Général américain (Clark, Missouri, 1893).
Fils d’un instituteur de campagne décédé quand il avait 13 ans, Omar Bradley connut à Moberly une jeunesse difficile et dut travailler pour achever ses études. Entré à West Point en 1911, il s’y liera d’une solide amitié avec son camarade de chambre D. Eisenhower. Sous-lieutenant en 1915, il est maintenu en Amérique et ne prend aucune part à la Première Guerre mondiale. En dehors d’un séjour aux Hawaii (1925-1928), il sert aux États-Unis, le plus souvent 1951 comme instructeur, à West Point et à l’école d’infanterie de Fort Benning, qu’il commande comme général en 1941, après avoir passé trois ans à l’état-major général. D’abord adjoint d’Eisenhower en Afrique, Bradley, qui n’a encore jamais combattu, est mis en avril 1943 à la tête du 2e corps en Tunisie, où, un mois plus tard, il accule les Allemands à la mer. En Sicile, il s’affirme encore par son esprit concret et son affection pour la troupe ; aussi, au début de 1944, Eisenhower lui confie-t-il, avec la Ire armée, le commandement des troupes américaines qui débarquent en Normandie. Le 1er août, Bradley est mis à la tête du XIIe groupe d’armées, qu’il conduit de la Bretagne à la Moselle. Après la dure bataille d’Aix-la-Chapelle (nov.), une IXe armée (Simpson) rejoint les Ire (Hodges) et IIIe (Patton) aux ordres de Bradley pour l’ultime assaut sur l’Allemagne, qui porte ses troupes du Rhin sur l’Elbe (avr. 1945). Cette brillante campagne n’avait pas été exempte de difficultés entre les Alliés. Bradley n’hésite pas à les évoquer dans ses Mémoires, où il se montre assez dur pour son homologue britannique, le maréchal Montgomery. Profondément convaincu de la supériorité américaine, il n’admet pas qu’elle soit mise en cause et juge comme faiblesses les concessions que son ami Eisenhower fera aux Britanniques comme aux Français dans l’intérêt de la coalition. Chargé, au lendemain de la victoire, de l’administration des Vétérans, il prend en main le reclassement de 15 millions de démobilisés avant de succéder, en 1948, à Eisenhower comme chef d’état-major de l’armée. Sa préoccupation première, au moment où le coup de Prague consacre la division des Alliés de 1945, sera d’assurer la sécurité du monde occidental. « Pas une nation ne peut vivre seule, déclare-t-il, les craintes comme les espoirs du monde sont inséparables de nos craintes et de nos espoirs. » Placé en 1949 à la tête du Pentagone comme président du Comité des chefs d’état-major, il se consacrera jusqu’à sa retraite, en 1953, à la mise en place des institutions militaires du pacte Atlantique, où il sera le premier représentant de son pays. Le président Eisenhower fera encore appel à son autorité et à son indépendance d’esprit en le nommant en 1958 conseiller du secrétaire à la Défense, Neil H. McElroy, pour la réorganisation de son ministère.
A. D.
O. Bradley, A Soldier’s History (New York, 1951 ; trad. fr. Histoire d’un soldat, Gallimard, 1952).