Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Chêne (suite)

Chênes bisannuels

Les Chênes dont la maturation des glands est bisannuelle sont représentés en France par deux espèces à feuilles persistantes, le Chêne-Liège et le Chêne kermès, et par une seule espèce à feuilles caduques, peu importante dans nos régions, le Chêne chevelu.


Chêne chevelu

C’est un grand arbre à écorce profondément crevassée, dont les feuilles, courtement pétiolées, oblongues, à dents profondes, sont vert foncé sur le dessus, plus claires à leur face inférieure. Les glands ont une cupule hérissée d’écaillés allongées, tordues en tous sens. Le Chêne chevelu, qui ne se trouve qu’en quelques stations isolées en France, en particulier dans le Jura, se rencontre surtout dans le sud de l’Europe orientale (péninsule balkanique). Son bois, médiocre, le fait dédaigner par rapport aux autres. Le Chêne chevelu est parfois planté, car il se contente de sols pauvres et a un joli port.


Chêne-Liège

Le Chêne-Liège, qui vit environ de 150 à 200 ans, est surtout caractérisé par l’écorce très épaisse de son tronc et de ses branches. C’est un arbre de taille moyenne, d’une quinzaine de mètres de haut ; ses feuilles, vert clair sur le dessus et grises en dessous, sont parfois piquantes sur les bords. Il est très strictement lié aux sols siliceux, et on le rencontre principalement dans la région méditerranéenne ainsi que dans le Sud-Ouest, résistant parfaitement aux longues sécheresses de l’été méditerranéen.

On distingue deux races de Chênes-Lièges : l’une strictement méditerranéenne et l’autre cantonnée dans le sud-ouest de la France, et dont la durée de vie des feuilles est plus courte et la maturité des fruits plus longue.

En Afrique du Nord, les Chênes-Lièges forment le plus souvent de grandes forêts, qui s’étagent depuis la côte jusqu’au-dessus de 1 000 m en Algérie et près de 2 000 m au Maroc ; ils y constituent une richesse importante.

Le liège

Dans leur jeune âge, les Chênes-Lièges sont recouverts d’un liège grossier, crevassé, dur, non homogène, qui est de mauvaise qualité : on le dénomme liège mâle. Ce liège est enlevé vers l’âge de douze à quinze ans ; cette opération, appelée démasclage, se fait ordinairement sur une hauteur de 2 à 3 m. Le tissu fraîchement démasclé est rouge, mais il brunit vite, et le liège nouveau se développe alors. La récolte de ce dernier se fait tous les dix ans environ, quand il atteint 30 mm. Cette opération délicate a lieu au printemps, quand les arbres sont gonflés de sève, car c’est à cette époque que le liège peut se décoller le plus facilement de l’assise génératrice, appelée mère. Celle-ci doit rester intacte pour assurer la qualité des nouvelles « planches » ; seules deux entailles longitudinales opposées sont effectuées sur le tronc ainsi dénudé pour faciliter, d’une part, la nouvelle croissance, en supprimant les tensions qui peuvent créer des déchirures lors du développement, et, d’autre part, le futur décollement de la nouvelle production. Cet enlèvement se fait suivant des modalités très précises en fonction de la taille de l’arbre ; la hauteur est ordinairement le double de la longueur de la circonférence ; il faut attendre que les arbres aient environ 50 cm pour commencer l’exploitation. Les Chênes-Lièges dépouillés sont extrêmement sensibles aux feux de forêts, auxquels ils résistent assez bien lorsqu’ils sont munis de leur épaisse écorce ; aussi, pour pallier un peu ce fléau, ne démascle-t-on pas tous les Chênes d’une même parcelle en même temps, de manière qu’au moins la moitié des arbres puissent résister en cas de feu et que toute l’exploitation ne soit pas perdue.

Le liège, qui était autrefois presque l’unique matière dont on faisait les bouchons, est maintenant très concurrencé par les plastiques ; il entre dans la fabrication de certains revêtements, soit en poudre (linoléum), soit déroulé (sorte de papiers muraux), ou encore en petits fragments (dalles de revêtement).


Chêne kermès

La dernière espèce vivant à l’état sauvage en France est le Chêne kermès ; lui aussi est à feuilles persistantes, mais c’est un petit buisson épineux de 2 m de haut au maximum. Il constitue le principal élément de la garrigue méditerranéenne française. Contrairement au Chêne-Liège, il vit sur les sols calcaires. Les feuilles, petites (2-3 cm), persistantes pendant deux ou trois ans, sont vertes sur les deux faces, dentées et très épineuses ; cet arbuste constitue des fourrés impénétrables.


Chênes rouges

À côté de ces espèces authentiquement françaises, d’autres, originaires d’Amérique du Nord et caractérisées principalement par leur feuillage d’un rouge vif à l’automne, ont été introduites en France surtout comme arbres d’ornement. Elles appartiennent toutes au groupe Erythrobalanus. Les Quercus borealis, palustris, coccinea et ilicifolia (Chênes d’Amérique, des marais, écarlate et de Banister) sont les plus fréquemment employés. Les trois premiers sont de beaux arbres qui peuvent avoir 30 m de haut et ont des feuilles plus ou moins découpées à lobes aigus (Q. borealis), étroits (Q. palustris) ou en oblique (Q. coccinea). Le Chêne de Banister est au contraire un petit arbuste qui atteint péniblement 5 m et qui possède des feuilles trilobées. Pouvant vivre dans des sols très pauvres, très rustique, il est assez souvent planté, et on l’emploie pour constituer des remises à gibier.

J.-M. T. et F. T.

Chénier (André)

Poète français (Constantinople 1762 - Paris 1794).


Célèbre et pourtant presque inconnu, une œuvre réduite à quelques morceaux d’anthologie, une fin pathétique un jour de thermidor : André Chénier, victime de sa légende, reste encore pour beaucoup le poète mort jeune qui n’a pas eu le temps de donner la pleine mesure de son génie. De là la tentation de l’affadir ou de ne voir en lui que l’homme qui, « sur des pensers nouveaux », écrivit « des vers antiques ». Mais la perfection un peu molle de « la Jeune Tarentine » et de « la Jeune Captive » ne doit pas faire oublier d’autres accents ; l’angélisme païen de plusieurs pièces de Chénier ne saurait faire négliger la fougue, la spontanéité, l’enthousiasme créateur d’un poète frémissant et finalement révolté. « L’art ne fait que des vers ; le cœur seul est poète. » Qu’on ne s’y trompe pas toutefois : sous sa transparence, l’œuvre est souvent d’un accès difficile.