Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cadmium (suite)

Atome

Le numéro atomique du cadmium est 48. Cet élément est dans une même colonne du tableau périodique que le zinc et le mercure. Dans l’état fondamental de l’atome, la structure électronique est : 1s2, 2s2, 2p6, 3s2, 3p6, 3d10, 4s2, 4p6, 4d10, 5s2. Il en résulte les énergies suivantes d’ionisation : 8,99 eV pour le premier électron, 16,8 eV pour le deuxième. Le rayon de l’atome est 1,41 Å, et le rayon du cation Cd+2, 0,97 Å. Le cadmium absorbe fortement les neutrons.


Corps simple

C’est un métal qui a la même structure que le zinc et dont les températures respectives de fusion et d’ébullition normales sont un peu plus basses que celles du zinc
(tf = 321 °C, ten = 768 °C).
On profite de cette volatilité supérieure pour obtenir des fractions plus riches en cadmium lors de la condensation industrielle des vapeurs de zinc dans la métallurgie de ce dernier, le cadmium étant une impureté générale du zinc industriel. Par distillation fractionnée de l’alliage Cd-Zn ainsi recueilli, on obtient du cadmium à 99 p. 100, que l’on peut encore purifier par électrolyse.

Il est nettement moins réactif que le zinc, et son potentiel chimique (– 0,4 V) est assez nettement inférieur à celui du zinc (– 0,8 V). C’est donc un réducteur faible, et il résiste bien à la corrosion atmosphérique.


Principaux dérivés

L’oxyde CdO peut avoir une composition présentant des écarts beaucoup plus importants sous le rapport de la stœchiométrie que dans le cas de l’oxyde de zinc, d’où une possibilité de forte coloration allant du jaune au noir. L’hydroxyde Cd(OH)2 est uniquement basique. On connaît des sels complexes halogènes, et, en particulier, l’iodure de cadmium CdI2 est en fait un autocomplexe, c’est-à-dire l’iodocadmiate de cadmium Cd(CdI4).

Le cadmium sert à la protection des métaux ferreux ainsi qu’à la confection de certains accumulateurs et à la constitution de certains pigments (CdS, CdSe).

H. B.

 D. M. Chizhikov, Cadmium (trad. du russe, Oxford, 1966).

cadres

Salariés qui exercent une responsabilité, découlant d’une délégation de l’autorité patronale, dans la préparation des décisions ou dans la mise en place de leur exécution à l’intérieur des entreprises publiques ou privées.


Cette définition appelle deux remarques. D’une part, le terme lui-même n’a pas d’équivalent dans le vocabulaire sociologique ou quotidien des sociétés industrialisées de l’Ouest et de l’Est autres que la France : il convient donc de savoir s’il désigne une catégorie aisément définissable ou s’il correspond à une revendication de groupes qui ont des intérêts, des fonctions et des objectifs distincts. D’autre part, dans l’usage qui est fait du terme de cadres, on pense principalement à tous ceux qui, ayant le statut de salarié, exercent des responsabilités au sein des entreprises, privées ou publiques, plutôt qu’au sein des administrations. Or, cette notion de responsabilité, si souvent invoquée par ceux que l’on dit ou qui se disent « cadres », est elle-même incertaine, à moins d’admettre qu’identifiée à l’exercice de l’autorité elle ne soit effectivement le fait que de quelques catégories restreintes de personnel à l’intérieur d’une entreprise.


L’identité professionnelle des cadres

Seule l’observation empirique peut nous instruire sur la question de savoir si les cadres constituent ou non une catégorie sociale homogène et typique de la société moderne.

Une première définition formelle du cadre nous est donnée en France par les classifications des conventions collectives, reprises par la comptabilité des diverses entreprises.

Cette définition formelle s’applique dans la réalité à des catégories d’emplois extrêmement diverses. L’industrialisation croissante implique le concours d’un nombre toujours accru d’ingénieurs et de techniciens hautement qualifiés, qui sont parfois utilisés pour des tâches très spécialisées dont ils peuvent oublier la signification au sein de l’entreprise : la diversification des emplois de ces experts constitue un premier élément d’hétérogénéité de la catégorie qu’ils constituent. En second lieu, les cadres techniciens sont un élément de plus en plus déterminant du rendement de l’entreprise moderne. La complexité croissante des techniques de production et de distribution ainsi que l’importance toujours plus grande de l’innovation et de sa mise en œuvre dans la compétition économique leur confèrent un statut éminemment prestigieux au sein de l’entreprise. Enfin, au-delà des techniciens et de ceux qui dirigent l’exécution des tâches — de tous ceux que l’I. N. S. E. E. appelle les cadres moyens —, les cadres gestionnaires, dont le rôle est de prévoir et de coordonner les éléments de la productivité, sont de plus en plus nombreux.

À cette diversité d’emplois correspond une très grande variété de formation. De plus, à chaque type d’emploi ne correspond pas forcément un modèle unique de formation. À l’exception de quelques catégories de cadres, la formation préalable à l’entrée dans la profession n’est pas la règle générale, et nombreux sont ceux qui, instruits par l’expérience ou par des stages de perfectionnement et de recyclage, sont « sortis » du rang. La diversité des situations professionnelles concrètes des cadres explique le désaccord des observateurs lorsqu’il s’agit de savoir si ce qui les divise est ou non plus important que ce qui les unit. Attentif essentiellement aux rapports de production, l’observateur marxiste notera que les cadres, partageant avec les ouvriers la condition salariale, sont « objectivement » des prolétaires, même si, subjectivement, ils se tiennent pour des bourgeois et en adoptent tous les comportements extérieurs. Une analyse plus subtile l’autorise à avancer que seuls ont la possibilité d’être promus au rang de cadres supérieurs ceux qui s’identifient à la classe des détenteurs des moyens de production et qui en réalisent objectivement la politique, ce qui prive de toute signification la dissociation entre la propriété et la gestion. Dans cette optique, le seuil au-delà duquel le cadre fait objectivement et subjectivement partie de la bourgeoisie varie selon les observateurs.

Cet arrière-plan idéologique, qui met l’accent sur la condition salariale des cadres plutôt que sur la diversité de leurs situations professionnelles, ne laisse pas d’intervenir dans la formulation de leurs revendications ainsi que dans le choix de la forme de leur organisation professionnelle.