Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Charançon

Insecte Coléoptère de la famille des Curculionidés.


Les Curculionidés, que l’on place dans la superfamille des Phytophagoidea, sont surtout caractérisés par un prolongement plus ou moins bien développé de la partie antérieure de la tête, le rostre. Ce prolongement porte les pièces buccales et les antennes. Les mandibules sont articulées verticalement, les antennes presque toujours coudées ; le premier article, ou scape, est bien différencié, et la massue antennaire comprend généralement trois articles. Les tarses sont cryptopentamères ; les larves, épaisses, sont d’un type particulier (curculionoïde) ; les nymphes, libres, sont munies de cinq ou six paires de stigmates ouverts. La famille comprend plus de 30 000 espèces, réparties sur toute la Terre. Presque toutes les espèces sont phytophages et s’attaquent aux différentes parties de la plante ainsi qu’aux graines entreposées. Il existe des espèces endogées, plus ou moins dépigmentées et parfois aveugles. Quelques-unes sont myrmécophiles, d’autres termitophiles. On connaît aussi des parasites (Calandres du genre Phaenomerus) vivant dans les galeries des Platypodites, dont ils attaquent les larves ; quelques commensaux dans les galeries ou les galles des autres Insectes. Plusieurs espèces de Curculionidés, en particulier les Bagous et certains Phytobius, vivent sous l’eau sur les plantes aquatiques et nagent avec peine. Ces Insectes respirent l’air qui s’échappe des plantes sous forme de bulles au cours de l’assimilation chlorophyllienne. Quelques cas de parthénogenèse irrégulière sont connus chez plusieurs Otiorrynchus. Chez la plupart des espèces, la ponte ne présente guère de particularité. Les œufs sont déposés isolément dans le sol ou les tissus végétaux de la plante-hôte. Il existe néanmoins quelques cas où l’on remarque au moment de la ponte, mais indépendamment de celle-ci, un comportement instinctif assez curieux. Des espèces se recrutant dans différents groupes, notamment parmi les Rhynchites, enroulent des feuilles et y déposent un ou deux œufs. Plusieurs individus peuvent contribuer à la fabrication du cigare, mais leur action n’est nullement coordonnée, et les femelles pondent leurs œufs aussi bien dans leur propre paquet de feuilles que dans celui qui aura été confectionné par d’autres. Les feuilles, en outre, peuvent être enroulées suivant des techniques différentes, et le cigare, comporter une ou plusieurs feuilles.

La famille des Curculionidés compte de nombreuses espèces nuisibles aux plantes cultivées, aux denrées emmagasinées et aux forêts.

F. P.

 R. Paulian, les Coléoptères, formes, mœurs, rôle (Payot, 1943). / P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de Zoologie, t. X, Insectes supérieurs et hémiptéroïdes (Masson, 1951).

charbon

Toxi-infection animale frappant les herbivores et transmissible à l’Homme.


Décrite chez le Mouton en France, la maladie animale a pratiquement disparu en Europe et en Amérique du Nord au xxe s. On l’observe encore dans les pays en voie de développement, surtout chez les Ovins, mais aussi chez les Bovins (Afrique) et les animaux herbivores sauvages.

L’animal, fébrile, a des convulsions et des hémorragies nasales. Il meurt rapidement avec, à l’autopsie, une congestion hémorragique de tous les organes, dont l’aspect noirâtre est à l’origine du nom de l’affection.

Le médecin français Casimir Joseph Davaine (1812-1882) a décrit le germe responsable : la bactéridie charbonneuse, bacille Gram positif, qui a la particularité de sporuler dans le sol après ensevelissement des cadavres. Cela explique la persistance du germe et la contamination de troupeaux revenant sur ces pacages, appelés autrefois champs maudits.

La maladie est transmissible à l’Homme par contact direct avec l’animal malade ou ses peaux, poils ou viandes. C’est une maladie professionnelle qui atteint le plus souvent les sujets au contact des bêtes malades (éleveurs, vétérinaires, équarrisseurs) ou de leurs dépouilles (trieurs de laine, ouvriers tanneurs, artisans de corne ou crin). En Europe, il s’agit essentiellement de tanneurs ou d’ouvriers manipulant de la poudre d’os (engrais) provenant d’animaux malades (Dunkerque, 1967).

À côté de la « pustule maligne » siégeant le plus souvent à la face, redoutable et sans traitement, on connaît le charbon pulmonaire (inhalation de poussières souillées), parfois encore mortel. Le charbon intestinal se rencontre en milieu tropical et est dû à la consommation de viande crue infectée.

Dans tous les cas, c’est l’examen bactériologique du prélèvement de la pustule ou des crachats qui authentifie le diagnostic soupçonné du fait des lésions et de la profession.

Le traitement est fondé sur les antibiotiques, très efficaces. La prophylaxie repose sur l’éducation sanitaire : il faut détruire les cadavres à la chaux vive. Il est possible de vacciner les animaux grâce au vaccin anticharbonneux, dérivé du vaccin de Pasteur. Il faut contrôler bactériologiquement les produits animaux importés.

P. V.

Chardin (Jean-Baptiste Siméon)

Peintre français (Paris 1699 - id. 1779).


Issu d’un milieu de petite bourgeoisie (son père est ébéniste), il décide de peindre et entre dans l’atelier de Pierre Jacques Cazes (1676-1754), qui le forme essentiellement à la manière du Nord. Il travaille plus tard chez Noël Nicolas Coypel*, qui lui fait exécuter les accessoires. Il participe avant 1728 à la restauration de Fontainebleau sous la direction de Jean-Baptiste Van Loo*.

Lorsqu’il commence à peindre, le goût, en France, est toujours dépendant des leçons de Watteau*, de l’art flamand et de Rubens*. Peu à peu, on voit s’affirmer dans la bourgeoisie en plein essor, riche et prudente, un goût de plus en plus vif pour le caractère intimiste de l’art septentrional. Le grand style a lassé les esprits et les yeux, symbole d’une période dont l’issue financière a été tragique. Dès le deuxième tiers du xviiie s., les incertitudes de la Régence surmontées par un renouveau économique, garant de stabilité, la bourgeoisie a tout loisir de se mettre au diapason de la noblesse. Avec, cependant, retenue et discrétion : on n’a pas oublié ses origines et l’on connaît la valeur de l’argent.