Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Canada (suite)

L’ensemble des forces armées canadiennes représentait en 1976 un effectif total de 78 000 hommes. Le budget de défense du Canada (3 milliards de dollars en 1976) représente 14,1 p. 100 du budget fédéral et 2,2 p. 100 du produit national brut : c’est un des plus faibles de l’O. T. A. N. À l’intérieur de ce budget, l’effort principal est fait au profit des forces aériennes, qui comptaient en 1977 36 000 hommes et 210 avions de combat.

B. de B.


La population

Composée d’éléments ethniques très variés, la population du Canada, qui s’est accrue très rapidement depuis le début du siècle, a modifié récemment son comportement démographique. Les régions les plus densément occupées restent limitrophes de la frontière américaine, mais la population se concentre de plus en plus dans les villes.


Une mosaïque ethnique

La population autochtone compte 13 000 Esquimaux et 210 000 Indiens, effectif total peu différent de ce qu’il était à l’arrivée des Européens, mais double de celui de 1911 et assuré d’augmenter encore rapidement grâce à un taux d’accroissement élevé depuis quelques années. Ces autochtones sont soumis à l’administration fédérale (sauf dans la province de Terre-Neuve), qui leur accorde une protection juridique, sanitaire et sociale.

Les Indiens comprennent un groupe algonquin* et un groupe athabascan ainsi que diverses tribus peu nombreuses. Certains connaissaient l’agriculture : ils se sont plus facilement fixés et adaptés que les chasseurs et pêcheurs nomades, qui s’insèrent avec peine dans les circuits économiques modernes. Un grand nombre sont métissés, souvent de longue date (comme la célèbre Nation métisse de l’Ouest).

Les Esquimaux, plus isolés, ont, tout de même, mieux préservé leur identité, quoique ceux des côtes de l’Ungava-Labrador soient métissés et aient, aujourd’hui, renoncé à leurs activités traditionnelles.

La population blanche comprend deux peuples fondateurs, selon une expression fréquente, l’un de souche française, l’autre originaire des îles Britanniques. Les Français sont les premiers occupants européens du Canada, le plus grand nombre s’y étant installés entre 1650 et 1750. L’éloignement mutuel et une histoire différente permettent de distinguer les Acadiens des Canadiens. Les premiers colonisèrent les Maritimes actuelles, où ils revinrent peu à peu après le Grand Dérangement de 1755. Leurs descendants constituent des minorités importantes en Nouvelle-Écosse et dans l’île du Prince-Édouard ; avec un appoint d’origine québécoise, ils représentent presque la moitié de la population du Nouveau-Brunswick. Quant aux Canadiens, les Canadiens français d’aujourd’hui, installés sur les rives du Saint-Laurent, ils ont essaimé dans l’actuelle province du Québec (où ils sont majoritaires à 80 p. 100), vers l’estuaire et le Golfe, les Cantons de l’Est, l’Abitibi-Témiscamingue et les régions forestières et minières du Nord. Ils ont débordé sur l’Ontario (ils sont majoritaires dans le Nord et l’extrême Est) et surtout le Nouveau-Brunswick. Le Québec, le nord et la côte du Nouveau-Brunswick et les comtés limitrophes de l’Ontario forment un bloc rassemblant la plupart des francophones ; c’est le bastion du Canada français. En dehors de celui-ci, on compte des minorités françaises dans les autres provinces atlantiques et plus encore dans certaines régions de l’Ouest (Manitoba, nord de l’Alberta). La proportion française dans la population totale s’est maintenue jusqu’à présent aux environs de 30 p. 100, un peu moins dans les périodes d’immigration (très peu d’immigrants français), un peu plus entre celles-ci, la forte natalité des Canadiens français jouant alors à leur profit. En 1971, ils étaient 4,7 millions au Québec et 1,5 million dans le reste du pays.

Les Britanniques (Irlandais, Anglais, Écossais) constituent l’élément prépondérant (9,6 millions, soit 44 p. 100 en 1971) par suite de l’histoire politique du Canada, des apports constants de l’immigration spontanée ou organisée et de l’assimilation à leur profit presque exclusif des éléments allogènes. À partir de 1763, ils se sont installés dans les Cantons de l’Est (aujourd’hui francisés) et dans les villes. L’arrivée des Loyalistes a ouvert l’Ontario au peuplement britannique et renforcé celui-ci à Terre-Neuve et dans les Maritimes, anglaises depuis 1713. Aux xixe et xxe s., la croissance démographique et l’expansion coloniale de la Grande-Bretagne ont favorisé l’implantation massive de Britanniques dans tout le dominion, surtout en Ontario et en Colombie.

D’autres peuples, européens ou non, sont représentés dans la population canadienne : Allemands (1 million ; Prairies, Ontario), Ukrainiens et Polonais (Prairies), Scandinaves (Manitoba, nord des Prairies, Colombie), Italiens (Montréal, villes d’Ontario), Hollandais (Ontario), Russes, Asiatiques (côte pacifique). Les Néo-Canadiens, qui constituent de 23 à 24 p. 100 de la population, peuvent être localement majoritaires (dans les Prairies). Ils sont arrivés lors des vagues d’immigration, surtout celles de 1903-1913 (2,6 millions d’entrées) et de l’après-guerre (1,7 million, dont 282 000 en 1957). Certains sont venus après un séjour aux États-Unis, alors qu’un plus grand nombre a quitté le Canada pour les États-Unis.


Accroissement de la population et évolution démographique

La population canadienne double tous les quarante ans, rythme comparable à celui des États-Unis à certaines époques. Cette progression comporte des fluctuations apparemment en rapport avec les variations de l’immigration. Ainsi, l’accroissement décennal, faible en 1881-1901 et en 1931-1941, s’élève en 1901-1911 et en 1951-1961, périodes d’immigration. Il ressort d’études récentes que l’immigration nette ne compterait que pour 6 à 7 p. 100 de l’augmentation totale de la population entre 1851 et 1951 (il est vrai que les enfants d’étrangers sont comptés comme Canadiens de souche participant à l’accroissement naturel).