Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

céréales (suite)

Écologie et aire de culture


Exigences climatiques

Pour assurer leur croissance (accroissement de poids d’organes existants) et leur développement (apparition d’un organe nouveau), les céréales présentent des exigences climatiques dont l’intensité de satisfaction définit le niveau de production par rapport au maximum possible.

Trofim Denissovitch Lyssenko (né en 1898) et ses successeurs ont mis en évidence deux types de besoins pour le développement des céréales. D’une part, les variétés d’hiver exigent une thermopériode froide pour que puisse débuter la montaison ; cette exigence est moins stricte ou nulle pour les variétés alternatives ou de printemps. D’autre part, la mise à fleur est d’autant meilleure (par la fertilité et le nombre de fleurs) que la photopériode suivant la thermopériode est plus longue. C’est une des causes de la faible extension des céréales tempérées dans les zones équatoriales d’altitude.

La croissance débute au zéro de végétation, qui est de 0 °C pour le Blé, l’Orge et le Seigle, et un peu supérieur pour l’Avoine. Pendant la phase de tallage, la résistance au froid est grande, plus qu’après la germination, où le rhizome est assez sensible. C’est le Seigle qui est le mieux adapté au froid, puis le Blé, l’Orge et l’Avoine, cette dernière résistant mal à – 10 °C. En durée totale de végétation, les variétés les plus précoces en Orge et en Blé demandent respectivement 80 jours et au moins 3 mois, et une somme de températures moyennes de l’ordre de 1 500 °C. La durée de végétation peut aller jusqu’à 15 mois en culture bisannuelle de montagne. En interaction avec la température, les besoins en eau sont relativement faibles pour le Blé et l’Orge, mais élevés pour l’Avoine, qui résiste mal à la sécheresse ou à l’échaudage.

Les conditions optimales sont limitées par le risque d’attaque mycélienne : on a remarqué que les céréales tempérées, en particulier le Blé, n’existent pas lorsque la pluviométrie annuelle et la température moyenne des deux mois précédant la récolte sont de l’ordre respectivement de plus de 1 200 mm et de plus de 20 °C, conditions qui favorisent les champignons.


Aire de culture

C’est le Seigle qui est le plus septentrional, avec quelques variétés d’Orge de printemps (à cause de leur cycle végétatif très bref), puis le Blé, qui remonte jusqu’au 66e parallèle nord. Les limites méridionales dans l’hémisphère Nord sont définies par des régions suffisamment sèches ou fraîches : le Blé est important au nord du Sahara et se retrouve sur les plateaux équatoriaux d’altitude (Cordillère des Andes, Afrique équatoriale orientale).

Comme cycles culturaux, on rencontre surtout les céréales de printemps ou d’hiver en culture principale. Signalons cependant des essais de Blé ou d’Orge en seconde culture de l’année en Afrique occidentale sahélienne, et le cas de cultures bisannuelles de montagne (Savoie) : semis de mai, tallage pendant l’été, et épiaison l’année suivante, après l’hiver.

À l’intérieur de cette aire, les sols doivent présenter une réserve en eau capable de pallier l’irrégularité des pluies ; cela dépend, notamment, de la finesse de la texture et de la profondeur de l’enracinement. Les sols à excès d’eau important ne sont pas favorables (risques de piétin verse). La résistance à la salure est bonne, surtout pour l’Orge, le Blé supportant 5 g de sel au litre. D’une manière générale, l’Avoine et le Seigle bornent la gamme de pH possible, le Seigle acceptant jusqu’à un pH de 4,5.


Les ennemis et les accidents végétatifs


Les parasites

• Les viroses et les bactérioses ne sont pas actuellement importantes chez les céréales. Les premières sont peu spécifiques. Elles s’attaquent à de nombreux genres de Graminacées, ce qui rend difficile la lutte culturale. On peut citer quelques mosaïques : mosaïque striée du Blé, bigarrure de l’Orge. Les secondes, qui attaquent les pièces florales, sont beaucoup plus spécifiques, ce qui permet d’utiliser, le cas échéant, des variétés résistantes et d’adapter des successions culturales.

• Les mycoses sont de loin les plus dangereux parasites, surtout les rouilles et les piétins.

Les rouilles (Puccinia) parasitent l’appareil aérien, qu’elles réduisent, diminuant ainsi la photosynthèse et altérant le métabolisme ; elles permettent alors des infections secondaires. Le très grand nombre de races (plus de 130 pour la rouille noire) rend difficile la recherche de variétés résistantes. Les facteurs écologiques favorables sont l’humidité et une température moyenne élevée.

Les piétins, appellation générique des parasites de la base de la tige, favorisent l’échaudage (Ophiobolus graminis Sacc) ou la verse (Cercosporella herpotrichoides Fron) ; ce sont les plus permanents, qui interdisent fréquemment la succession Blé sur Blé. Ils sont présents surtout chez le Blé, mais il existe d’autres espèces pour les autres céréales : Leptosphaeria herpotrichoides Notar pour le Seigle, par exemple.

• Les charbons (Ustilago sp) et les caries (Tilletia sp) se maintiennent dans toute l’aire de culture des céréales, mais ils ont perdu de leur importance avec le traitement des semences. Ils sont spécifiques (il existe des espèces différentes pour les diverses espèces de céréales) ; les premiers infectent l’ensemble de la plante et détruisent toutes les pièces florales sauf le rachis, tandis que les secondes ne s’attaquent qu’au grain.

• Il existe d’autres maladies, d’une importance inégale, chez les céréales : l’helminthosporiose, grave chez l’Orge ; l’ergot, dangereux surtout chez le Seigle (Claviceps purpurea Fr Tul) ; les septorioses, les pythioses et les attaques de Rhizoctonia sp, parfois sévères, mais irrégulières.

D’une manière générale, il n’existe pas de méthode curative au champ ; aussi cherche-t-on la protection dans la désinfection des semences, la recherche de variétés résistantes et de techniques culturales adaptées (enfouissement de résidus de culture, successions de cultures).