Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Char (René) (suite)

Cette attitude avant tout morale, voire politique, va à l’encontre de l’esthétique esthétisante qui ignore les prodigieuses questions qui se posent à l’homme en les exprimant en fonction d’une beauté désincarnée. La rigueur morale de Char trouve son équivalent dans la forme de ses poèmes, qui usent d’un minimum de moyens par l’intermédiaire de l’aphorisme. Le poème de Char ne s’attarde pas ; il attaque et, par l’utilisation de l’image, il fait éclater la confusion inhérente aux contradictions, que l’homme n’a pas encore acceptées. Mais l’image n’est jamais la résolution d’un problème ou esthétique ou moral, elle n’est que l’« étincelle nomade qui meurt dans l’incendie », aussitôt reprise par une autre image qui l’amplifie ou en présente un tout autre aspect, son œuvre s’acheminant ainsi dans une progression continue qui ne connaît pas la fin de la recherche de ses origines.

Depuis 1929, date de la parution de son premier recueil (Arsenal), il s’est rarement passé une année sans que Char fasse entendre sa voix, marquant ainsi ce travail permanent du créateur, cherchant la forme la plus rigoureuse du poème, instrument indispensable mais non suffisant pour permettre la naissance de cet homme libre qui est à conquérir contre cet « Occident bondé, content de soi ».

M. B.

➙ Engagement / France / Poésie / Surréalisme.

 G. Mounin, Avez-vous lu Char ? (Gallimard, 1946 ; rééd. dans la Communication poétique, Gallimard, 1969). / G. Rau, René Char ou la Poésie accrue (J. Corti, 1957). / P. Guerre, René Char (Seghers, 1962). / L’Arc, numéro spécial 22 (Aix-en-Provence, 1963). / S. Wise, la Notion de poésie chez André Breton et René Char (La Pensée universitaire, Aix-en-Provence, 1968). / D. Fourcade (sous la dir. de), René Char (l’Herne, 1971).

Charales ou Charophytes

Groupe de végétaux très curieux, très isolés dans le monde vivant, classé ordinairement parmi les Algues, mais présentant des caractères d’autres groupes, notamment des Mousses.


Ce sont tous des végétaux chlorophylliens, aquatiques, de couleur verte, ce qui les rapproche fortement des Chlorophycées. Ils se reconnaissent à la structure de leur thalle et à leur reproduction.


Structure du thalle

C’est dans le genre Chara que cette structure possède sa forme la plus complète. À première vue, la plante se présente comme filamenteuse, avec des sortes de « tiges » portant des verticilles régulièrement disposés de « feuilles » ; ces dernières portent les organes reproducteurs. Une coupe de la tige principale, entre deux verticilles, montre une grosse cellule centrale entourée de 6, 12 ou 18 cellules plus petites ; ces cellules sont très allongées, et l’ensemble comprend donc un gros siphon central et des filaments corticants, dits « siphons péricentraux ».

Une étude plus approfondie montre que la totalité de la plante est constituée d’axes, comparables à des tiges. L’axe principal est de tous le plus complet et le plus typique ; il se compose d’entre-nœuds, formés d’une seule très grande cellule centrale, dite « internodale », et de régions nodales où l’on peut distinguer un certain nombre de petites cellules, dites « nodales ». L’ensemble d’une région nodale et de la cellule internodale immédiatement inférieure constitue un segment. À l’apex de cet axe existe une cellule primordiale unique, de laquelle dériveront toutes les cellules de l’axe. Cette cellule se cloisonne transversalement pour donner une cellule inférieure, qui sera à l’origine d’un segment. Cette cellule se divise encore en deux, la cellule supérieure étant alors à l’origine des cellules nodales et la cellule inférieure étant d’emblée la cellule internodale ; il ne reste plus à celle-ci qu’à s’allonger considérablement (jusqu’à plusieurs centimètres), en même temps que ses noyaux se multiplient. La cellule supérieure, origine du nœud, se divise verticalement et donne un disque avec des cellules internes (cellules centrales) et des cellules externes (cellules péricentrales) ; ce sont ces dernières qui seront à l’origine des rameaux latéraux et, par l’intermédiaire d’une région nodale de deuxième ordre, des filaments corticants qui recouvrent les cellules internodales. Les axes secondaires, qui sont les rayons des verticilles, sont constitués, dans leur principe, exactement comme l’axe principal, mais on peut y observer un appauvrissement de la division cellulaire, une apparition plus tardive des complexes nodaux, un certain cintrage de l’ensemble donnant une bilatéralisation, alors que l’axe principal est toujours rectiligne. Les axes tertiaires sont les verticilles de ces axes secondaires, mais encore appauvris. Enfin, les filaments corticants sont également construits sur le même modèle, mais très modifiés : les rayons ne sont plus que des épines.


Reproduction

Les organes reproducteurs sont aussi, probablement, des axes modifiés. Les anthéridies, mâles, sphériques et de couleur orangée, montrent des cellules en écusson à l’intérieur desquelles se trouvent des filaments dont chaque cellule libère un anthérozoïde. Les organes femelles sont verts et un peu allongés : ils contiennent un œuf volumineux et sont enveloppés par cinq filaments étroitement appliqués et enroulés en spirale ; ils se terminent tous par une petite cellule apicale, et ces cinq cellules, surmontant l’ensemble, constituent la coronule. Une telle disposition n’est pas sans rappeler celle des archégones de Mousses, mais la vraie quasi-identité entre ce groupe et les Charales réside seulement dans les anthérozoïdes, biflagellés, allongés et en spirale.

Ces curieux végétaux sont connus depuis les temps les plus anciens (Dévonien) et étaient, au Tertiaire, au moins aussi abondants que de nos jours. Ils n’ont presque pas évolué et tiennent peu de place dans l’ensemble de la végétation, mais ils peuvent pulluler dans les eaux stagnantes ; certains genres sont caractéristiques des eaux saumâtres. Les Nitellas, à structure comparable à celle des Charas mais en plus simple, sont fréquentes dans les eaux douces courantes. Les Charales se recouvrent souvent d’une épaisse croûte calcaire, et l’on attribue à leur activité lithogène certains calcaires purbeckiens du Jura et des Alpes, la meulière des environs de Paris, etc.

On compare souvent les Charophytes aux plantes supérieures, mais il n’existe chez eux ni vaisseaux ni feuilles typiques pourvues d’un limbe.

M. D.

 R. Corillion, les Charophycées de France et d’Europe occidentale (Soc. scientifique de Bretagne, Rennes, 1958 ; 2 vol.). / R. D. Wood et K. Imahori, A Revision of the Characeae (Weinheim, 1964-65 ; 2 vol.).