Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cadres (suite)

L’ambiguïté du statut des cadres

Quel qu’il soit, le cadre est tout à la fois un responsable placé à un certain niveau dans l’ordre hiérarchique et un professionnel qui met l’accent sur sa compétence technique. Responsable, il bénéficie d’une part de pouvoir qui lui a été déléguée par la direction. À ce titre, il s’identifie aux objectifs généraux de l’entreprise et s’intègre plus ou moins selon son grade à la catégorie des dirigeants. Mais, simultanément, il appartient à une communauté de professionnels qui partagent avec lui une même compétence technique et aux yeux desquels il tient à être reconnu. Cette double appartenance à une entreprise et à une communauté professionnelle le soumet à des exigences parfois contradictoires, qui dépendent en fait de la taille des entreprises et de la place qu’il occupe dans sa hiérarchie. Salarié, il est de plus enclin à défendre des intérêts catégoriels au sein d’un syndicalisme qui met notamment l’accent sur la hiérarchisation des salaires et des avantages. Les cadres ont donc des rôles et des allégeances le plus souvent contradictoires, qui expliquent tout à la fois leur « malaise » et l’incohérence apparente de leurs revendications. Intégrés à la hiérarchie de l’entreprise, ils doivent témoigner d’une loyauté à l’égard d’objectifs à la détermination desquels ils souhaitent souvent être plus activement associés. Cette revendication leur est propre, mais varie selon l’organisation réelle de l’entreprise. D’autre part, la formation reçue par les cadres, l’autorité que leur confèrent souvent l’exclusivité d’une compétence et l’existence éventuelle d’une déontologie édictée par une communauté de pairs en font des professionnels qui, à l’exemple des médecins, des avocats ou des architectes, veulent organiser et réglementer leur profession en parfaite indépendance. D’où l’accent souvent porté sur les problèmes de formation et de recyclage. Enfin, la condition de salariés des cadres incline ceux-ci à un engagement syndical en accord ou en opposition avec les autres travailleurs de l’entreprise. Il reste que cette triple appartenance des cadres à une hiérarchie, à une solidarité de professionnels compétents et à la condition salariale explique l’extrême hétérogénéité de la catégorie sociale qu’ils constituent ainsi que la diversité des sentiments ou des engagements qui en relient les membres.

F. B.

 F. Jacquin, les Cadres de l’industrie et du commerce en France (A. Colin, 1955). / P. Bleton, les Hommes des temps qui viennent. Essai sur les classes moyennes (Éd. ouvrières, 1956). / M. Penouil, les Cadres et leur revenu (Libr. de Médicis, 1957). / M. Crozier, le Phénomène bureaucratique (Éd. du Seuil, 1964). / R. Allusson, les Cadres supérieurs dans l’entreprise (Entreprise mod. d’éd., 1965). / P. Demarne et J. B. Jeener, le Perfectionnement des cadres en France et aux États-Unis (Entreprise mod. d’éd., 1965). / R. Weiss, les Cadres : carrières et servitudes (Gedalge-A. Wast, 1965). / J. Cheverny, les Cadres : nouveaux prolétaires (Julliard, 1967). / J. K. Galbraith, The New Industrial State (Boston, 1967 ; trad. fr. le Nouvel État industriel, Gallimard, 1968). / M. Jeannet, la Psychologie et la sélection des cadres (Dessart, Bruxelles, 1967). / R. Millot et coll., la Formation permanente des cadres (S. A. B. R. I., 1967). / Collège des sciences sociales et économiques, Perfectionnement des cadres et mobilité économique (C. E. L. S. E., 1967). / M. Benain et J. P. Carron, les Cadres d’entreprise : techniques de gestion et d’administration (Éd. d’organisation, 1968). / M. Gabrysiak (sous la dir. de), Cadres, qui êtes-vous ? (Laffont, 1968). / M. Haire, Psychologie et commandement dans l’entreprise (Éd. d’organisation, 1968). / B. de Jouvenel, Arcadie, essais sur le mieux-vivre (S. E. D. E. I. S., 1968). / P. Sartin, les Cadres et l’intelligence (Hachette, 1968). / Les Cadres dans l’entreprise et dans le mouvement syndical, numéro spécial de Sociologie du travail (Éd. du Seuil, 1968). / J. Dubois, les Cadres dans la société de consommation (Éd. du Cerf, 1969). / G. Sarrouy, Méthode de formation des cadres (Dunod, 1969). / R. Vatier, le Perfectionnement des cadres (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1969). / A. Willemer, C. Gajdos et G. Benguigui, les Cadres en mouvement (l’Epi, 1969). / G. Benguigui et J. Monjardet, Être un cadre en France ? (Dunod, 1970). / M. S. Lavoëgie, les Cadres et l’examen psychologique (Dunod, 1970). / L. Alviset, le Métier de cadre (Entreprise mod. d’éd., 1972).

Caen

Ch.-l. du départ. du Calvados et capit. de la Région Basse-Normandie ; 122 794 hab. (Caennais).


Caen est le centre d’une agglomération d’environ 185 000 habitants, dont les autres principales communes sont : Hérouville-Saint-Clair, Colombelles, Mondeville, Giberville, Fleury-sur-Orne, Ifs, Bretteville-sur-Odon, Cormelles, Verson, Carpiquet.


L’histoire

Le nom primitif de Caen est Cadomus. Ce « bourg » rural doit sa fortune à Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, puis roi d’Angleterre, qui en fait sa résidence préférée, y construit un château et le dote, avec son épouse Mathilde, de deux abbayes : l’abbaye aux Hommes et l’abbaye aux Dames, correspondant à deux « bourgs » abbatiaux qui sont annexés au noyau primitif.

Les successeurs de Guillaume continuent à favoriser Caen, dont les bourgeois obtiennent de Jean sans Terre une charte (1203), mais, dès 1204, Philippe Auguste se rend maître de la ville. Celle-ci est prise, dévastée et pillée par les troupes d’Édouard III en 1346 et par celles d’Henri V en 1417.

En 1424, Henri VI envisage la création à Caen d’une faculté de théologie, mais l’opposition des maîtres parisiens retarde le projet, qui ne prendra corps que plus tard (1432, droit canon et droit civil ; 1437, théologie ; 1438, médecine).

La ville redevient française en 1450. Ravagée plusieurs fois par la peste au xvie s., par les guerres de Religion (le calvinisme y fait de nombreux adhérents), puis par la Fronde, elle est en 1639 le centre de la terrible révolte de la misère, dite « des Va-Nu-Pieds », qui est écrasée dans le sang. La cherté des blés devait d’ailleurs provoquer d’autres soubresauts jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.