Charente-Maritime. 17 (suite)
Au sud de la Charente, la Saintonge boisée offre des paysages plus variés où alternent des champagnes et des bois. Les champagnes sont d’amples dépressions, modelées dans des calcaires tendres, tapissées d’un sol fertile dérivé du calcaire. Domaine de l’habitat groupé en gros villages et des fermes isolées, les « maines », elles donnent une impression d’une richesse certaine. Cultures de blé et prairies tapissent les fonds les plus humides, tandis que les vignes ont été plantées sur les pentes les mieux exposées. Entre ces champagnes, les lignes de hauteurs correspondent aux secteurs où le calcaire a été protégé par des épandages de sables tertiaires portant des boisements : de là le nom de bois donné à ce pays, même si une grande partie de ces bois sont troués de clairières de défrichement et si, sur de vastes espaces, ils ont été détruits au siècle dernier pour chauffer les alambics. La Saintonge boisée est, par ailleurs, moins homogène que les régions situées au nord de la Charente. La Double saintongeaise, au sud, est très boisée. Les champagnes de Mirambeau et surtout de Jonzac (4 580 hab.) donnent des eaux-de-vie réputées. Plus dégarnies sont les champagnes les plus occidentales autour de Pons (5 418 hab.) et de Saujon (4 431 hab.), centre commercial très actif sur la Charente. Saintes (28 403 hab.) est la principale ville de cette région.
Aunis et Saintonge se terminent par un littoral ensoleillé (les précipitations, moins abondantes que dans l’intérieur, sont légèrement inférieures à 700 mm) et doux, où viennent certaines espèces méditerranéennes (dont le chêne vert). Les découpures de la côte traduisent les grandes lignes structurales. L’anticlinal de Saintonge se suit jusqu’à la presqu’île de la Coubre et dans l’île d’Oléron, celui d’Aunis jusqu’à Ré. Tranchés par la mer, ces calcaires donnent de basses falaises vives, mais seulement sur de très courtes sections, tant a été vigoureux le colmatage au cours de la période historique : marais « gats » où se lit le renoncement des hommes (région de Rochefort), marais desséché aux horizons dégarnis (ouest du Marais poitevin), marais mouillé aux aspects bocagers (est du Marais poitevin). Ces marais ourlent la rive nord de la Gironde et s’insinuent en golfes profonds le long des cours inférieurs de la Seudre, de la Charente et de la Sèvre Niortaise.
L’humanisation est la moins forte sur le littoral d’Aunis, de part et d’autre de La Rochelle. Au nord, les villages de la baie de l’Aiguillon sont spécialisés dans l’élevage des moules ; au sud, la fonction balnéaire tend à l’emporter entre La Rochelle et Rochefort (Fouras, Châtelaillon). Le déclin de Brouage et de Rochefort, dont le rôle sous l’Ancien Régime se traduit par l’existence de nombreuses constructions militaires autour de la « mer des Pertuis », est la conséquence du colmatage littoral récent. Rochefort (32 884 hab.), vieille ville militaire, s’est industrialisée (constructions aéronautiques, travail des métaux non ferreux).
Plus découpé et plus varié est le littoral saintongeais. L’ostréiculture est la principale activité de la basse Seudre, autour de Marennes et de La Tremblade, où les huîtres sont verdies dans d’anciens marais salants. Au débouché de la Gironde, Royan (18 694 hab.), une des principales stations balnéaires françaises, compte aussi une nombreuse population de retraités. La Côte de Beauté s’étire de Saint-Georges-de-Didonne à la forêt de la Coubre, où apparaissent aussi les premiers lotissements. Fortement ensoleillées, les îles ont conservé de petits vignobles de qualité. L’élevage des huîtres y est pratiqué, notamment à Oléron, et quelques marais salants sont toujours exploités à Ré. Toutes deux tirent de gros revenus du tourisme, notamment du tourisme familial (camping).
S. L.
➙ Aunis / Poitou-Charentes / Rochelle (La) / Saintes.
