Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Champlain (Samuel de) (suite)

 H. Deschamps, les Voyages de Samuel de Champlain (P. U. F., 1951). / R. Bilodeau, Champlain (H. M. H., Montréal, 1961). / M. Trudel, « Samuel de Champlain », dans Dictionnaire biographique du Canada, t. I (Presses de l’université Laval, Montréal, 1966). / R. Leblant et R. Baudry, Nouveaux Documents sur Champlain et son époque, 1560-1622 (Archives publiques du Canada, Ottawa, 1969).

Champollion (Jean-François)

Égyptologue français (Figeac 1790 - Paris 1832).


Ce fils d’un libraire de Figeac grandit au milieu des livres et fait preuve d’une extraordinaire précocité. À cinq ans, il apprend à lire seul ; à onze ans, il part pour Grenoble, où il se consacre au latin, au grec, à l’hébreu, puis au copte, et, quelques années plus tard, il communique à l’académie de cette ville le plan d’un ouvrage sur l’Égypte des Pharaons (publié en 1814). De 1807 à 1809, il est à Paris, suit des cours de perse, de sanskrit, d’arabe, se penche sur une copie de la pierre de Rosette et tente d’en déchiffrer les inscriptions. Interrompant ses études parisiennes, il va occuper à Grenoble une chaire d’histoire à la faculté, chaire qu’il conserve jusqu’en 1821 (avec une interruption de 1815 à 1818), avant de retourner à Paris. Le 7 août 1809, il présente une théorie sur l’écriture égyptienne : il découvre qu’entre les hiéroglyphes et le démotique il existe une troisième écriture, l’« hiératique », déformation cursive signe pour signe des hiéroglyphes. Outre le fac-similé de la pierre de Rosette, il dispose alors de textes nombreux, notamment de ceux qui, au retour de l’expédition de Bonaparte, ont été publiés dans les luxueux volumes de la Description de l’Égypte (1809).

En mai 1821, Champollion est capable de traduire un texte démotique en hiératique pour le transposer ensuite en hiéroglyphes. Sachant que le nom d’un souverain inscrit dans le cartouche de la pierre de Rosette est Ptolémée, il déduit que ce nom est écrit phonétiquement dans le texte : p-t-o-1-m-j-s. L’année suivante, il a sous les yeux la copie lithographiée de l’inscription hiéroglyphique de l’obélisque de Philæ, découverte par un collectionneur anglais, William John Bankes : l’inscription correspond à un texte grec gravé sur le socle. Il vérifie que le nom de Cléopâtre est écrit exactement tel qu’il l’a reconstitué à partir du démotique. Les deux cartouches « Ptolémée » et « Cléopâtre » lui fournissent ainsi douze lettres hiéroglyphiques différentes, base solide pour tout déchiffrement et qui lui permettra de reconnaître Alexandre, Tibère, Germanicus, Trajan. Le 14 septembre 1822, il examine les dessins d’hiéroglyphes que vient de lui envoyer d’Égypte l’architecte français Jean Nicolas Huyot : il y lit avec émotion non plus les noms de rois grecs ou d’empereurs romains de l’époque tardive, mais les noms de Ramsès (R-m-s-s) et de Thoutmôsis (Thot-m-s).

Champollion consigne ses résultats dans la fameuse Lettre à M. Dacier relative à l’alphabet des hiéroglyphes phonétiques, présentée à l’Académie des inscriptions et belles-lettres à la fin septembre 1822 : selon lui, l’élément phonétique constitue, à côté des signes idéographiques, la base de tout le système de l’écriture égyptienne. En 1824, son Précis du système hiéroglyphique précise les données de la Lettre, donne la lecture de nombreux autres noms, traduit des fragments entiers. De 1824 à 1826, Champollion visite les collections égyptologiques d’Italie, dont celle de Turin. En 1826, il est nommé conservateur du département égyptien du Louvre, puis, de 1828 à 1830, il parcourt la vallée du Nil et relève les inscriptions des monuments. Professeur d’égyptologie au Collège de France en 1831, il meurt le 4 mars 1832 d’une attaque d’apoplexie.

Son frère aîné, Jacques (1778-1867), publia après sa mort ses Lettres écrites d’Égypte et de Nubie (1833), ses Monuments de l’Égypte et de la Nubie (1835-1845), sa Grammaire égyptienne (1835-1841), « carte de visite pour l’éternité », suivant le mot de Champollion lui-même, et le Dictionnaire égyptien en écriture hiéroglyphique (1841-1843).

La pierre de Rosette

Cette stèle de basalte noir, de 114 cm de hauteur sur 72 cm de largeur, fut découverte pendant l’expédition d’Égypte, au cours de l’été 1799, par un soldat de l’officier du génie Bouchard lors de travaux au vieux fort de Rosette (en arabe Rachīd, à 70 km à l’est d’Alexandrie), appelé plus tard fort Julien. Elle porte trois inscriptions : l’une, mutilée, est en hiéroglyphes ; la deuxième est en caractères démotiques ; la troisième, écrite en grec, se termine par une ligne qui indique qu’il s’agit d’un seul et même décret, pris au printemps de l’an 196 av. J.-C. par une assemblée de prêtres égyptiens réunis à Memphis, en l’honneur du roi Ptolémée V Épiphane.

Le 15 septembre 1799, le Courrier de l’Égypte, no 37, décrit la pierre et signale qu’elle donnera peut-être la clef des hiéroglyphes. Elle est transportée à l’Institut d’Égypte du Caire, où l’on fait des copies des inscriptions à destination de la France. Un peu plus tard, elle est installée à Alexandrie, chez le général de Menou, mais, lorsque celui-ci capitule (1801), a pierre est saisie par les Anglais et envoyée au British Museum, où elle se trouve actuellement.

A. M.-B.

➙ Écriture / Égypte.

 H. Hartleben, Champollion. Sein Leben und sein Werk (Berlin, 1906 ; 2 vol.). / M. Pourpoint, Champollion et l’énigme égyptienne (Cercle français du livre, 1963). / D. Sorokine, Champollion et les secrets de l’Égypte (Nathan, 1967).

chancre

Nom donné à des ulcérations le plus souvent vénériennes et d’origines diverses (parasitaire, bactérienne ou virale).


• Chancre syphilitique. Survenant sur la peau ou les muqueuses, quinze jours après la contamination, il siège surtout aux régions génitales, à la bouche et à l’anus. Indolore, rond ou ovalaire, bien tracé, il repose sur une base indurée, accompagné d’une adénopathie satellite (un gros ganglion et plusieurs petits), non inflammatoire. Le chancre n’est pas toujours ulcéreux ; il peut être érosif, papuleux, nodulaire, herpétique, nain ou géant. Accident primaire de la syphilis*, très contagieux, sa sérosité, examinée à l’ultramicroscope, recèle la présence de Tréponèmes.