Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chili (suite)

Les activités agro-pastorales

Si l’agriculture reste, dans son ensemble, caractérisée par une faible productivité due à des techniques archaïques, c’est autant la conséquence des structures socio-économiques que le fruit des conditions naturelles, qui, au demeurant, se trouvent être tout à fait favorables dans le Chili central. C’est en particulier le problème des formes d’appropriation de l’espace cultivé qui, au Chili comme d’ailleurs dans la plupart des pays d’Amérique latine, a été à la source des carences des activités agricoles. Le Chili est, en effet, encore caractérisé par une structure foncière qui date de l’époque coloniale, période pendant laquelle la Couronne distribuait, en récompense des services rendus, de grandes estancias aux conquérants et aux hauts fonctionnaires. Primitivement consacrés à l’élevage du bétail, ces grands domaines se transformèrent en exploitations agricoles reposant sur l’emploi massif d’une main-d’œuvre de métayers à peine rémunérés, mais que le droit de pratiquer une petite polyculture de subsistance maintenait dans l’exploitation (inquilinos).

Longtemps, 60 p. 100 du territoire furent aux mains d’à peine un millier de très grands propriétaires aux domaines dépassant toujours 1 000 ha. D’autres haciendas, morcelées par héritage, formaient des propriétés de quelques centaines d’hectares aux mains de propriétaires encore fort importants.

La faiblesse des activités agricoles et la tension sociale entraînées par cette structure foncière ont conduit le gouvernement Frei à amorcer une réforme agraire devant exproprier les grands domaines, les divisant en lots fonctionnant avec un système de coopératives. Cette réforme agraire a connu un début de réalisation.

Les activités agricoles actuelles restent caractérisées par des rendements assez faibles, mais présentent une très grande variété dans leurs productions. En général, on retrouve l’ensemble des produits associés aux climats méditerranéen et tempéré. Le blé tient largement la première place, mais il s’y ajoute d’autres céréales et, récemment, le riz, ainsi que les cultures répondant aux besoins du régime alimentaire traditionnel (pomme de terre, haricots, lentilles et pois). Le climat méditerranéen permet également la culture de nombreux fruits et notamment celle de la vigne, qui donne un vin de qualité assez exceptionnelle (comparé à ceux qui sont produits dans d’autres pays d’Amérique latine). La viticulture est, en effet, une vieille tradition. Cultivée sur plus de 100 000 ha, la vigne produit environ 5 Mhl, dont une partie est exportée dans tous les pays de l’Amérique du Sud, où le vin chilien est très apprécié, car les vins européens, en raison de leurs prix extrêmement élevés, restent assez peu consommés.

L’élevage, qui fut une des grandes richesses et constitua la première forme de mise en valeur de l’espace, a été très concurrencé par le développement des cultures, notamment celle du blé. Il ne repose plus que sur un cheptel bovin d’environ 3 millions de têtes, ce qui représente un troupeau insuffisant par rapport aux besoins de la consommation. Les moutons (près de 7 millions), par contre, alimentent une exportation de laine.


L’exploitation minière

Privée de conditions naturelles favorables aux spéculations agricoles, l’économie d’exportation du Chili reposa et repose encore essentiellement sur l’exploitation des richesses du sous-sol, très abondantes aussi bien sur les bords de l’édifice andin que dans la montagne elle-même. Les ventes de minerais (cuivre essentiellement) représentent aujourd’hui encore plus de 80 p. 100 des exportations totales.

Pendant longtemps, ce fut le nitrate de soude, ou salpêtre naturel, indispensable à la fabrication des engrais et dont le Chili avait le quasi-monopole, qui constitua l’exportation la plus importante ; mais, en 1917, fut inventé le nitrate synthétique. Cependant, l’exploitation des gisements de nitrate, situés dans le Nord désertique, reste une activité importante dont la production alimente un certain nombre d’industries chiliennes en même temps qu’une vaste exportation, notamment vers les États-Unis.

À la suite de cette relative décadence des nitrates, c’est maintenant le minerai de cuivre qui représente la richesse la plus considérable du sous-sol ; dans les Andes du Nord, près d’Antofagasta, se trouve un des gisements les plus importants du monde. L’essentiel de la production (710 000 t) se fait dans le cadre d’une grande industrie minière, assurée jusqu’à la nationalisation, à la fin 1970, par des entreprises étrangères dont les deux plus importantes relevaient de capitaux nord-américains. Elle possède ses propres fonderies et exporte le minerai ainsi concentré. Environ 7 p. 100 de la production sont assurés par des entreprises moyennes. Enfin, plusieurs milliers de petites entreprises individuelles et artisanales fournissent à peine 3 p. 100 de la production. Le Chili est actuellement le quatrième producteur mondial de cuivre ; une petite partie du minerai est utilisée sur place, laminée et tréfilée dans des industries aidées par l’État ; la plus grande partie est expédiée sous forme de minerai concentré vers les grands pays industriels et plus particulièrement vers les États-Unis.

Le sous-sol, d’autre part, possède des gisements de fer (environ 7 Mt), dont les plus importants se trouvent près du 30e parallèle. Ces gisements ont été très longtemps exploités par une compagnie américaine, la Bethleem Steel Company ; la majeure partie de la production étant expédiée vers les États-Unis. C’est seulement à partir de la Seconde Guerre mondiale que le Chili commença à conserver une partie de son minerai de fer pour alimenter une sidérurgie nationale naissante. Située à Huachipato, près de Concepción, celle-ci produit quelque 600 000 t d’acier par an. Cette sidérurgie fut rendue possible par la présence de mines de charbon, également situées près de Concepción, et dont la production suffit à satisfaire les besoins de la consommation nationale.

Une série de campagnes de sondage a révélé la présence, dans le sous-sol, de gisements de pétrole dont la production approche aujourd’hui 2 Mt. Par ailleurs, on trouve en petites quantités beaucoup d’autres minerais non ferreux comme le plomb, le zinc, la bauxite, le bismuth, le cobalt ou le mercure, qui sont exploités par des entreprises artisanales.