Cholem Aleichem (Cholom Rabinovitch, dit) (suite)
Cholem Aleichem était possédé par le démon de l’expression, par le sens du surréel ; c’est ce qui en fait à la fois un précurseur de Kafka et des surréalistes, ce qui lui permit de mettre à nu les procédés stylistiques qui sont la projection esthétique des structures mêmes de ce yiddish qui se muait non sans difficultés de langue véhiculaire en langue de culture : la langue de Cholem Aleichem nous montre quel est le prix d’une telle démarche.
Cholem Aleichem est le maître de la littérature du déracinement. Au rebours de Barrès, il a conscience que l’homme moderne a pris une voie sans retour, qu’il n’est pas bon d’avoir la nostalgie du passé, bien que l’avenir soit sombre ; l’imprévu et l’imprévisible ne peuvent être surmontés que par l’humour.
C’est là la raison profonde de son universalité : tous les peuples de la terre se retrouvent quelque peu dans ses héros, qui sont les modèles mêmes de l’homme d’aujourd’hui qui est de partout et de nulle part.
A. D.
S. Doulzow, le Canif de Cholem Aleichem (en russe, Voskhod, 1888). / S. Niger, Cholem Aleichem, ses œuvres, son humour et sa place dans la littérature juive (en yiddish, New York, 1928). / Y. D. Berkovitch, Souvenirs sur Cholem Aleichem et ses contemporains (en hébreu, Tel-Aviv, 1938-1943 ; 5 vol.). / M. Samuel, The World of Sholom Aleichem (New York, 1943). / Centenaire de la naissance de Cholem Aleichem, numéro spécial de Domaine Vidich (1959).
Jalons biographiques
1859Naissance (2 mars) à Pereïaslav.
1873-1876Études au gymnase du district après des études juives traditionnelles.
1877-1880Précepteur chez Elimelekh Loeve, où il tombe amoureux de son élève.
1880Rabbin d’État (officier de l’état civil des Juifs et délégué de la communauté juive auprès des autorités).
1883Mariage avec Hodl Loeve.
1884Employé chez les Brodski, magnats juifs.
1885La mort de son beau-père le rend riche pour un temps.
1887Établi à Kiev, négociant en blé et en sucre, il découvre le monde de la Bourse.
1891Voyages à Paris, à Tchernovtsy, à Vienne et à Odessa.
1903-1904Entre en relation avec Tolstoï et Gorki.
Se rend à Varsovie, où il fait la connaissance d’Isaac L. Perez (ou Peretz), qu’il a édité pour la première fois quand il était le rédacteur de la Bibliothèque populaire juive.
1905Brisé moralement, ruiné, il veut quitter la Russie.
1906Grand périple qui le mène de Genève à New York via Londres.
1908Il est frappé par la tuberculose.
1914Bref retour en Russie ; à la fin de l’été, il se rend en Allemagne ; expulsé vers Copenhague après la déclaration de guerre, il se rend aux États-Unis.
1916Le 13 mai, il meurt à New York. Obsèques grandioses et émouvantes.
Les œuvres de Cholem Aleichem
1883Deux Pierres, nouvelle en yiddish.
1887Le Canif, nouvelle, et On demande un docteur, pièce en un acte.
1888Premier volume de la Bibliothèque populaire juive (almanach), où paraît Stempeniou.
1890Second volume de la Bibliothèque populaire juive, où paraît son roman Joséphin le rossignol.
1892Début de la série des lettres entre Menakhem Mendl et sa femme Chainé Chaindl.
1899Début de Tévié le laitier, dont il publiera la suite de 1904 à 1911.
1900Les contes pour enfants : la Montre, Pourim, les Étrennes, le Drapeau.
1901-1902Rabtchik (Histoire d’un chien), le Tailleur ensorcelé et Si j’étais Rothschild.
1903Dispersés et disséminés, drame.
1907Début de la publication de Motl, fils du chantre Pascal.
Le Déluge, roman.
1914Le Gros Lot, comédie, et Retour de la foire, autobiographie.