Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Brabant (suite)

Partie intégrante du duché de Basse-Lorraine, le duché de Brabant ne naquit qu’au xie s. de la réunion du comté de Louvain (fondé au xe s.) au comté de Bruxelles, auxquels s’adjoignirent la principauté abbatiale de Nivelles et Gembloux, les villes de Tirlemont, Léau, Aarschot, celles de Turnhout, et de Bergen op Zoom, la baronnie de Bréda ainsi que Bois-le-Duc et le marquisat d’Anvers. S’étendant donc de la Meuse au nord à Gembloux au sud, il était limité, à l’ouest, par le comté de Flandre et, à l’est, par la principauté de Liège. La politique que menèrent les premiers ducs, Godefroid Ier (1106-1139), Godefroid II (1139-1142) et Godefroid III (1142-1190), fut opportuniste : selon leurs intérêts, ils prirent le parti du roi de France ou celui du roi d’Angleterre, celui de l’empereur ou celui du pape. Soutenu par la chevalerie et les milices brabançonnes ainsi que par la bourgeoisie révoltée de Cologne, Jean Ier (1261-1294) battit à Worringen, près de Cologne, les troupes du comte de Gueldre, Renauld Ier, et celles du comte de Luxembourg, Henri VII (juin 1288). Unissant dès lors à titre personnel le duché de Limbourg à celui de Brabant, il s’assura le contrôle de la route commerciale qui unit Bruges (ou Anvers) à Cologne sur le Rhin.

Aimant la vie fastueuse et s’endettant auprès de créanciers anglais ou italiens, les ducs de Brabant faisaient solder leurs dettes par les seigneurs et les bourgeois de leur principauté, où Anvers s’éveillait au grand commerce, en concurrence avec Bruges. En échange, ceux-ci obtinrent des garanties contre l’arbitraire du prince. Ainsi fut accordée par Jean II (1294-1312) la charte de Cortenberg (sept. 1312), qui créa un Conseil de quatre seigneurs et de dix bourgeois chargés de veiller au respect des libertés et privilèges du pays. Sous Jean III (1312-1355), les chartes romanes (juill. 1314) interdirent, en outre, au duc de disposer de ses biens sans le consentement des représentants du pays.

À la mort sans descendant mâle de Jean III, le Brabant échut au gendre de celui-ci, Venceslas de Luxembourg. Craignant le démembrement du duché, les villes lui imposèrent la « Joyeuse-Entrée » (3 janv. 1356), charte qui garantissait les droits individuels : liberté de l’individu, obligation d’un décret judiciaire pour opérer une arrestation, inviolabilité du domicile. D’après cette charte, le souverain devait obtenir le consentement des trois ordres (noblesse, clergé, délégués des villes) pour conclure une alliance ou un traité de commerce, déclarer la guerre, céder un territoire, lever les impôts et frapper la monnaie.

Sous le règne du faible Venceslas, des troubles populaires éclatèrent à Louvain, puis à Bruxelles. Après les avoir soutenus secrètement afin d’affaiblir les patriciens de la riche Gilde de la Draperie, Venceslas rétablit l’ordre. Les gens de métier obtinrent cependant le partage de l’échevinage avec les patriciens. Mais l’industrie drapière était très affaiblie, et un grand nombre de tisserands durent s’exiler en Angleterre et dans le nord des Pays-Bas.

Venceslas mourut sans enfants en 1383. En 1403, sa veuve, Jeanne de Brabant († 1406), désigna comme héritier le fils de Philippe le Hardi, Antoine de Bourgogne, qui mourut à Azincourt. Son fils Jean IV (1415-1427) lui succéda : fondateur de la célèbre université de Louvain (1426), il dut faire face aux exigences des communes brabançonnes et des tisserands bruxellois, et accorder à ces derniers le droit de nommer la moitié des échevins. Peu après, les trois états le placèrent sous la tutelle d’un conseil.

Après la mort sans héritier direct de son frère, Philippe de Saint-Pol (1427-1430), les états de Brabant désignèrent Philippe* le Bon comme « droit héritier du pays », écartant la candidature impériale. Incorporé aux Pays-Bas*, le duché fut divisé en trois quartiers : Anvers (marquisat d’Anvers et Campine brabançonne), Louvain et Bruxelles, ce dernier subdivisé en pays flamand (Bruxelles et la seigneurie de Malines) et en pays wallon (Nivelles, Genappe, Gembloux, etc.). La révolte des Provinces-Unies l’amputa du Brabant-Septentrional en 1648. Lorsque la Belgique fut réunie à la France le 1er octobre 1795, les limites de l’ancien duché furent modifiées ; sa partie méridionale forma le département de la Dyle, dont la délimitation est celle de la province actuelle.

O. G.

➙ Belgique / Bruxelles / Pays-Bas.

 H. Pirenne, Histoire de Belgique (Lamertin, Bruxelles, 1900-1932 ; 7 vol.). / Ouvrage collectif, Brabant (Dessart, Bruxelles, 1952). / M. Martens, l’Administration du domaine ducal en Brabant au Moyen Âge, 1250-1406 (Palais des Académies, Bruxelles, 1955).

Brabant

Province de Belgique ; 2 198 000 hab. (Brabançons). Ch.-l. Bruxelles.


La province décrite ici ne représente qu’une fraction du Brabant historique, mais c’est la partie la plus peuplée.

Le Brabant est un plateau qui s’abaisse du sud (160 m) au nord (80 à 100 m) ; à l’extrême nord, le plateau fait place à une basse plaine alluviale : la Vallée flamande, allongée ouest-est depuis la mer. La partie sud du plateau diffère de la partie nord : plus élevée, elle repose sur un socle primaire (qui affleure au fond des vallées) recouvert de sables, eux-mêmes recouverts de limons ; le plateau est peu disséqué. La partie nord, plus basse, est formée de couches plus récentes, sables et argiles, et les limons de couverture font place à des sables ; la dissection est plus forte ; on passe à des régions moins fertiles : Campine brabançonne, Hageland. Trois cours d’eau coulent du sud vers le nord (la Senne, la Dyle et la Gette) et vont se jeter dans l’axe est-ouest, Demer-Rupel, de la Vallée flamande.

Les trois domaines linguistiques belges s’y rencontrent : la limite linguistique coupe le Brabant ; l’arrondissement de Nivelles est francophone, les autres (Bruxelles [communes périphériques], Halle-Vilvoorde et Louvain) sont néerlandophones, mais Bruxelles capitale est bilingue.