, des rendements intéressants de 600 à 800 cigarettes par minute étaient ainsi obtenus. En 1927, une machine anglaise atteignit 1 200 et, en quelques années, on réalisa des vitesses de production de 1 300 à 1 600 cigarettes par minute, avec un incessant progrès de l’aspect du tube et de la régularité du remplissage, la dispersion autour du poids moyen recherché étant de plus en plus réduite par l’amélioration du distributeur qui déverse le tabac chevelu formant le boudin.