Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Canada (suite)

Sous le nom de Mid-Canada Development Corridor, un projet a été élaboré par un groupe d’hommes d’affaires et universitaires ontariens pour créer au nord de l’écoumène actuel un second Canada, qui s’étendrait de Whitehorse à Terre-Neuve par les villes minières citées précédemment ; celles-ci deviendraient des centres de développement industriel offrant des emplois variés et fixant la population ; le projet ancien d’un transcontinental subarctique a été repris à cette occasion.

Les problèmes de l’Arctique sont liés à l’éloignement et au climat. La navigation assure le relais des transports aériens pour les voyageurs et constitue le seul moyen de transport pour les marchandises lourdes et encombrantes, sur le fleuve Mackenzie, le long des côtes à l’est de son delta, de celles de la baie et du détroit d’Hudson, du Labrador. Or, la saison de navigation ne commence guère avant la mi-juillet ou la fin de ce mois (lors de la débâcle finale des glaces d’eau douce et de la dispersion des glaces de dérive sur la mer) et s’arrête souvent en octobre. Le climat est responsable aussi du maintien du pergélisol : l’extraction minière, la construction de voies de communication et de canalisations, le creusement de fondations se heurtent à ce double problème du mollisol en surface et du sol gelé en profondeur. Des techniques spéciales de génie civil doivent être appliquées.

Ainsi, les conditions sociales, culturelles, économiques et climatiques permettent d’individualiser des régions canadiennes et de découvrir de cette manière la diversité géographique du Canada.

P. B.

➙ Alberta / Colombie britannique / Edmonton / Labrador / Manitoba / Montréal / Nouveau-Brunswick / Nouvelle-Écosse / Ontario / Ottawa / Prince-Édouard (île du) / Québec / Saint-Laurent / Saskatchewan / Terre-Neuve / Toronto / Vancouver / Winnipeg.

 R. Blanchard, le Canada français ; province du Québec (Fayard, 1960). / P. Camu, E. P. Weeks et Z. W. Sametz, Economic Geography of Canada (Toronto, 1964). / E. Juillard, l’Économie du Canada (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1964 ; 3e éd., 1969). / C. Julien, le Canada, dernière chance de l’Europe (Grasset, 1965). / J. Warkentin, Canada, a Geographical Interpretation (Toronto, 1967). / L.-E. Hamelin, le Canada (P. U. F., coll. « Magellan », 1969). / R. Krueger et R. Corder, Nouvelle Géographie du Canada (Montréal, 1975).


La littérature canadienne


Littérature canadienne-française

La littérature canadienne-française a longtemps suivi à retardement celle de France, tout en se cantonnant dans les thèmes religieux, moraux et patriotiques. Elle a subi depuis une trentaine d’années une véritable mutation, qui a développé des genres comme le roman et le théâtre, et ses poètes récents comptent parmi les meilleurs de langue française.


Le romantisme

Ses débuts se situent autour de 1840. Auparavant, sous le régime français, des voyageurs ou des missionnaires écrivaient pour le public français des relations publiées en France ; après la conquête, le chiffre de la population et son niveau culturel n’offrent pas une base suffisante à l’éclosion des œuvres. Il y a quelques orateurs sacrés, quelques journalistes, des versificateurs médiocres ; la première revue littéraire, la Bibliothèque canadienne, de Michel Bibaud (1782-1857), date de 1825, et le premier recueil de vers de cet écrivain de 1830.

Le désir d’affirmer la survivance nationale inspire les écrivains, qui se multiplient après cette date. François-Xavier Garneau (1809-1866) publie en 1845 le premier volume de son Histoire du Canada, plusieurs fois remaniée et complétée, dans l’esprit d’Augustin Thierry et de Michelet ; il aura des continuateurs, qui parfois le contrediront, comme l’abbé Jean-Baptiste Ferland (1805-1865). Octave Crémazie (1827-1879) fait vibrer en vers la corde patriotique, dans un style encore plus voisin de Casimir Delavigne ou de Béranger que des grands romantiques. L’abbé Henri R. Casgrain (1831-1904) rebaptisera ce que leur libéralisme comportait d’anticlérical, recueillera des Légendes canadiennes (1860), fondera des revues, jouera au chef d’école, avant de s’enfermer dans les travaux historiques. À des romans d’aventures extravagantes succèdent des romans didactiques exaltant le retour à la terre, sous la plume de Patrice Lacombe, de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, d’Antoine Gérin-Lajoie (Jean Rivard, 1862 et 1864), et des romans historiques, parmi lesquels les Anciens Canadiens (1863), de Philippe Aubert de Gaspé (1786-1871), se lisent encore.

Mais cette effervescence tombe vite. Et, durant la génération suivante, le conformisme, la peur du nouveau, la méfiance envers l’extérieur étouffent tout mouvement des lettres. Un nom la domine, celui de Louis Fréchette (1839-1908), premier lauréat canadien de l’Académie française, libéral resté malgré tout fidèle à l’esprit de 1830, qui ne cessera d’imiter Victor Hugo et donnera notamment la Légende d’un peuple (1887), à l’exemple de la Légende des siècles, toujours dans le même esprit patriotique et romantique ; à ses côtés versifient un William Chapman, un Pamphile Le May, un Alfred Garneau, dont les poésies, moins ambitieuses, ont souvent les préférences de nos contemporains : de Béranger ils sont passés à Lamartine et à Victor Hugo, mais ils ignorent le Parnasse et n’ont que répugnance pour ce qu’on leur a dit des « décadents ». Pareillement, les prosateurs détestent le réalisme, et le roman, suspect, ne produit que des œuvres insignifiantes, à l’exception peut-être de l’Angéline de Montbrun (1886) de Laure Conan (1845-1924), première femme de lettres canadienne. Les jugements sont dictés par les polémiques de Louis Veuillot, que répercutent ses émules, Adolphe Routhier, Thomas Chapais, Jules-Paul Tardivel ; seul s’en écarte un survivant du libéralisme anticlérical, Arthur Buies (1840-1901), qui, d’ailleurs, s’est beaucoup assagi depuis que, tout jeune, il rédigeait une Lanterne virulente.


L’école littéraire de Montréal et l’école du Terroir