Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

chancre (suite)

• Chancre mou ou chancrelle. Apparu quelques jours après le coït infectant, c’est une ulcération profonde, à bords décollés, à fond irrégulier et purulent. Non induré, mais douloureux, il se complique, quand il n’est pas traité, dans un quart des cas, d’une adénopathie inflammatoire (bubon). Rarement unique, car auto-inoculable, il est, mis à part l’anus, exceptionnellement extra-génital. Dû au Bacille de Ducrey, il provoque une intradermo-réaction positive avec la streptobacilline. La streptomycine et la sulfamidothérapie générale le guérissent rapidement.

• Chancre mixte de Rollet. Il relève de l’association du Bacille de Ducrey et du Tréponème.

• Chancre pianique. Tantôt ulcéreux, tantôt papillomateux, c’est l’accident primaire du pian. Due au Tréponème pertenue, cette tréponématose des zones forestières et humides des pays intertropicaux est de contamination extra-vénérienne.

• Chancre scabieux. Ce n’est en réalité qu’un sillon de gale* ouvert par grattage et siégeant sur le fourreau de la verge ou sur le gland.

• Chancre tuberculeux. Exceptionnel, il est caractérisé par l’aspect graniteux de son fond, l’absence d’induration et le ramollissement tardif de son adénopathie satellite.

• Chancre lymphogranulomateux (maladie de Nicolas-Favre). Très petit, il passe souvent inaperçu. Simulant l’herpès ou la syphilis, il associe une adénopathie inguinale faite de plusieurs ganglions agglomérés en un placard de périadénite. Celle-ci ne tarde pas à se cribler de plusieurs orifices (poradénite) laissant sourdre un pus visqueux. Consécutive à une contamination sexuelle, la maladie est due à un virus découvert par Miyagawa. Elle est confirmée par l’intradermo-réaction de Frei. On la traite par la chlortétracycline, les dérivés antimoniaux, la radiothérapie.

A. C.

Chandigarh

V. nouvelle de l’Inde, capit. des États du Pendjab et, depuis 1966, de l’Haryana ; 219 000 h.


La nécessité de redonner au Pendjab une capitale et de loger les hindous réfugiés du Pākistān explique la naissance de Chandigarh. Sa réalisation fut confiée en 1950 à Le Corbusier*, qui s’associa Pierre Jeanneret, Maxwell Fry et Jane Drew. Le site avait été choisi par les services techniques du Pendjab, et le premier plan établi par l’Américain Albert Mayer. Le Corbusier reprit ce plan, apportant des modifications de tracé et donnant à l’ensemble une structure monumentale. Le centre d’affaires au cœur de la ville, le centre politique ou « Capitole », au nord-est, le secteur industriel à l’extérieur de la cité et la vallée des loisirs avaient déjà été définis. Le principe qui détermina la physionomie particulière de Chandigarh est celui de la hiérarchisation des voies de circulation. La règle des Sept V (on dut ici en ajouter une huitième, celle des bicyclettes) permet, d’après Le Corbusier, de résoudre les problèmes de circulation en séparant les axes selon leur mode d’utilisation : voie de liaison interville, voie urbaine, rue marchande, vallée des loisirs.

De larges boulevards cernent des secteurs quadrangulaires (800 sur 1 200 m) qui forment les unités de voisinage à l’échelle de la vie quotidienne. Chacun doit, en principe, comporter des écoles primaires, des magasins et un centre d’animation. Jusqu’à présent, dans les quartiers réalisés, ce centre ne s’est matérialisé que par l’implantation d’un marché en plein air qui leur donne un aspect de village. La ville a été conçue pour 500 000 habitants ; une première tranche de constructions pouvant accueillir 150 000 personnes est maintenant achevée. Le centre d’affaires, réservé aux piétons et où personne n’habite, est une immense place aux dimensions plutôt inhumaines, que baigne un soleil implacable : les rues pour piétons ont 40 m de large et plus d’un demi-kilomètre de long. Les grandes avenues, faites pour un trafic intense et sur lesquelles ne donnent que des façades aveugles et des murs de protection, sont encore vides d’hommes et de voitures. Les secteurs situés près du Capitole, ensemble prestigieux de palais se reflétant dans des bassins, lieu symbolique comparable à la place des Trois-Pouvoirs de Brasília, ont été réservés aux ministres, accentuant la ségrégation sociale qui se fait jour dans les différents quartiers.

En appliquant rigoureusement le principe de la séparation des fonctions urbaines, il est à craindre que Le Corbusier, fidèle au dogme de la charte d’Athènes (habiter, travailler, circuler, se cultiver le corps et l’esprit), n’ait tendu à détruire la notion même de l’« urbain ». Lumière, verdure, espace, silence ont été ses seules préoccupations en matière d’urbanisme. Cette vision apparaît contestable dans la mesure où elle tient pour mineures les aspirations d’échanges, de relations, de participation de l’individu. Au-delà de Chandigarh, si peu ville indienne, c’est toute une conception de l’urbanisme, celle de la « dictature de l’angle droit » dénoncée par le sociologue Henri Lefebvre, qui pourrait être condamnée.

M. M. F.

Chang (époque)

En pinyin Shang. Première dynastie historique avec laquelle apparaissent en Chine du Nord, dans la vallée moyenne du fleuve Jaune, la technique du bronze, l’usage de l’écriture et les premiers essais d’urbanisme (xviiie-xiie s. av. J.-C.).


Il y a peu de temps encore, rien n’établissait la filiation entre la culture néolithique et la brillante période d’Anyang (Ngan-yang), dernière capitale de la dynastie Shang (Chang). Les nombreux sites fouillés dans la province du Henan (Ho-nan) depuis les années 50 comblent en partie cette lacune.

Si Erlitou (Eul-li-t’eou), dans la plaine de Luoyang (Lo-yang), correspond à la capitale établie par le fondateur de la dynastie, Zhengzhou (Tcheng-tcheou) serait celle qui fut occupée du xvie au xive s. av. J.-C. La ville, entourée d’un rempart en pisé, couvrait une superficie de 3 km2. Les vestiges de fonderies de bronze, de fours de potiers, d’ateliers de sculpture sur os ont été retrouvés. Reflet d’une société hiérarchisée, les habitations comprenaient des maisons à demi souterraines pour les gens du peuple et des maisons élevées sur des terrasses en terre battue pour la classe noble. Des colonnes en bois qui supportaient le toit, il ne reste plus que les bases de pierre ou de bronze. À côté d’un outillage de chasseurs et d’agriculteurs, le matériel exhumé comporte des vases en bronze utilisés pour les sacrifices au dieu du Sol et aux ancêtres. Les formes, trapues, s’associent à un décor en léger relief composé de motifs simples. Les parois, minces, sont d’un alliage de qualité médiocre.

Ces bronzes, petits et qui ont généralement un fond plat, apparaissent comme des préfigurations plus grossières des pièces magnifiques de la fin de la période Shang.