Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

agglomération urbaine (suite)

La grande agglomération est une des formes les plus efficaces d’organisation de l’espace que l’humanité ait inventées, mais les problèmes qu’elle pose sont si nombreux et si graves qu’on se demande parfois si elle ne constitue pas une aventure dangereuse, voire une impasse. Les avantages qu’elle apporte, au plan de l’économie, sont peut-être contrebalancés par les dysharmonies et les désadaptations sociales qui la caractérisent, ainsi que par la dégradation du milieu naturel qu’elle fait naître.

Il ne semble pourtant pas que l’évolution qui conduit une part croissante de l’humanité dans les grandes agglomérations soit destinée à s’interrompre au cours des prochaines décennies. Au début du xixe s., on ne comptait encore sur la terre que quelques agglomérations millionnaires : certaines étaient anciennes, comme Constantinople ou Pékin, d’autres avaient pénétré dans cette catégorie au cours du xviiie s., comme Londres ou Paris. La révolution industrielle qui triomphe alors est marquée par une poussée urbaine rapide, mais inégale. Elle bénéficie essentiellement aux pays de peuplement européen : on voit s’y développer de grandes places de commerce, des ports, aussi bien dans la vieille Europe que sur les autres continents ; on voit surtout s’y multiplier les zones d’activité industrielle intense, où naissent les conurbations déjà évoquées.


Les types actuels d’agglomération

Jusque vers 1940, l’évolution se fait dans le même sens : les grandes agglomérations ne naissent guère que là où s’installe une économie de type moderne : l’U. R. S. S. devient ainsi un pays urbain à partir du moment où les plans quinquennaux précipitent son industrialisation. Mais les conditions ont bien changé depuis la Seconde Guerre mondiale. Le mouvement d’urbanisation est devenu général même là où la production stagne, où le démarrage économique n’a pas eu lieu. Les pays en voie de développement ont vu se multiplier leurs grandes agglomérations à un rythme qui étonne les Européens. L’urbanisation y présente cette particularité étonnante de se faire surtout au bénéfice des plus grands centres. Les bourgades, les petites villes, les villes moyennes ne bénéficient guère des transformations en cours. Tout se passe désormais comme si les pays qui accèdent au développement étaient condamnés à ne connaître, comme forme urbaine, que la grande agglomération. Cela tient à une transformation générale des conditions de l’économie : les bases de la hiérarchie des lieux centraux sont ébranlées par l’évolution contemporaine.

Dans les grands pays industriels, la même tendance à l’irrégularité s’observe. Les réseaux urbains du siècle dernier y étaient harmonieusement distribués, en dehors des bassins houillers, qui faisaient figure d’accidents. De nos jours les agglomérations les plus dynamiques ne se dispersent plus sur tout le territoire. Elles se concentrent volontiers dans des espaces restreints. Elles s’y ordonnent selon des configurations que l’on retrouve fréquemment. Elles se disposent souvent le long de corridors où les voies de communication les plus diverses et les plus efficaces se sont multipliées. Elles se répartissent parfois en cercle autour de zones demeurées essentiellement rurales, comme dans le cas de la Randstad Holland.

Au terme de l’évolution, les villes-régions finissent par se rejoindre presque, et constituent ce que l’on peut appeler, à l’image de la côte Atlantique aux États-Unis, une mégalopolis : un quart de la population américaine vit là sur moins de 120 000 km2, entre Boston et Washington. De San Francisco à San Diego, le long de la côte californienne, ou de Chicago à Pittsburgh, sur la rive méridionale des Grands Lacs, des concentrations du même type se dessinent déjà. Le Japon industriel s’est édifié sur un corridor urbain qui a des dimensions analogues, d’Ōsaka à Tōkyō, et la multiplication des moyens de liaison rapides y témoigne d’une évolution semblable à celle de la région mégalopolitaine.

En Europe, les concentrations humaines que l’on note le long de la mer du Nord, ou sur les bassins houillers qui lui sont grossièrement parallèles, sont aussi massives, mais la structure d’ensemble est moins clairement lisible : cela tient à la fois à une histoire plus longue et aux contraintes qu’ont maintenues jusqu’à une date récente les frontières culturelles ou politiques.

P. C.

➙ Circulation / Urbanisation / Ville.

aggloméré

Matériau de construction de formes géométriques régulières que l’on obtient en tassant dans un moule, par pilonnage, compression, serrage, diverses matières (sables, graviers, scories, mâchefers, pouzzolanes, fibres ou débris végétaux, etc.) agglomérées par un liant : ciment, plâtre, résine organique.


On peut distinguer les panneaux et les blocs.


Panneaux

Les panneaux ont pour qualités principales leurs grandes dimensions, leur faible densité et leur faible conductibilité thermique. En général, ce ne sont pas des matériaux porteurs, mais des matériaux de remplissage, de cloisonnement ou de revêtement. En principe, ce sont des matériaux fibreux agglomérés avec divers liants. Les plaques de plâtre peuvent rentrer dans cette catégorie.


Blocs

Les premiers blocs fabriqués en assez grande quantité ont été les agglomérés destinés à la construction et appelés suivant les régions parpaings, moellons, plotets, etc. Ils étaient naguère serrés à la main dans des moules en bois, puis en acier ; des presses simples donnèrent ensuite un serrage plus constant. Enfin la mécanisation permit d’augmenter le serrage et d’accroître la cadence. Aussi la fabrication initialement artisanale ou semi-artisanale, qui n’était pas toujours de très bonne qualité, s’est-elle industrialisée. Actuellement, la tendance est d’exiger des blocs de qualités précises et régulières, que peut seule permettre une fabrication industrielle rendue possible par l’utilisation de machines modernes perfectionnées, par la sélection des agrégats et enfin par l’emploi de ciments de plus en plus réguliers. La fabrication artisanale des agglomérés a donné naissance à l’industrie du béton manufacturé. C’est en effet le béton qui, par lui-même ou en liaison avec d’autres matériaux, répond le mieux aux techniques évoluées de préfabrication et de mécanisation des chantiers, et la construction moderne fait appel au béton plus qu’à tout autre matériau. L’industrialisation de la construction suppose donc une industrie préalable du béton. Les produits de l’industrialisation du béton manufacturé alimentent deux grands marchés : celui du bâtiment (habitation, industrie, agriculture) et celui des travaux publics (infrastructure et équipement du territoire).

La garantie de la qualité de ces bétons industriels, pour satisfaire plus sûrement l’utilisateur, suppose une normalisation et un contrôle systématiques.