Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chêne (suite)

Suivant les régions, cette espèce montre quelques petites variations : c’est ainsi que, dans la partie nord et nord-est de la France, les Chênes pédonculés ont un port élancé, alors que, dans le Sud-Ouest, ils sont trapus, à branches étalées. On connaît en Sologne et en Brenne une race qui a ses feuilles et ses fleurs un mois après les autres, en juin, ce qui fait croire que l’on est en présence d’arbres morts ; cette particularité met ces individus à l’abri des gelées printanières. Une autre variété, fastigiata, très ornementale, dont le port ressemble à celui des Peupliers d’Italie, est assez souvent employée comme arbre d’ornement. Le bois, variable de qualité suivant les régions, est utilisé surtout en charpente, en menuiserie, pour les traverses de chemin de fer. Les glands servaient autrefois à nourrir les porcs.


Chêne sessiliflore (ou Chêne rouvre)

Le Chêne sessiliflore, très souvent confondu avec l’espèce précédente, possède des fruits dont le pédoncule est nul ou, en tout cas, plus court que le pétiole des feuilles. Ces dernières sont vert foncé, et leur largeur maximale se trouve vers le milieu du limbe, qui est à sept ou huit lobes arrondis. Les branches, plus ramifiées que pour le pédonculé, forment un feuillage plus dense ; cette foliaison est de dix à quinze jours plus précoce que pour l’espèce précédente. Le Chêne sessiliflore a sensiblement en France même aire que le pédoncule, mais il est surtout localisé en Europe centrale et en Asie occidentale. Cet arbre forme de belles futaies et domine dans les vieux peuplements forestiers. Au point de vue écologique, le Chêne sessiliflore prospère dans les sols acides nettement plus secs que ceux où vit le pédonculé, voire dans les sols arides : cette facilité d’implantation dans ces milieux influe d’ailleurs beaucoup sur la production du bois, qui est d’autant meilleure que la station est plus fertile ; il donne ainsi soit un très bon matériau pour l’ébénisterie et la menuiserie, soit, au contraire, un bois noueux peu favorable au travail.

C’est sur cette espèce qu’exceptionnellement on rencontre le gui, qui était dans l’Antiquité l’objet de cultes très répandus.


Chêne pubescent

Le Chêne pubescent ou laineux est un arbre de moyenne grandeur, qui atteint rarement 20 m. Ses feuilles, en cœur à la base, vert foncé et lisses à la partie supérieure, sont couvertes d’un duvet blanchâtre à la face inférieure ; souvent, celles-ci persistent sur les branches une partie de l’hiver une fois desséchées ; on dit alors qu’elles sont marcescentes. L’écorce, noirâtre, est profondément crevassée. Le Chêne pubescent est une espèce de grande lumière, qui affectionne particulièrement les coteaux secs calcaires, plus chauds que les coteaux siliceux. En France, abondant surtout en Languedoc, en Provence et sur les plateaux calcaires des Causses et du Périgord, il se rencontre çà et là jusque dans le Bassin parisien. Il vit surtout dans la partie méridionale et centrale de l’Europe ainsi qu’en Asie occidentale.

Une particularité de ce Chêne est d’accepter sur ses racines un Champignon (Tuber melanosporum, ordre des Ascomycètes) qui forme un tubercule verruqueux noir gros comme une noix ou même le poing : la truffe*. La création de nouvelles truffières s’obtient à partir de glands de Chêne pubescent provenant de truffières très actives. Le semis se fait soit en pépinières, soit en place, et, dans ce dernier cas, on choisit une station en pente bien exposée et dont le sol est argilo-calcaire : les sols molassiques donnent les meilleurs résultats.

Le bois, dur et noueux, est difficile à travailler ; il est surtout employé pour la fabrication du charbon de bois et le chauffage.


Chêne tauzin

Dans le groupe des Chênes à feuilles caduques portant des glands à maturation annuelle, il faut encore citer le Chêne tauzin, qui est un arbre peu élevé, atteignant péniblement 15-20 m de haut ; le tronc, à l’écorce noirâtre et profondément crevassée, est tortueux ; les racines sont traçantes et très drageonnantes. Les feuilles, pétiolées comme chez le sessiliflore, ont des découpures profondes et possèdent un léger duvet à l’état jeune ; adultes, elles deviennent vert foncé et pubescentes. Les glands, plus ou moins pédonculés, sont courts dans une cupule hémisphérique grise tomenteuse.

Au point de vue écologique, le Chêne tauzin est une espèce atlantique, qui s’éloigne peu du littoral, car elle craint le froid, mais qui a besoin d’une grande humidité atmosphérique ainsi que d’une bonne luminosité. Cette espèce, qui vit uniquement dans les landes acides, est surtout fréquente dans l’ouest de la France ; depuis le sud de la Bretagne jusqu’aux Pyrénées. Elle est abondante en Charente, en Périgord, dans les Landes et le Pays basque ; dans cette dernière région, elle est parfois traitée en têtard. On la retrouve en Espagne et au Portugal.

Le bois du Chêne tauzin est très peu estimé, car il se déforme au séchage ; il est employé en chauffage et pour la carbonisation. C’est parmi toutes les espèces de Chêne celle qui est la plus sensible à la maladie du « blanc de chêne », due à un champignon (oïdium) qui attaque les feuilles.


Chêne vert

La dernière espèce à maturation annuelle est le Chêne vert, Q. ilex, qui est à feuilles persistantes. C’est un arbre à tronc court, à nombreux rameaux ; l’écorce, noirâtre, est rugueuse. Suivant l’âge des sujets, les feuilles, persistantes (2 ou 3 ans), sont plus ou moins munies d’épines à l’extrémité de leurs nervures. Vert foncé sur la face supérieure, elles sont couvertes d’un duvet blanchâtre à la face inférieure et ressemblent assez à celles du Houx.

Très abondant dans la région méditerranéenne sur les sols bruns, le Chêne vert se rencontre en quelques stations isolées, en particulier dans l’Ouest ; le peuplement le plus nordique sur la côte atlantique se trouve dans l’île de Noirmoutier ; ce Chêne vit alors sur des sols secs et arides plus ou moins dégradés. Son bois, très dur, est cependant peu utilisé en menuiserie, surtout en raison de ses faibles dimensions ; c’est un excellent bois de chauffage, et le charbon de bois qu’il fournit est très apprécié. L’écorce, riche en tanin, est utilisée pour le travail des cuirs. Le Chêne vert est enfin, grâce à son port et à son feuillage, très estimé comme arbre d’ornement dans la région méditerranéenne et sur la côte atlantique.