Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

agressivité (suite)

• Agression « pure ». Il existe quelques cas rares d’agression indépendante de toute autre motivation, « gratuite » en quelque sorte. Le plus curieux est celui des Rats « tueurs » de Souris : dans une population de Rats blancs, il s’en trouve environ 10 p. 100, tous des mâles, qui ne tolèrent pas la présence d’une Souris, la tuent et lui mangent le cerveau ; s’ils sont rassasiés, cette composante alimentaire disparaît, mais la mise à mort de la Souris subsiste.

Autres exemples d’agression « pure », intraspécifiques cette fois : on a sélectionné des lignées génétiques de Souris dont l’agressivité est telle qu’elles sont capables de traverser une grille électrifiée ou de parcourir un labyrinthe pour aller attaquer une autre Souris.


Manifestations comportementales de l’agression

• Ritualisation et édulcoration du combat. Les conduites agressives n’entraînent pas obligatoirement de combat, ni moins encore d’issue mortelle, notamment dans le cas intraspécifique, où un tel résultat serait préjudiciable à la survie de l’espèce : il est évité grâce à des mécanismes de ritualisation, d’intimidation et d’inhibition.

Ritualisation. Elle tend à donner l’avantage à l’individu sans faire intervenir le pouvoir meurtrier des armes naturelles. Ainsi les luttes des Buffles et des Bisons se font-elles par affrontement et poussées, de sorte que les blessures par pointe de corne sont rares. Les Girafes mâles ne se combattent pas à l’aide de leurs dangereuses ruades ; les rivaux se placent côte à côte dans le même sens, balancent leurs cous et se frappent de leurs cornillons à l’encolure et au poitrail.

Intimidation. Non seulement le combat peut être ritualisé, mais surtout ses préliminaires, c’est-à-dire les manifestations émotionnelles agressives, qui peuvent même le remplacer. On a pu décrire ainsi diverses mimiques gestuelles et vocales d’intimidation, qui tendent à remplacer le combat : un « mauvais » taureau de corrida est celui qui gratte beaucoup le sol du sabot et, par conséquent, s’élance peu sur la cape.

Les « tabous » et inhibitions. Au cas où le combat a lieu, l’issue fatale peut être évitée si l’individu qui se sent inférieur manifeste sa soumission en adoptant certaines postures spécifiques : ainsi le Loup vaincu présente-t-il son cou à la morsure de son rival, qui retient alors son attaque, urine (décharge émotionnelle et marquage territorial) et laisse fuir son adversaire.

• Les reconversions des postures agressives. Les éthologistes ont observé que la tension préparatoire au combat tend à se décharger par des activités « de dérivation » sans rapport avec la situation agonistique : activités de toilette, picorage à vide chez certains Oiseaux, fouissement du sol chez l’Épinoche, etc. Dans la mesure où ces comportements préservent la survie des antagonistes, leur probabilité de conservation par l’espèce a été accrue et, du fait de leur liaison au comportement agressif intraspécifique, ils ont fini par faire partie du rituel d’intimidation.

Inversement, certaines postures agressives, qui suffisent à éviter le combat, se trouvent constituer de la sorte des prises de contact social inoffensives et se sont reconverties en étant intégrées au rituel de « cour » sexuelle (danse nuptiale de l’Épinoche mâle).


Fonctions biologiques de l’agression

• La sélection sexuelle. Telle est sans doute la fonction la mieux connue de l’agression intraspécifique : les fonctions reproductrices sont réservées aux mâles les plus forts. Cependant, les jeunes Cerfs, qui sont les plus aptes à la reproduction, en sont souvent écartés par les vieux chefs de harde, qui ont l’avantage de la croissance corporelle et de l’expérience du combat.

• La dispersion des individus. L’agressivité territoriale permet d’éviter les pullulations dans un biotope étroit dont les ressources vitales seraient vite épuisées. Il est particulièrement frappant de remarquer qu’on ne constate pas d’agression intraspécifique dans les espèces adaptées à la vie en commun.

• Ainsi donc, tout comme les réactions de prédation et de défense, celles d’agression ont une fonction biologique : c’est seulement lorsqu’elles n’ont plus d’autre but qu’elles-mêmes qu’elles perdent leur utilité. Les rares exemples qu’on peut trouver d’une telle déviation sont d’ailleurs relatifs à une sélection artificielle (Souris agressives, Coqs de combat, Poisson combattant) ou à des particularités individuelles peu répandues (Rats « tueurs »), ce qui témoigne assez que les avantages biologiques que peuvent apporter à l’espèce de tels paroxysmes agressifs sont des plus douteux.

M. B.

➙ Adler (Alfred) / Animal (comportement) / Freud (Sigmund) / Klein (Melanie) / Lacan (Jacques) / Lewin (Kurt) / Psychanalyse.

 A. Adler, Studie über Minderwertigkeit von Organen (Berlin et Vienne, 1907). / J. Dollard, L. W. Doob, N. E. Miller, O. H. Mowrer et R. R. Sears, Frustration and Aggression (New Haven, Connecticut, 1939). / S. Freud, Gesammelte Werke (Londres, 1940-1952). / K. Lewin, T. Dembo et R. G. Barker, Frustration and Regression : an Experiment with Young Children (Iowa City, 1941). / K. Lewin, Resolving Social Conflicts (New York, 1948). / T. W. Adorno (sous la dir. de), The Authoritarian Personnality (New York, 1950 ; nouv. éd., 1969). / M. Klein, P. Heimann, S. Rivière et S. Isaacs, Developments in Psycho-analysis (Londres, 1952). / A. Rapoport, Fights, Games and Debates (Ann Arbor, Michigan, 1960 ; trad. fr. Combats, débats et jeux, Dunod, 1967). / K. Lorenz, Das Sogenannte Böse zur Naturgeschichte der Agression (Vienne, 1963 ; trad. fr. l’Agression, une histoire naturelle du mal, Flammarion, 1969). / J. Lacan, Écrits (Éd. du Seuil, 1966). / P. Kaufmann, Kurt Lewin : une théorie du champ dans les sciences de l’homme (Vrin, 1968). / L. Millet, l’Agressivité (Édit. universitaires, 1970).

agricole (enseignement)

Ensemble des institutions chargées de la formation des hommes qui se destinent à l’agriculture ainsi qu’à ses activités connexes. La loi du 2 août 1960 régit l’enseignement agricole.


Ce secteur évolue rapidement ; il est donc nécessaire que ceux qui y travaillent sachent non seulement produire, mais également bien gérer et bien vendre et soient capables de se recycler. Il a donc été mis en place un enseignement technique et un enseignement supérieur.