Cestodes (suite)
On divise la classe des Cestodes en neuf ordres d’inégale importance, parmi lesquels nous retiendrons les Cyclophyllidés (Tœnia, Hymenolepis, Échinococcus, Dipylidium), les Pseudophyllidés (Diphyllobothrium, Ligula) et les Tétrarhynchidés (Tetrarhynchus). Près des Cestodes, on range les Cestodaires, parasites de Poissons, dépourvus de scolex et n’ayant qu’un seul segment.
Rôle pathogène des Cestodes chez l’Homme
Affections dues aux Ténias adultes
Les Ténias sont responsables des tæniasis. Le Ver solitaire (Tænia solium ou Ténia armé) peut mesurer de 2 à 8 m de long. Il vit dans la première portion de l’intestin grêle, seul, car sa présence détermine un état d’immunité vis-à-vis de tout autre Tænia solium. Les anneaux sont éliminés avec les selles, où l’on retrouve des œufs, ou embryophores, au centre desquels on voit les embryons hexacanthes. L’hôte intermédiaire est le Porc, chez lequel la larve cysticerque est fixée dans le muscle. L’Homme s’infeste en ingérant la viande de Porc mal cuite, de telle sorte que la répartition géographique de ce tæniasis est conditionnée par les mœurs alimentaires. La fréquence en est relativement faible en France, où la surveillance des viandes de Porc dans les abattoirs (élimination des Porcs atteints de cysticercose, ou ladrerie) tend à faire disparaître cette parasitose. Taenia saginata mesure en moyenne de 3 à 4 m, mais il peut atteindre jusqu’à 12 m de long. Sa morphologie et sa biologie sont très proches de celles de Taenia solium. Cependant, il s’agit d’un Ténia inerme, c’est-à-dire dépourvu de crochets, dont les anneaux sont éliminés activement en dehors des selles à travers le sphincter anal. L’hôte intermédiaire est le Bœuf, qui héberge la larve cysticerque dans son tissu graisseux. L’infestation humaine se fait par ingestion de viande de Bœuf parasitée, crue ou insuffisamment cuite. Deux à trois mois après cette ingestion, le Ténia est devenu adulte, responsable de troubles digestifs divers, à type de boulimie ou, au contraire, d’anorexie. Des troubles nerveux peuvent être associés. Cosmopolite, ce taeniasis est assez fréquent en France. Le traitement repose aujourd’hui sur l’administration, en prise orale, de niclosamide, qui a supplanté les autres prescriptions, tels la classique pellétiérine ou l’extrait de fougère mâle. D’autres taeniasis peuvent être encore observés, tel celui qui est dû au Ténia nain, assez fréquent sous les tropiques et fort mal toléré, que l’Homme contracte en ingérant du pain insuffisamment cuit contenant des Vers de farine ayant absorbé les œufs de ce Ténia.
Affections dues aux larves de Ténias
Parmi les formes larvaires responsables de troubles chez l’Homme, dans certaines circonstances exceptionnelles, la cysticercose est due à la larve cysticerque de Taenia solium. Elle se traduit par des calcifications musculaires, des localisations oculaires et surtout cérébrales de pronostic sévère. La cénurose est due à la forme larvaire de Taenia multiceps du Chien. Elle sévit habituellement chez les Moutons, provoquant le tournis. Dans ces deux cas, l’Homme intervient comme hôte intermédiaire accidentel. L’hydatidose s’observe dans les régions d’élevage de Moutons, où vivent également les Chiens. L’Homme s’infeste accidentellement, et le développement de la larve hydatide, constituée par une membrane germinative, sur laquelle prennent naissance des vésicules proligères, tapissées elles-mêmes d’une seconde membrane, sur laquelle se développent les scolex, aboutit à la formation d’un kyste hydatique. Celui-ci se développe surtout au niveau du foie et peut se compliquer de surinfection, de fissuration ou d’ictère par rétention biliaire. Le seul traitement est chirurgical. En son absence, le kyste peut se calcifier et devenir latent, mais le risque de rupture demeure, avec la possibilité de dissémination. Cette dissémination s’observe d’ailleurs avec une autre espèce, le Ténia échinocoque, responsable de l’échinococcose alvéolaire, affection très sévère d’Europe centrale.
Affections dues au Bothriocéphale
À part se situe la bothriocéphalose, due à ce grand Cestode dont le cycle évolutif exige deux hôtes intermédiaires (Crustacés, puis Poissons d’eau douce). L’Homme s’infeste en mangeant des Poissons et peut présenter ainsi une anémie mégalocytaire qui serait due à l’avidité du Ver pour la vitamine B12. La sparganose peut être observée chez l’Homme après enkystement de la seconde forme larvaire d’un Bothriocéphale habituellement parasite du Chien. On rencontre cette affection en Extrême-Orient, après application de Grenouilles écorchées sur l’œil (rite magique), puisque aussi bien ces Batraciens constituent le deuxième hôte intermédiaire de ce parasite.
M. D. et M. R.