Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cigale

Insecte de grande taille qui puise la sève des arbres grâce à son rostre piqueur et qui possède quatre ailes membraneuses.


Les Cigales appartiennent à l’ordre des Homoptères, dont ce sont les plus grands représentants, et constituent la famille des Cicadidés. On en compte dans le monde environ 1 500 espèces, surtout répandues dans les régions tropicales ; huit espèces seulement se rencontrent en France, surtout dans le Midi, et elles ne sont actives que pendant la belle saison. Des journées entières, elles restent plaquées contre les arbres et, de loin, ne sont pas toujours faciles à distinguer de l’écorce ; certaines manifestent une préférence pour une essence végétale déterminée ; ainsi notre grande Cigale (Lyristes plebejus), qui atteint 35 millimètres de long et 10 centimètres d’envergure, affectionne surtout les Pins, Cicada orni, l’Olivier et les arbres fruitiers, et la petite Cicadetta montana (20 mm de long), les Noisetiers. Cette dernière est la plus septentrionale de toutes : on la trouve jusqu’en Angleterre.

La tête, bien développée, porte deux courtes antennes, deux yeux composés et trois ocelles. L’appareil buccal est celui d’un Hémiptère typique à l’intérieur d’un étui, formé ici de trois articles seulement, les stylets perforants représentant les mandibules et les mâchoires ; aidés par la sécrétion de trois paires de glandes salivaires, ces stylets pénètrent dans l’écorce des jeunes rameaux jusqu’à la sève, que l’Insecte aspire lentement. L’appareil digestif comporte un long intestin, qu’une boucle ramène dans le thorax, près du jabot ; il entoure si étroitement celui-ci que certains auteurs estiment que l’eau peut passer directement de l’œsophage à l’intestin terminal et qualifient ce dispositif de chambre filtrante.

La Cigale se déplace peu ; elle se montre cependant capable d’un vol rapide, grâce à ses grandes ailes soutenues de fortes nervures ; au repos, les ailes se rabattent en toit au-dessus de l’abdomen.

S’il n’est pas commode d’observer des Cigales dans la nature, on ne peut s’empêcher de les entendre, du moins les mâles, qui portent un appareil stridulant de structure très originale ; deux opercules le recouvrent, à la face ventrale de l’abdomen, et les cavités qui entourent les membranes sonores sont si amples qu’elles repoussent les viscères à l’arrière de l’abdomen. Quand de nombreuses Cigales sont rassemblées, le chant qu’elles émettent paraît continu ; en réalité, chaque individu, chez la Cigale plébéienne, lance des « phrases » durant une quinzaine de secondes, indéfiniment répétées, chacune commençant dans l’aigu puis s’assourdissant progressivement pour reprendre aussitôt.

On ignore encore ce que représente ce chant pour les Cigales ; les femelles ne réagissent pas à ce qu’on croirait être un appel sexuel ; d’ailleurs, on n’a pas encore découvert sur elles de récepteur auditif.

En France, les Cigales ne vivent pas plus de six semaines à l’état adulte. Après l’accouplement, pour lequel les deux partenaires se tiennent côte à côte, la femelle dépose avec son oviscapte quelques dizaines d’œufs dans une tige. Dès l’éclosion, la larve se laisse tomber sur le sol et s’y enfonce pour une longue période (quatre ans chez notre grande Cigale, dix-sept ans pour Magicicada septendecim des États-Unis). Avec ses pattes antérieures aplaties et dentées, elle creuse des galeries et, pour se nourrir, pique les racines et en tire le suc. À la fin de la vie larvaire, la Cigale passe par un stade immobile avant de sortir de terre ; certaines espèces construisent une sorte de cheminée de terre au débouché de leur ultime galerie. Agrippé à une plante, l’Insecte subit alors la mue imaginale.

Malgré leur abondance et leur grande taille, les Cigales ne commettent pas de dégâts sérieux aux végétaux, du moins dans nos pays. Quant à leurs rapports avec les Fourmis, J.-H. Fabre les a fort bien décrits ; ils ne correspondent en rien à ceux que La Fontaine attribue à ses protagonistes ; il semble d’ailleurs que le fabuliste appelait Cigale ce que nous nommons maintenant Criquet.

M. D.

cigare

Petit rouleau de feuilles de tabac destiné à être fumé.



Historique

Les autochtones de l’Amérique ne savaient pas traiter les feuilles de tabac de façon à en faire des capes. Ils fumaient du tabac en l’enroulant dans des feuilles de maïs sèches. Au xviie s., après avoir perfectionné la culture, la dessiccation et la fermentation du tabac, les Européens qui se trouvaient en Amérique eurent l’idée d’utiliser le tabac lui-même comme enveloppe. Cependant, le cigare n’avait encore guère pénétré en Europe au xviiie s. Seuls, Espagnols, Portugais et Hollandais en importaient de petites quantités de leurs colonies. En France, la ferme royale chargée de la fabrication et de la vente du tabac ignora totalement le cigare et, sous l’Ancien Régime, il n’en fut fumé que des quantités infimes, introduites en contrebande. En 1793, la capture devant Boulogne d’un vaisseau marchand hollandais par le corsaire Antoine Delpierre entraîna la première consommation de cigares en France. Créé en 1811, le monopole des tabacs réalisa en 1816 simultanément la confection et l’importation des cigares. La mode en progressa rapidement, et, en peu d’années, londrès, millarès, trabucos entrèrent dans les mœurs des fumeurs, qui n’avaient encore à leur disposition que la pipe avant l’apparition de la cigarette en 1830. La vogue du cigare fut croissante jusqu’en 1890, puis elle déclina devant celle de la cigarette, qui n’avait cessé de progresser depuis le second Empire. Malgré la création de nombreuses variétés, ce déclin du cigare s’accéléra jusqu’à un abandon quasi total en France entre 1935 et 1945. Le lancement de petits cigares plus rapidement fumés et convenant mieux ainsi aux mœurs de notre époque revigora fortement cette consommation. Mais elle demeure inférieure à ce qu’elle fut malgré la persistance d’une forte croissance.