Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bourguiba (Ḥabīb ibn ‘Alī) (suite)

Déçu par l’ancienne métropole, Bourguiba se tourne vers les États-Unis, qui substituent leur aide financière à celle de la France. En contrepartie, il soutient la politique des. États-Unis, au Viêt-nam en particulier. Parallèlement, Bourguiba se méfie de la République arabe unie, dont il dénonce la volonté d’hégémonie. À partir de 1965, il prêche le réalisme et la modération envers Israël. Cependant, à partir de 1970, il opère un rapprochement avec l’Algérie et l’Arabie Saoudite. En 1972, une visite officielle de Bourguiba à Paris consacre la réconciliation de la France et de la Tunisie. En 1974, un projet d’union avec la Libye tourne court.

M. A.

➙ Tunisie.

 F. Garas, Bourguiba et la naissance d’une nation (Julliard, 1956). / R. Stéphane, la Tunisie de Bourguiba (Plon, 1958). / J. Lacouture, Quatre Hommes et leurs peuples, sur-pouvoir et sous-développement (Éd. du Seuil, 1969). / J. Rous, Bourguiba, l’homme d’action de l’Afrique (J. Didier, 1970). / C. Bégué, le Message de Bourguiba. (Hachette, 1972).

Bournonville (August)

Danseur et chorégraphe danois (Copenhague 1805 - id. 1879).


D’origine française par son père, Antoine (1760-1843, naturalisé danois en 1792), il étudie la danse à l’école du Ballet royal danois sous la direction de celui-ci et de Galeotti, et fait ses débuts à l’Opéra de Copenhague en 1813. Il se rend à Paris (1820), où il travaille avec Auguste Vestris* et Pierre Gardel (1758-1840) ; il danse à l’Opéra de Paris (1826) et à Londres (1828). De retour à Copenhague, il est nommé directeur de la danse (1829). Maître de ballet à Copenhague (1836), à Vienne (1854) et à Stockholm (1861), il se produit également à la Scala de Milan (1841). Partenaire des plus grandes danseuses de l’époque, il délaisse la danse (1848) pour se consacrer à l’enseignement et à la composition chorégraphique. Il se retire définitivement en 1877. Influencé par Vestris — la tradition de l’école française transparaît nettement dans le style danois contemporain —, il se fait le disciple de Noverre*, professeur de son père. Avec Bournonville, la danse acquiert une unité de style. La danse masculine est valorisée : le danseur et la danseuse ont désormais une égale importance. La pantomime est moins conventionnelle. Excellent pédagogue et personnalité affirmée, Bournonville a une influence profonde sur ses élèves qui contribuent à leur tour à l’essor et au rayonnement du ballet danois (Lucile Grahn, la « Sylphide du Nord », à Munich et à Bayreuth ; Christian Johansson à Saint-Pétersbourg). De nos jours, au Danemark, les spectacles de ballet sont, dans leur ensemble, assez semblables à ceux que réglait Bournonville. Auteur de nombreuses mises en scène, Bournonville a signé plus de cinquante ballets. Les plus importants (version de la Sylphide, 1836 ; Fête à Albano, 1839 ; Napoli, 1842 ; Konservatoriet, 1849 ; la Ventana, 1856 ; la Fête des fleurs à Genzano, 1858 ; Loin du Danemark, 1860) sont encore dansés dans leur chorégraphie originale, fait unique dans le ballet occidental. Et le bouleversement apporté par Diaghilev et les Ballets russes a eu peu de répercussion sur le ballet danois. Seul Michel Fokine* apportera des innovations majeures dans l’interprétation, orientant les travaux d’Harald Lander (1905-1971), directeur du Ballet royal danois (1932-1951).

H. H.

Bourse de commerce

Marché officiel organisé pour assurer les transactions commerciales portant sur des marchandises déterminées et fixer ainsi leur cours.



Historique

Les premières Bourses de marchandises, héritières des foires et marchés, apparaissent au xiiie  s. dans les villes commerçantes d’Italie (Venise, Florence, Gênes, etc.). L’extension du commerce italien vers le nord de l’Europe met en vedette certaines places des Pays-Bas. Dès le xve s., le commerce de l’argent se pratique à Bruges* dans l’hôtel de la famille Van de Bürse, banquiers de leur état. Au xvie s., après la découverte de l’Amérique, Anvers* devient une place pour les négociants du monde entier. En 1592, y apparaît la première cote publiant la liste des différents cours pratiqués. Déjà des livraisons sont faites à terme, comme celles du poivre à Amsterdam, qui prend une grande importance au xviie s. et devient la première Bourse des valeurs (lettres de change, effets de commerce).

En France, où les foires, les marchés, les Bourses ont toujours attiré l’attention de l’autorité publique en raison de l’intérêt général qui s’y attache, on trouve à leur sujet une charte de Louis VII au xiie s. et un édit de Philippe le Bel au xive s. Mais les premières Bourses méritant ce nom n’apparaissent qu’aux xvie et xviie s. (foire de change de Lyon, qui servira de modèle à la Bourse de Toulouse en 1548). Ces établissements réunissent négociants et banquiers, et sont dotés d’une juridiction commerciale et de tribunaux. En 1724, après l’affaire Law, se situe la véritable naissance de la Bourse de commerce de Paris, où l’on opère aussi bien sur les valeurs que sur les marchandises. Les opérations « à terme » s’y pratiquent déjà, puisqu’un arrêt du Conseil du roi Louis XVI en date du 7 août 1785 condamne un genre de marchés « par lesquels l’un s’engage à fournir à des termes éloignés des effets qu’il n’a pas et tel autre se soumet à les payer sans en avoir les fonds ».

En Angleterre, au xvie s., Thomas Gresham (1519-1579) fait construire à Londres, en 1566-1569, l’édifice qui, sous l’égide de la reine Elisabeth Ire, sera dénommé « Royal Exchange » en 1571 ; celui-ci sera détruit par le feu en 1666.

En Russie, Pierre le Grand ordonne la construction à Saint-Pétersbourg d’une Bourse à l’image de celle d’Amsterdam.

Les Bourses se répandent aussi en Allemagne (Augsbourg, Cologne, Hambourg, Francfort, Berlin). Au xixe s., les Bourses de commerce connaissent un essor considérable aux États-Unis et en Grande-Bretagne. La Bourse du coton de Liverpool est créée en 1842, et celle des blés date de 1853. Le Board of Trade de Chicago est de 1848, et les premiers essais du Cotton Exchange de New York remontent à 1868.