Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Brabant (suite)

Le Brabant est une région agricole généralement riche. Sur les plateaux limoneux du sud dominent le blé et la betterave industrielle (20 à 30 p. 100 de la surface agricole utile), le lin et l’herbe (20 à 30 p. 100 de la S. A. U.), dans un paysage de champs ouverts et d’habitat groupé en villages non serrés. Il existe des grandes exploitations, mais surtout des exploitations moyennes en faire-valoir indirect ; les densités sont supérieures à 100.

Les cultures font parfois place à la forêt, surtout à l’est de la Senne (magnifique futaie de hêtres de la forêt de Soignes, puis de Bruxelles). À l’ouest et à l’est de Bruxelles ainsi qu’au nord, dans la plaine de la Vallée flamande, de très petites exploitations se consacrent aux cultures maraîchères ou fruitières ; au sud-est de Bruxelles, notamment, la région est entièrement recouverte de serres où l’on fait mûrir du raisin en toute saison. Vers l’ouest, il y a plus d’herbe, et l’habitat manifeste une tendance à la dispersion : c’est une zone de transition vers l’agriculture flamande.

Le contact entre le plateau et la Vallée flamande est le site par excellence des villes belges : ici, Louvain et Bruxelles, mais Bruxelles a été préférée par les comtes de Louvain à la fin du xive s. Ce contact crée une rupture des conditions de circulation le long des routes nord-sud, et ces villes se trouvent d’autre part sur la grande voie ouest-est qui, suivant le plateau, va de la mer à Cologne ; une ville est née aux croisements de cette voie ouest-est avec des vallées sud-nord (la Senne pour Bruxelles, la Dyle pour Louvain).

Mais la principale ligne de force actuelle est à l’ouest, orientée nord-sud, le long de la Senne, c’est l’axe A. B. C. (Anvers-Bruxelles-Charleroi), principal axe de force de la Belgique après celui de la Haine-Sambre-Meuse. Il est suivi actuellement, outre le chemin de fer, par le canal de Willebroek (à 3 000 t) prolongé vers le sud par le canal de Charleroi à Bruxelles (à 1 350 t) ; il est également en partie autoroutier. Là se rassemblent, dans la seule province de Brabant, 1 600 000 personnes. En plus de la capitale, premier centre financier et premier centre industriel du pays, il se compose de villes industrialisées par la circulation : au nord, Vilvoorde (industries métalliques, chimiques et alimentaires) ; au sud, Halle (textile, métallurgie), Tubize (textiles chimiques, matériel ferroviaire, industries mécaniques et chimiques), Clabecq (aciéries) ; et l’axe A. B. C. se raccroche au bassin wallon par la nouvelle zone de reconversion de Feluy et Manage (Hainaut).

Louvain forme une agglomération de 70 000 habitants. Outre l’université catholique, qui succède à l’université créée en 1426, la ville possède des industries alimentaires et mécaniques.

Dans la partie méridionale du Brabant, les riches campagnes sont parsemées de villes moyennes, de 10 000 à 15 000 habitants, qui ne sont pas seulement des marchés agricoles. Des industries variées se disséminent, liées aux traditions, aux produits agricoles, à la proximité des marchés de consommation : papeteries entre Senne et Dyle (Limal, près de Wavre, Nivelles) ; métallurgie (Court-Saint-Étienne) ; textile (de Tubize à Court-Saint-Étienne en passant par Braine-l’Alleud) ; alimentation : brasseries, sucrerie à Tienen (Tirlemont).

A. G.

Brabant-Septentrional

En néerl. Noordbrabant, province du sud des Pays-Bas ; 4 923 km2 ; 1 910 000 hab. Capit. Bois-le-Duc (’s-Hertogenbosch).


Par ses caractères physiques et humains, le Brabant-Septentrional est longtemps apparu plus proche de la Belgique, dont il est limitrophe, que des provinces de Hollande. Il comporte en effet, sauf au nord-ouest, peu de polders, et comprend essentiellement une plaine sableuse constituée par les épandages quaternaires de la Meuse et du Rhin, s’abaissant d’une quarantaine de mètres au sud à des altitudes voisines du niveau de la mer au nord. Sur ces sols de fertilité très moyenne, la pression démographique a amené, en particulier depuis le Moyen Âge, le défrichement partiel de la forêt et des landes, qui subsistent encore sur d’importantes surfaces aujourd’hui. Un artisanat textile disséminé fournissait des ressources complémentaires à une population surtout rurale, les activités urbaines étant limitées à un petit nombre de centres, comme Bois-le-Duc et Breda.

Les traités de Westphalie (1648) annexèrent la région aux Provinces-Unies, où elle s’intégra mal en raison de la confession catholique de la quasi-totalité de sa population. Le fait religieux a laissé des traces dans la mentalité et les comportements des habitants. On vote à plus de 80 p. 100 pour le parti catholique, le taux de natalité reste plus élevé, même dans les villes, que la moyenne néerlandaise (la croissance naturelle atteint 1,4 p. 100 par an). Mais l’économie a connu une évolution plus prononcée que dans la Campine belge voisine.

L’agriculture s’est intensifiée et transformée, faisant une plus grande place à l’élevage et à l’horticulture ; à côté du blé, du seigle et de la pomme de terre se sont étendues des cultures industrielles comme la betterave à sucre et le tabac, et surtout les cultures fourragères permettant une amélioration de l’élevage bovin (tourné vers le lait plus que vers la viande) et porcin. Mais la petite taille des exploitations constitue une sérieuse entrave à leur modernisation ; la diminution rapide de la population active agricole traduit une augmentation de la productivité et l’attraction des emplois industriels.

En effet, une forte industrialisation a pris le relais de l’artisanat rural. Le Brabant-Septentrional figure aujourd’hui parmi les trois provinces néerlandaises ayant plus de la moitié de leur population active employée dans l’industrie. À l’exception de l’industrie lourde, toutes les branches sont représentées, et en premier lieu la métallurgie (constructions mécaniques, appareillage électrique), le textile (laine et fibres synthétiques) et l’alimentation (produits laitiers, cacao, sucre, conserves).