Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chili (suite)

Les climats

Le relief de versants montagneux en bordure de l’océan accentue encore la diversité des climats due à l’étendue en latitude.

L’altitude à laquelle se situent la plupart des terres ainsi que l’influence du courant froid de Humboldt, qui passe au large de la côte nord du pays, font que le Chili ne connaît pas de climat vraiment chaud. La moyenne thermique annuelle ne dépasse jamais 20 °C ; elle décroît progressivement vers le sud pour n’être plus que d’environ 6 °C dans la partie méridionale, où les températures d’hiver s’abaissent en dessous de 0 °C.

Pourtant, en raison de l’influence maritime, c’est l’abondance des précipitations plutôt que la rigueur des températures qui caractérise le climat du Sud. D’une façon générale, d’ailleurs, ce ne sont pas les températures qui permettent de distinguer au Chili plusieurs zones climatiques, mais principalement la répartition des pluies.

Dans cette perspective, on peut discerner d’abord dans toute la partie nord, jusque vers le 30e degré de lat. S., une zone de climat désertique. Dans les parties basses, notamment, le sol est dépouillé de toute végétation ; sur les versants de la Cordillère côtière et plus nettement sur ceux de la Cordillère andine proprement dite, au-dessus de 900 m et jusque vers 2 500 - 3 000 m, l’humidité, un peu moins rare par suite de l’altitude, permet la croissance d’une végétation de maigres pâturages, de cactus ou d’arbustes épineux poussant au milieu des rochers.

Une région subdésertique constitue, entre le 28e et le 32e degré de lat. S., une zone de transition où l’herbe devient moins rare sur les terres basses, tandis que l’arbre commence à garnir les parties intermédiaires des versants montagneux. Au-delà du 32e degré de lat. commence la zone de climat méditerranéen, qui correspond à la partie nord de la Vallée centrale et qui contribue à faire de cette région le cœur du Chili. Caractérisé par un été chaud et sec et un hiver doux et humide, ce climat favorise le développement d’une forêt de chênes verts et de palmiers de plus en plus serrée vers le sud, où les quantités de pluies augmentent rapidement. Le total pluviométrique, qui ne dépasse pas 500 mm par an au nord de Valparaíso, atteint déjà un mètre au niveau de Concepción, au sud de cette région. Il s’élève à plusieurs mètres au niveau de la ville de Valdivia.

Celle-ci se trouve au milieu de la troisième grande zone climatique du Chili, qui commence à partir du 37e degré et est caractérisée par un climat tempéré de plus en plus froid en allant vers le sud, sans que les températures soient réellement très rigoureuses. Cette région, en effet, reçoit de plein fouet les grands vents d’ouest qui caractérisent la circulation atmosphérique aux latitudes tempérées et sont arrêtés par la barrière andine. Provoquant des précipitations considérables, qui peuvent atteindre plusieurs mètres par an, ils contribuent en même temps à adoucir les températures. C’est un climat propice à de vastes forêts, avec des arbres qui dépassent parfois 50 m de hauteur et dont la densité rend la pénétration difficile.


La population

Les forêts du Sud abritent encore des groupes indiens, témoins de l’importance du peuplement précolombien dans cette région des Andes méridionales. Ces Indiens vivent dans des réserves, comptent peut-être 100 000 à 150 000 personnes, et ne représentent plus que des vestiges d’un lointain passé ; le reste de la population indienne s’est mêlé dès le xviie s. aux colons espagnols. Aussi la population actuelle est-elle constituée essentiellement de métis. Son homogénéité n’a pas été affectée par l’arrivée des Allemands, Italiens, Slaves et Français de la seconde moitié du xixe s., car cette émigration n’a jamais été très massive. On estime que la population chilienne actuelle est constituée par environ 65 p. 100 de métis, 25 p. 100 de Blancs et 10 p. 100 d’Indiens. Ces chiffres n’ont qu’une valeur relative et n’expriment pratiquement aucune différenciation véritable sur le plan de l’intégration à la vie économique et sociale, mis à part les groupes qui vivent dans les réserves.

Cette population est caractérisée par un dynamisme naturel considérable, puisque la natalité reste forte, tandis que la mortalité ne cesse de décroître depuis le début du xxe s. Le taux de natalité est encore proche de 30 p. 1 000 et se situe donc à un niveau intermédiaire entre le taux, beaucoup plus élevé, des pays tropicaux de l’Amérique latine, et celui beaucoup plus proche de l’Argentine. En revanche, le taux de mortalité est comparable à celui de ce dernier pays et n’excède pas 10 p. 1 000. La population chilienne est donc affectée d’un taux d’accroissement naturel annuel voisin de 2 p. 100. Cela explique la croissance accélérée de la population totale, qui est passée de moins de 3 millions au début du siècle à plus de 10 millions en 1972. Ce chiffre ne correspond qu’à une densité relativement faible de 13,5 habitants au kilomètre carré, mais cette moyenne recouvre des disparités considérables, car la population est très inégalement répartie selon les régions. Le Nord, désertique, et le Sud, tempéré froid, peu peuplés et dont les densités, le plus souvent inférieures à un habitant au kilomètre carré, n’excèdent jamais 10 habitants au kilomètre carré, s’opposent à la région centrale, de climat méditerranéen, où la densité moyenne est d’environ 50 habitants au kilomètre carré, avec des taches de densités plus fortes encore autour des villes de Santiago et de Concepción. C’est en effet la zone qui comprend les plus grandes villes et qui compte également les plus fortes densités agricoles. Le Chili est fortement urbanisé, à 70 p. 100 environ. C’est, après l’Argentine, le pays le plus urbanisé de l’Amérique du Sud.


La vie économique

Le caractère montagneux du pays, les climats trop secs au nord, trop humides au sud limitent les possibilités d’extension de l’espace agricole, mais le sous-sol, riche en minerais de toutes sortes, offre une compensation aux difficultés que la nature oppose au développement des productions agro-pastorales.