(Prague 1316 - id. 1378), roi de Germanie (1346-1378), roi de Bohême (Charles Ier) [1346-1378], empereur germanique (1355-1378).
Par son père, le roi Jean de Bohême, il appartient à la dynastie de Luxembourg, qui exerce la royauté à Prague depuis 1310 ; par sa mère, Eliška, il descend des Přemyslides, qui régnèrent si longtemps sur la Bohême. Il reçoit à sa naissance le prénom de Venceslas. Son père l’envoie à l’âge de sept ans, en 1323, vivre à Paris à la cour des Valois, auprès de sa tante Marie, femme du roi Charles IV de France. C’est à Paris que, lors de sa confirmation, il prend définitivement le nom de Charles. Il s’imprègne de culture française et se marie avec la fille de Charles de Valois, Blanche, première de ses quatre épouses. Revenu en 1333 en Bohême avec le titre de margrave de Moravie, il dirige le royaume en l’absence de son père. La mort de celui-ci à Crécy en 1346 fait de lui officiellement le souverain de la Bohême.
Mais, comme son grand-père Henri VII, il veut obtenir la couronne impériale. Son élection comme roi de Rome en 1346 est contestée, et il arrive difficilement à s’imposer face à son rival Louis de Bavière. En 1355, il se fait couronner à Rome. Il aura le souci constant de renforcer le prestige impérial. Par la Bulle d’or de 1356, il fixe pour plus de quatre siècles la Constitution de l’Empire et fait du roi de Bohême le premier des quatre Électeurs laïques qui, avec trois princes ecclésiastiques, désignent désormais l’empereur.
Pour réaliser sa politique impériale, il doit s’appuyer sur un puissant royaume héréditaire, la Bohême. La tradition populaire et historique tchèque en fera le « père de la patrie » et idéalisera en lui l’État de Bohême à son apogée. Il aime la langue tchèque, il est fier de ses ancêtres et de la tradition slave. Mais son intérêt pour la Bohême résulte moins du nationalisme tchèque que d’une politique cohérente d’expansion dynastique. Il renforce d’abord la puissance territoriale du royaume en y joignant la Basse et la Haute Lusace, les duchés silésiens et même, après 1373, le Brandebourg. Mais, surtout, il impose son autorité à la noblesse et profite de ses liens étroits avec les papes d’Avignon pour consolider l’indépendance du clergé de Bohême. En 1344, Prague est élevée au rang d’archevêché, et la politique de Charles IV lui vaut l’appui de l’Église. Dans les villes, il soutient contre les corporations de marchands l’autorité traditionnelle du patriciat.
Il veut faire de Prague*, résidence de l’empereur, le centre culturel et commercial de l’Empire. Il la couvre de monuments et la cour de Charles IV devient un centre de rayonnement de l’humanisme. En 1348, l’empereur ouvre à Prague la première université de l’Europe centrale.
Pendant son règne, Charles IV a su consolider la puissance de ses États et les faire participer à la civilisation de l’Europe gothique.
B. M.
➙ Bohême / Prague.