Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cheminée (suite)

Les fondations, circulaires ou annulaires, doivent être suffisamment massives pour ne pas se renverser sous les effets d’un vent violent. Le fût, en section plane, est soit circulaire, soit polygonal (tout dépend du système de coffrage). L’épaisseur au sommet doit être d’au moins 15 cm ; à la base, elle est de l’ordre de 30 cm pour les cheminées de 150 m de haut et de 40 cm pour les cheminées atteignant 200 m. Des dispositifs retenant les suies sont installés à la base, où le ferraillage est très renforcé. L’intérieur comprend généralement une protection qui doit tenir compte de deux facteurs essentiels de dégradation : d’une part, les températures élevées, qui, en marche normale, atteignent 140 °C, et, accidentellement, 200 °C ; d’autre part, les fumées sulfureuses avec la plupart des combustibles utilisés (charbon pulvérisé, mazout, lignite), qui donnent naissance à de l’acide sulfurique ; cette protection est avantageusement assurée par une murette hourdée au mortier d’un ciment de bonne résistance chimique et peu sensible aux températures élevées. Constituée de briques réfractaires antiacides de 11 cm d’épaisseur, cette murette est assise sur des consoles circulaires bétonnées en même temps que la cheminée ; on la monte parallèlement à l’intrados de la cheminée, en ménageant avec ce dernier un vide de 10 cm. Le sable du mortier doit être siliceux ou quartzeux : le mortier est traité à la fois par entraîneur d’air et par plastifiant-réducteur d’eau ; le gâchage se fait avec une teneur en eau réduite par rapport au dosage de ciment, le rapport pondéral eau-ciment ne devant pas dépasser 0,5. D’autre part, il est extrêmement important de protéger le mortier contre une dessiccation prématurée durant son durcissement par une pulvérisation d’un vernis temporaire appelé curing compound. Les ciments les plus résistants à la chaleur et aux fumées acides sont le ciment alumineux fondu et le ciment pouzzolano-métallurgique. Enfin, les cheminées industrielles doivent être balisées la nuit pour la protection des avions en vol et être munies d’un paratonnerre.


Cheminées métalliques

Dans les installations industrielles de moyenne importance et pour celles dont les gaz à évacuer ne nécessitent pas de dépoussiéreur, on peut construire les cheminées en tôle avec un revêtement intérieur pour protéger le métal contre la corrosion par les fumées acides. Ce revêtement est constitué par un enduit de 3 à 4 cm d’épaisseur en ciment alumineux fondu ou en ciment pouzzolano-métallurgique, appliqué sur un grillage en métal déployé, bien agrafé à la paroi.

M. D. et R. D.

➙ Chaudière / Chauffage des locaux / Échangeur de chaleur / Ventilation des locaux.

 M. Véron, le Tirage. Annexe au cours de chauffage industriel (Conservatoire national des arts et métiers, 1950). / J. Michaut, Traité pratique de chauffage (Baillière, 1955). / A. Missenard, Cours supérieur de chauffage, ventilation et conditionnement de l’air (Eyrolles, 1957-1964 ; 5 vol.)./ A. Missenard et R. Cadiergues, le Chauffage, la ventilation, le conditionnement d’air (Eyrolles, 1960). / J. Ricard, Équipement thermique des usines génératrices d’énergie électrique (Dunod, 1962) ; Équipement thermique des centrales électriques (Société française des électriciens, 1964). / J. Louvière, le Tirage des cheminées à feu ouvert (Massin, 1973). / J. Debaigts, Cheminées et coins de feu modernes (Eyrolles, 1975).

Chêne

Grand arbre des forêts européennes, dont les espèces les plus communes ont des feuilles lobées et dont le bois sert en charpente et en menuiserie.



Généralités

Les Chênes sont des arbres ou des arbustes qui appartiennent à la famille des Fagacées (ou Cupulifères), comme les Châtaigniers et les Hêtres. Les 250 espèces (9 en France) sont presque exclusivement groupées dans l’hémisphère Nord (Europe, Bassin méditerranéen, zone himalayenne, Chine, Japon, États-Unis et Mexique). Elles vivent dans des stations très variées : sèches ou humides, calcaires ou purement siliceuses, en montagne ou en plaine. En de nombreux points du globe, tant de l’hémisphère Nord que de l’hémisphère Sud, on a trouvé des restes géologiques indubitables de ce genre ; les plus anciens proviendraient du Crétacé inférieur.

Les feuilles, alternes, sont extrêmement différentes suivant les espèces : entières, dentées ou pennatilobées, épineuses ou non, grandes ou petites et surtout caduques, marcescentes (feuilles mortes, mais restant attachées à l’arbre jusqu’au printemps suivant) ou persistantes. Les fleurs sont à sexes séparés, les mâles ayant de trois à quinze étamines et de quatre à douze pièces périanthaires ; elles sont groupées en chatons pendants grêles. Les fleurs femelles, peu nombreuses, parfois réduites à une seule dans chaque inflorescence, ont un périanthe composé de cinq à dix dents très courtes, et l’ovaire est à trois loges, surmonté de trois styles. Ces fleurs sont munies d’un involucre, l’origine de la cupule, qui va entourer plus ou moins complètement le fruit ligneux, le gland, qui est un akène à une seule graine.

La systématique des Chênes est fondée principalement sur les fruits, suivant que la maturation est annuelle (section Lepidobalanus) ou bisannuelle, les écailles de la cupule étant alors saillantes (section Cerris) ou appliquées (section Erythrobalanus) ; ce dernier groupe est exclusivement composé d’espèces américaines à feuilles caduques.


Chênes annuels

En France, quatre espèces sur les cinq à feuilles caduques sont du groupe Lepidobalanus : ce sont les Chênes pédonculé, sessiliflore, pubescent et tauzin ; à ces premières espèces se joint Quercus ilex, qui est à feuilles persistantes. Dans le groupe Cerris, il faut évidemment placer le Chêne chevelu, à feuilles caduques, et deux espèces à feuilles persistantes, le Chêne-Liège et le Chêne kermès.


Chêne pédonculé

Le Chêne pédonculé est un arbre de première grandeur, à fût cylindrique, très élevé, dont les plus beaux sujets peuvent atteindre 35, voire 40 m de haut et 2 m de diamètre. Leur âge est alors de plusieurs siècles (400 ans). La cime est à branches d’abord horizontales, puis fortement tortueuses et brusquement amincies vers leur extrémité. L’écorce, gris argenté et lisse pour les jeunes rameaux, se crevasse quand l’arbre atteint une cinquantaine d’années. Les feuilles, sessiles vert clair, un peu ondulées, sont profondément découpées en quatre ou cinq lobes, leur largeur maximale se trouvant vers le tiers supérieur. La fructification débute vers soixante ans et donne des glands oblongs, pendants, qui sont portés par des pédoncules beaucoup plus longs que le pétiole des feuilles.

Le Chêne pédonculé est un arbre à qui il faut beaucoup de lumière et qui croît dans les sols compacts et profonds. Aussi est-il fréquent de le rencontrer non seulement dans les forêts claires, où il est associé au Charme, mais aussi à l’état isolé dans les champs et sur les bords des rivières.

Il est présent dans presque toute la France, sauf dans les Alpes, la vallée du Rhône et la région méditerranéenne. Sa limite supérieure en montagne se place aux environs de 1 000 m ; quelques stations particulièrement bien exposées (stations xérothermiques) lui permettent d’atteindre exceptionnellement 1 100 et 1 200 m dans les Pyrénées.