Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

céréales (suite)

Les céréales tempérées

Les céréales cultivées actuellement appartiennent à la famille des Graminacées, sauf le Sarrasin, dont l’importance est devenue très faible. Elles ont en commun d’être toutes annuelles ou bisannuelles ; ces dernières formes sont dites « d’hiver », car l’induction de floraison peut être reçue peu de temps après le début de la germination. Elles ont toutes le même nombre chromosomique de base, n = 7, et, sauf le Seigle, sont autogames.


Le Blé

Il appartient à la tribu des Hordées, sous-tribu des Triticinées, genre Triticum. Les espèces du genre, annuelles ou bisannuelles, sont sauvages et réparties dans toute la région circum-méditerranéenne, ou cultivées et occupant le monde entier. Elles ont un port dressé avec des inflorescences terminales (épis). Les épillets, alternes sur le rachis, comportent de deux à cinq fleurs, deux au plus étant fertiles ; les autres sont uniquement staminées. Il existe des hybrides avec les genres voisins : Ægylops, Agropyrum, Secale, qui sont plus ou moins fertiles.

• Classification du genre « Triticum ». Depuis Vavilov et Flacksberger, on distingue trois congregatio selon la ploïdie ; il n’existe pas en effet d’espèces de Blé au sens classique, mais des variétés di-, tétra- ou hexa-ploïdes. On connaît quatre formes distinctes du génome de base : — le génome A, caractéristique du genre Triticum ; — le génome B, présent dans toute la sous-tribu ; — le génome G, chez quelques variétés seulement ; — le génome D (C chez les Anglo-Saxons), que l’on trouve aussi dans Ægylops.

• Origines des formes cultivées. C’est très probablement en Asie Mineure que la plupart des types anciens sont apparus. Aux confins de l’Iraq, de l’Iran et de la Turquie sont apparues les formes hexaploïdes les plus anciennement cultivées ; or s’y recoupent les aires d’extension de Triticum œgylopoides (2 n, A), Ægylops speltoides (2 n, « S » analogue à B) et Æ. squarrosa (2 n, D). La plupart des formes sauvages ayant une très grande aire, des croisements ont donc pu se produire secondairement avec des espèces importées.


L’Orge

Elle appartient à la tribu des Hordées, sous-tribu des Hordinées, genre Hordeum. Les espèces, annuelles, bisannuelles ou vivaces, se rencontrent sur le pourtour méditerranéen, comme les Triticum. L’inflorescence est un épi ; à chaque nœud du rachis il y a trois épillets ; celui du milieu est toujours fertile, les latéraux sont soit plus ou moins fertiles et sessiles (Orges à 6 et 4 rangs), soit stériles et pédoncules (Orges à 2 rangs).

• Classification du genre. Il est subdivisé en quatre sections : Stenotachys Nevski ; Campestria Ands, annuelles (exemple : H. murinum L) ; Bulbohordeum Nevski, vivaces (exemple : H. Bulbosum L) ; Cerealia Ands, annuelles ou bisannuelles (H. sativum Jessen). Cette dernière section inclut l’espèce cultivée, qui est, à la différence du Blé, bien définie. Toutes les Cerealia, à quelques exceptions près, sont diploïdes.

• Origine de l’espèce cultivée. H. Spontaneum C. Koch est pratiquement toujours considérée comme étant l’ancêtre des Orges à 2 rangs : elle est abondante en Asie occidentale et en Afrique du Nord, mais a été signalée jusqu’au Tibet. Sa domestication remonte au moins à cinq millénaires. H. agriocrithon Aberg, sauvage également au Tibet, est considérée comme origine des variétés à 6 rangs. (Les Orges à 6 rangs sont appelées escourgeon ; cette dénomination n’est pas absolument constante, recouvrant quelquefois soit les Orges à 2 ou 6 rangs d’hiver, soit les Orges fourragères également à 2 ou 6 rangs.)


L’Avoine

Elle appartient à la tribu des Avénées, genre Avena. Ce dernier est voisin des genres Holcus, Trisetum, Ventanata. L’inflorescence est une panicule rameuse, avec des épillets comportant de 2 à 8 fleurs et barbus. Le genre comprend une cinquantaine d’espèces annuelles, bisannuelles ou vivaces dans les régions tempérées.

• Classification du genre « Avena ». Il est divisé en deux sections : — Euavena Grisebach (espèces annuelles, toutes les avoines cultivées) ; — Avenastrum Cosson Koch (espèces vivaces, entre autres A. elatior, quelquefois cultivée comme plante fourragère).

• Origine de l’espèce. C. Moule estime que les Avoines cultivées en France appartiennent pour la plupart à l’espèce A. sativa, et pour quelques-unes à l’espèce A. byzantina ; mais il y a d’autres filiations possibles dans d’autres régions.

La culture de l’Avoine est récente, puisque les traces les plus anciennes précèdent de peu l’ère chrétienne. Ce serait dans le nord de l’Europe que, fréquente dans les cultures de blé, elle a commencé à être cultivée seule. Les formes sauvages originelles se rencontrent dans toute l’Europe et l’Amérique du Nord (où A. fatua est une adventice redoutable), dans toute l’Asie non tropicale, dans l’Afrique méditerranéenne et en Éthiopie.


Le Seigle

Il appartient à la tribu des Hordées, sous-tribu des Triticinées, genre Secale. L’inflorescence est un épi peu dense ; les épillets, alternes sur le rachis, comportent trois fleurs, dont l’une est stérile. La glumelle inférieure porte une arête caractéristique. Le genre comprend quelques espèces annuelles, bisannuelles ou vivaces, toutes tempérées.

• Classification des Seigles. Le genre Secale comprend deux groupes : — les vivaces (Secale montanum Guss) ; — les annuels (Secale villosum L, S. fragile M. B., S. Vavilovi, S. africanum et S. céréale L).

Certains auteurs regroupent certaines espèces. Il faut aussi noter l’existence d’hybrides avec les Triticum, dénommés Triticale.

• Origine de l’espèce S. céréale. C’est S. montanum qui est le plus souvent considéré comme l’ancêtre du Seigle cultivé ; cependant, des affinités existent avec les espèces S. fragile, S. Vavilovi et S. africanum. C’est S. villosum qui est la plus éloignée. Des formes sauvages, annuelles ou bisannuelles, mais voisines de S. montanum, ont parfois été regroupées comme S. ancestrale. La phylogénie reste mal connue.

Le Seigle est cultivé depuis le Ier millénaire av. J.-C., d’abord dans les Alpes du Nord ; il s’est étendu en Asie, où il existe sous des morphologies très variées.