Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cartilage (suite)

Les chondrosarcomes sont des tumeurs malignes composées essentiellement de cartilage. Primitifs, ils se développent sur un os apparemment normal et sont alors le triste apanage des sujets jeunes ; ils peuvent être aussi secondaires à une tumeur cartilagineuse préexistante (exostose ostéogénique ou chondrome vrai). Le pronostic en est grave, bien que moins sévère que celui des ostéosarcomes.

Les corps étrangers cartilagineux des articulations représentent un type fréquent de lésion articulaire, caractérisé par la présence de productions osseuses ou cartilagineuses uniques ou multiples, libres ou fixées aux parois et nées aux dépens des éléments propres de l’articulation. En dehors des corps étrangers des arthrites chroniques, des arthropathies tabétiques et des traumatismes, dont l’étiologie est évidente, il existe deux affections bien particulières qui, bien que de pathogénie discutée, relèvent de la pathologie du cartilage :
— l’ostéochondrite disséquante (maladie de Koenig), où des fragments de cartilage articulaire se détachent par suite de la nécrose avasculaire de la zone osseuse sous-jacente (souvent unique, le corps étranger réalise la classique « souris articulaire ») ;
— l’ostéochondromatose synoviale, où des fragments cartilagineux se forment aux dépens de la membrane synoviale.

Quelle que soit leur origine, ces corps étrangers se rencontrent essentiellement au genou et au coude. Souvent bien tolérés, ils peuvent être la cause de blocages articulaires et nécessiter l’intervention chirurgicale.


Cartilage et rhumatismes

Au cours des rhumatismes, les lésions du cartilage sont habituelles. Ainsi, la lésion élémentaire de l’arthrose (v. articulation) est un vieillissement prématuré du cartilage, qui s’érode, puis s’ulcère sous l’influence de facteurs encore hypothétiques.

À l’opposé, dans la plupart des rhumatismes* inflammatoires, l’atteinte cartilagineuse est un phénomène tardif, qui succède à l’atteinte de la synoviale articulaire.

Une affection rare, d’origine encore inconnue, la polychondrite atrophiante chronique, est caractérisée par une destruction progressive et extensive du cartilage. Sont atteints non seulement les cartilages articulaires, mais aussi ceux du nez, des oreilles et parfois de la trachée et des bronches.

M. B.

cartographie

Ensemble de techniques et de méthodes ayant pour objet la représentation, à une échelle donnée, de la surface de la Terre ou de toute autre planète.



Généralités

• La cartographie a une double nature : technique et méthodologique. D’une part, elle réclame la maîtrise de procédés parfois très complexes, comme ceux qui ont trait à l’impression des cartes en couleurs ; d’autre part, elle demande une réflexion intellectuelle à la fois sur le but des représentations de la Terre et sur les publics auxquels celles-ci s’adressent ; c’est ainsi qu’une carte destinée à la navigation aérienne ne peut être conçue comme un plan de métro.

• Ces représentations sont généralement des cartes et des plans, plus rarement des globes et des maquettes en relief. Non seulement la transposition du paysage sur une feuille de papier, ou sur tout autre support plan, est plus commode à dessiner, à reproduire, à emmagasiner et à utiliser, mais elle correspond mieux à la conscience que nous avons de l’espace euclidien où se déroule notre vie quotidienne. Malheureusement, la Terre n’étant pas plate, ce passage d’une réalité courbe à un modèle réduit, artificiellement plan, ne peut se faire sans altérations d’angles, de longueurs et de surfaces. Or, la conservation de ces figures géométriques est essentielle au repérage et à l’orientation individuels ou collectifs, et la branche de la cartographie qui concerne les systèmes de projection se préoccupe du calcul des altérations.

• L’échelle est un caractère fondamental de la carte ; une photographie aérienne verticale, d’une définition aussi fine soit-elle, ne sera jamais utilisable comme une carte, car, étant une perspective de surface courbe, elle ne peut avoir d’échelle constante. C’est dire qu’on ne peut procéder sur une photographie non corrigée à aucune mesure d’angle ou de longueur, tandis qu’en tenant compte de certaines règles on doit pouvoir le faire sur une carte. L’échelle correspond au rapport qui existe entre les distances linéaires sur la carte et sur le terrain ; elle est exprimée sous forme de fraction (échelle numérique) ou sous la forme d’une droite graduée en kilomètres ou en miles (échelle graphique). Les représentations à très grandes échelles, supérieures au 1/10 000 (où 1 mm sur la carte représente 10 m sur le terrain), sont appelées des plans ; les représentations à plus petites échelles sont des cartes (par exemple, les feuilles au 1/25 000, 1/50 000, 1/1 000 000, couramment éditées par l’Institut géographique national [I. G. N.] de France).

• La description de la surface de la Terre ou de la Lune nécessite, suivant les échelles considérées, une succession d’opérations très diverses.

À l’échelle de la planète, on aura recours aux mesures dites « astronomiques ». Pour cette raison, tout travail cartographique devra d’abord être inclus dans le réseau des points astronomiques fondamentaux et dans celui des coordonnées géographiques que sont les latitudes et les longitudes. On appelle point astronomique fondamental un endroit de la surface terrestre où il y a coïncidence entre la normale à l’ellipsoïde et un rayon passant par le centre du globe. On appelle latitude d’un lieu l’angle au centre que fait le rayon terrestre passant par ce lieu avec le plan de l’équateur. On appelle longitude l’angle au centre que fait le plan passant par un lieu donné et par l’axe des pôles avec un plan origine choisi arbitrairement. À ce plan origine correspond le plus souvent le méridien 0° passant par l’observatoire de Greenwich, près de Londres.

La mise en correspondance des irrégularités de la planète avec le réseau astronomique et les systèmes de projection est du domaine de la géodésie. Ces irrégularités se situent au niveau du globe terrestre, qui n’est pas une sphère, mais un géoïde, et au niveau des continents et des océans, qui accidentent sa surface. À l’échelle du détail des mouvements de terrain (montagnes, vallées, îles, fosses sous-marines, etc.), on parle de topographie. Celle-ci suppose les descriptions numériques que constituent la planimétrie, ou localisation précise des rivières, des routes, des rivages, etc., et l’altimétrie, ou évaluation des dénivellations.