Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Canada (suite)

Depuis 1851, le taux de natalité l’emporte largement et constamment sur le taux de mortalité. Comme il est habituel en pays avancé, les deux taux accusent une diminution concomitante ; cependant, la chute rapide de la natalité depuis 1961 réduit l’excédent des naissances sur les décès à 10 p. 1 000, alors qu’il était de 15 à 20 p. 1 000, sauf entre 1931 et 1941. On prévoit que les naissances diminueront encore. En 1973, le taux de natalité est tombé à 15,5 p. 1 000 (7,4 p. 1 000 pour la mortalité).

Un fait étonnant à cet égard est le changement radical du comportement démographique des Québécois. Depuis 1960, une révolution affecte la morale établie, les habitudes religieuses et les modes de vie au Québec en créant une nouvelle attitude à l’égard de la famille. Alors que la natalité s’est mieux maintenue dans les autres provinces (elle a même augmenté à Terre-Neuve), elle a fortement diminué au Québec : en 1961, les provinces atlantiques et l’Alberta avaient un taux de natalité supérieur à celui du Québec, et toutes les provinces, sauf une, avaient un taux de fécondité plus élevé que le Québec. « La revanche des berceaux s’est transformée en mythe » (L. E. Hamelin).


Répartition géographique de la population

Dire que le Canada a une densité de 2,2 habitants au kilomètre carré n’a guère de signification, car d’immenses étendues sont totalement inhabitées ou bien peuplées de façon extensive (nomades) ou ponctuelle (mines, prospection), par exemple les toundras arctiques, la forêt subarctique, les montagnes de l’Ouest, l’intérieur des provinces atlantiques.

L’espace habité se réduit à un Canada utile, collé à la frontière des États-Unis, discontinu et au tissu humain inégalement serré. La pièce maîtresse de cet écoumène est la région des Lacs inférieurs, du Saint-Laurent et des Cantons de l’Est. Là, sur 1,67 p. 100 du territoire se concentrent 54 p. 100 de la population, les deux principales métropoles, le réseau le plus dense de villes, d’industries, de voies de communication, l’agriculture la plus intensive.

Dans les provinces atlantiques, l’écoumène est occupé de façon lâche et se réduit aux côtes, aux plaines littorales et aux grandes vallées.

Les Prairies constituent la troisième pièce de l’espace habité ; entre les concentrations urbaines importantes se présentent des enclaves inoccupées (au sud de la rivière de la Paix, dans le triangle aride), un réseau distendu de petites villes et un semis de grandes fermes dispersées.

En Colombie, l’écoumène comprend le groupe urbain du détroit de Géorgie (Vancouver-Victoria), le district de la rivière de la Paix et les vallées intérieures du Sud (Fraser, Okanagan, Kootenay).

Les migrations modifient le poids humain des régions : les Maritimes, à forte démographie, alimentent une émigration constante au profit de l’Ontario ; la Colombie britannique, à faible croît naturel, draine en partie celui de la Saskatchewan et du Manitoba.


L’urbanisation

Peu après 1920, la population urbaine a dépassé la population rurale ; elle constitue aujourd’hui 75 p. 100 du total. En outre, plus de la moitié de la population comptée comme rurale n’exerce pas d’activités agricoles et habite des villages auxquels les fonctions de service donnent une apparence urbaine. La population rurale ne l’emporte qu’au Nouveau-Brunswick, à l’île du Prince-Édouard et en Saskatchewan ; elle constitue à peu près la moitié du total à Terre-Neuve, un peu moins en Nouvelle-Écosse. La Colombie britannique, le Québec et l’Ontario ont respectivement 72,5, 74,3 et 77,3 p. 100 de population urbaine. Parfois, une ou deux grandes villes rassemblent une part élevée de la population urbaine ou même de la population totale d’une province : Calgary et Edmonton groupent environ la moitié de la population de l’Alberta ; Montréal, 40 p. 100 de celle du Québec ; Vancouver et Winnipeg, la moitié de celle de leur province respective.


L’économie

Elle s’est profondément transformée depuis le début du siècle et surtout depuis 1945. Sur l’« ancien empire des bois et des blés » s’est greffé un empire industriel avancé, qui fournit à son marché intérieur des produits élaborés et qui entretient un commerce international actif (cinquième rang pour les échanges ; 875 dollars par habitant en 1965). Dans ce pays fortement urbanisé par suite de l’expansion industrielle, les services se sont développés plus vite que les industries de transformation. L’exploitation directe des ressources naturelles constitue la base de ces industries et alimente une part importante des exportations, quoiqu’elle emploie moins de personnes que l’industrie et les services.


L’exploitation directe des ressources naturelles


L’agriculture

Son évolution apparaît comme l’histoire d’une décadence : les emplois qu’elle procure sont tombés de 50 p. 100 à moins de 10 p. 100 en un siècle ; le spectacle des fermes abandonnées s’offre dans toutes les régions. En revanche, les produits agricoles entrent à raison de 20 p. 100 dans les exportations. Cela signifie que des transformations profondes ont affecté les structures.

Le nombre des exploitations a diminué dans des proportions plus fortes que le territoire occupé. Il y en avait 367 862 en 1871 ; leur nombre s’est accru jusqu’en 1941 (732 832) à la suite de la colonisation de la Prairie et de l’expansion de l’agriculture québécoise sur le Bouclier et dans la région appalachienne ; il a diminué de 100 000 pendant la décennie suivante et encore d’un recensement quinquennal à l’autre pour tomber à 431 000 en 1966. Par contre, la superficie totale exploitée se maintient vers 83 millions d’hectares depuis trente ans ; l’étendue défrichée continue même à s’accroître lentement : 50 millions d’hectares en 1961. En conséquence, la superficie moyenne des fermes subsistantes s’est accrue ; depuis 1921, toutes les classes de taille inférieure à 144 hectares (300 acres) ont diminué, les classes supérieures passant de 23 à 39 p. 100 des exploitations.

Alors que les propriétaires étaient de beaucoup les plus nombreux au début du siècle, cette catégorie a diminué au profit des mi-propriétaires - mi-locataires (régime fréquent dans les Prairies) et des gérants de ferme (dans les Prairies et dans les exploitations prospères de l’Ontario).

Dans l’Est, au Québec et dans les provinces atlantiques, plus qu’en Ontario, le nombre des fermes, le territoire agricole et la superficie défrichée ont subi une diminution rapide. Dans l’Ouest, c’est surtout le nombre des fermes qui a décru, assurant à chacune une superficie moyenne plus grande.