Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Canada (suite)

L’agriculture moderne, mécanisée, spécialisée, intégrée aux circuits commerciaux et procurant des revenus appréciables, n’a guère été touchée par le mouvement général d’abandon des campagnes. Au cœur des Prairies et dans le sud-ouest de l’Ontario, il existe des exploitations prospères (en 1961, près de 5 000 ont eu un revenu brut de plus de 5 000 dollars en Ontario). Elles sont plus rares au Québec (où 550 seulement ont vendu pour plus de 5 000 dollars) et dans les provinces atlantiques, où les fermes qui ne peuvent se convertir en entreprises commerciales sont condamnées.

Les exploitants bénéficiant d’un haut revenu brut investissent dans l’achat de machines, d’engrais et dans des constructions. Ils ont atteint une productivité élevée, et leur spécialisation est très poussée : élevage laitier (vallée du Saint-Laurent, Cantons de l’Est, sud-ouest de l’Ontario), pêches, pommes, cerises, abricots (vallées de Kootenay et d’Okanagan, plaine de Montréal, vallée d’Annapolis), pommes de terre (Prince-Édouard, Nouveau-Brunswick), aviculture (Québec, Ontario), tabac, miel (Ontario), betterave à sucre (plaine de Montréal), cultures maraîchères. Les agriculteurs de ces fermes modernes sont organisés en associations de producteurs (comme le Wheat Pool en Saskatchewan), en mutuelles et en caisses de crédit (au Québec notamment), ou en coopératives d’achat (de matériel) et de vente. Ils sont souvent liés par contrat aux grossistes, qui fournissent parfois semences ou aliments composés.

Dans les Prairies, à l’exception des marges où l’économie est plus diversifiée, la spécialisation prit dès l’origine la forme de monoculture du blé, surtout dans le sud et le centre de la Saskatchewan, avec tous les aléas que cela comporte. Depuis 1965, il y a surproduction : si les achats chinois se maintiennent, les ventes de blé à l’U. R. S. S. et à l’Europe ont diminué. Le carry-over (stock) atteint le record sans précédent d’un milliard de boisseaux (environ 35 Mt), soit deux fois une récolte moyenne ou cinq fois les ventes aux pays asiatiques en 1967. Les élévateurs de la Prairie et des ports (Vancouver) ainsi que les granges sont pleins à craquer ; le blé se détériore, et les prix baissent ; les emprunts gagés sur les stocks ou la récolte sont insuffisants pour permettre une reconversion partielle par l’achat de bétail.

Les problèmes cycliques posés par la monoculture du blé et les problèmes constants de l’agriculture marginale ont amené les gouvernements à intervenir. Ottawa a mis en place un Canadian Wheat Board (maître des prix et du commerce du blé), une Prairie Farms Rehabilitation Authority (créée lors de la crise de 1929-30, elle a aidé les fermiers à survivre ; elle a exécuté des travaux d’irrigation), le FRED (Fund for Rural Economic Development) et surtout l’ARDA (Agricultural Rehabilitation and Development Administration) ; ces derniers organismes s’attaquent aux îlots de pauvreté rurale, au chômage dans les campagnes, à la reconversion des fermes marginales, au changement des structures responsables du sous-développement.

L’agriculture abandonne ses conquêtes marginales et se replie sur les régions propices à une économie rurale rentable, tandis qu’au pays de la libre entreprise l’État est amené à multiplier les interventions dans le domaine rural.


La pêche

Le Canada occupe le septième rang, à égalité avec le Danemark, pour le tonnage des produits de la pêche maritime et intérieure et de l’ostréiculture (1,5 Mt).

Un tiers des prises viennent de la côte pacifique. Là, 13 000 pêcheurs rapportent saumons, flétans et harengs (50 millions de dollars en année moyenne). La concentration des conserveries à Vancouver et Prince-Rupert a entraîné la mécanisation des unités, l’accroissement de leur tonnage, l’adoption de méthodes plus productives (hélicoptères et sonars pour repérer les bancs, seines). C’est dans les fjords de Colombie que l’on capture les saumons : les adultes à la remontée vers les frayères d’eau douce, les jeunes à la redescente. Depuis quelques années, ces pêcheries connaissent des problèmes, tels que la diminution des populations de saumons et les conflits entre les intérêts des pêcheurs (conservation de conditions naturelles dans les rivières à saumons) et les besoins de l’industrie en énergie électrique (centrales et hauts barrages). Il y a aussi la concurrence des pêcheurs étrangers, américains, soviétiques et surtout japonais, dont les navires-usines surexploitent les eaux internationales proches de la côte américaine.

Les pêches de la côte atlantique égalent le double de celles de la côte pacifique en quantité et en valeur. Les espèces les plus recherchées sont la morue, le flétan et même le capelin, dont la morue est le prédateur. Depuis 1945, la pêche s’est diversifiée : on capture le homard (Nouvelle-Écosse, Prince-Édouard, Gaspésie, Terre-Neuve), le hareng et le saumon (Terre-Neuve) ; on pratique aussi l’ostréiculture (Malpeque Bay, dans l’île du Prince-Édouard, et Caraquet Bay, au Nouveau-Brunswick). Il faut mentionner ici la très ancienne chasse du phoque sur les champs de glace du golfe du Saint-Laurent, de Terre-Neuve et du Labrador.

La Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve rassemblent les trois quarts des 50 000 pêcheurs de la côte atlantique et prennent aussi les trois quarts du poisson. En Nouvelle-Écosse, la pêche s’est modernisée, mécanisée et concentrée (Halifax et Lunenburg). Les lieux de pêche sont les bancs de Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve, le Golfe, le banc George, au large du Maine.

À Terre-Neuve, la modernisation a été retardée par le conservatisme des pêcheurs, attachés à la pêche littorale et aux petites embarcations. Aussi, le secteur artisanal domine-t-il encore largement malgré une évolution récente, ce qui explique les difficultés persistantes de la pêche terre-neuvienne.

La pêche en eau douce est relativement importante (52 000 t, 20 millions de dollars, 15 000 pêcheurs). Les lacs du Québec et de l’Ontario, ceux des Prairies surtout (Winnipeg, Athabasca) fournissent de grandes quantités de poisson blanc ; le Grand Lac des Esclaves, des truites grises. Débités en filets, surgelés ou gelés naturellement (en hiver), les poissons sont expédiés par avion de Winnipeg, principal centre de commercialisation, ou du Lac des Esclaves à Chicago, Détroit, New York et même Los Angeles.