Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Borraginacées

Famille d’herbes fortement velues, aux fleurs gamopétales.



Caractères

La famille des Borraginacées (une centaine de genres et plus de 2 000 espèces) possède des plantes, le plus souvent des herbes, dont les fleurs sont à pétales soudés et l’ovaire en position supère. Ses plus proches parentes sont les Convolvulacées, les Solanacées et les Plantaginacées.

Les Borraginacées ont des feuilles alternes, souvent couvertes de poils raides, et des inflorescences en cymes scorpioïdes unipares ou bipares. Les fleurs ont une corolle à cinq pièces soudées nettement bilabiées : deux pétales forment la lèvre supérieure, en forme de casque, et les trois autres constituent la lèvre inférieure. Il y a cinq étamines, dont les filets sont plus ou moins soudés, et deux carpelles, chacun divisé en deux, ce qui donne à maturité un « tétrakène ». Dans maintes espèces, la corolle vire du rose au bleu lors de l’éclosion.

La Bourrache possède des fleurs à tube court et à grands lobes étalés ; la Vipérine a une corolle en entonnoir ; la Consoude a ses pétales soudés en un long tube sans presque de lobes individualisés.

On peut encore citer en France la Buglosse, l’Alkanna, le Lithospermum, la Pulmonaire, le Myosotis, le Cynoglosse, l’Héliotrope.

Quelques espèces vivent dans les régions intertropicales (Ehretia, Tournefortia).


Usages

Les poils rudes des Borraginacées sont le plus souvent incrustés de carbonate de chaux et empêchent ainsi ces plantes d’être détruites par les Mollusques et par les Moutons. La plupart des espèces de cette famille sont riches en mucilages, auxquels elles doivent leurs propriétés médicinales ; on se sert principalement des fleurs de Bourrache, ainsi que des feuilles, qui donnent en infusion un remède populaire ; ces fleurs seraient surtout sudorifiques et légèrement diurétiques. De la racine d’Orcanette (Alkanna tinctoria), vivant dans la région méditerranéenne, on extrait deux substances, les acides anchusique et alkannique, qui servent de colorants roses ou rouges, aussi bien en histologie que chez les parfumeurs, les pharmaciens et les confiseurs ou pour rendre l’alcool des thermomètres plus visible. Les Héliotropes (originaires du Pérou) peuvent servir à la décoration estivale des plates-bandes.

Le Myosotis des Alpes est une plante ornementale à floraison printanière, employée pour les bordures ou en potée ; d’autres espèces exotiques (Nouvelle-Zélande) sont cultivées en serre. Le Myosotis des marais, que l’on place surtout dans les endroits frais, est pour certains le symbole du souvenir affectueux : « ne m’oubliez pas ! » Les Echiums servent aussi parfois dans les rocailles chaudes. Presque toutes ces plantes sont abondamment visitées par les Abeilles en raison de leurs propriétés mellifères.

Enfin, certaines espèces d’Amérique du Nord (Ehretia) et d’Égypte (Sebesten = Cordia) produisent des fruits comestibles, alors que d’autres donnent un bois d’œuvre estimé.

Certaines Borraginacées sont des plantes myrmécophiles ; Cordia nodosa, en Amérique du Sud, est habité par des Fourmis (Azteca ulei et A. trailei) dans de grands renflements en forme d’urne à la base des ramifications. Les Fourmis non seulement s’établissent à l’intérieur des tissus de la plante, mais aussi y construisent des nids en terre, où elles accumulent différentes espèces de graines. Ces graines, en germant, forment des « jardins de Fourmis », où se retrouvent nombre de plantes épiphytes, telles que Broméliacées, Orchidacées et Fougères, chaque espèce de Fourmis cultivant toujours les mêmes plantes.

J. M. T. et F. T.

Borromini (Francesco)

Architecte italien (Bissone, Tessin, 1599 - Rome 1667).


La Rome papale du xviie s., en paix et à l’apogée de sa gloire, entend secouer l’austérité issue de la Contre-Réforme au profit d’un art plus riche et plus varié. Le choix de Carlo Maderno, en 1604, pour l’œuvre de Saint-Pierre marque le départ de cette tendance qui va être qualifiée — péjorativement — de « baroque » parce qu’elle veut s’évader de la contrainte des règles classiques. Longtemps considéré comme décadent, le phénomène baroque* risquait, en effet, de n’être qu’un épisode formel avec les recherches d’un sculpteur comme le Bernin* ou d’un peintre comme Cortone*. Il appartenait à Francesco Castelli, dit Borromini, de lui imprimer un caractère durable, vivant, libéré de la matière et qui aurait atteint à l’irréalisme sans les connaissances pratiques de son auteur.

Dès l’âge de neuf ans, Borromini est apprenti sculpteur sur bois à Milan, selon le désir de son père, l’architecte Gian Domenico. À quinze ans, il part pour Rome, où l’attirent la sculpture sur pierre et les chantiers de la basilique vaticane ; à vingt-six ans, il y sera consacré maître sculpteur. Mais il y trouve surtout la protection de Maderno, dont il est un compatriote et parent. Le maître d’œuvre de Saint-Pierre favorise son penchant pour l’architecture ; tout en lui confiant l’exécution de morceaux de détail — on cite une grille, des chérubins —, il lui enseigne les mathématiques et lui donne à mettre au net ses projets. Ces quinze années de chantier au contact de l’œuvre de Michel-Ange et des adjonctions de Maderno, qui annonçaient une nouvelle conception de l’espace, ont été déterminantes pour Borromini.

Celui-ci entendait bien consacrer sa vie à l’œuvre de la basilique, dont il s’était vu confier le chantier à la mort de Maderno (1629) ; une banale question de préséance avec le Bernin devait bientôt l’en éloigner. Au temps du néo-classicisme, on a beaucoup insisté sur la rivalité des deux artistes : la jalousie aurait poussé Borromini à ses productions excentriques et l’aurait finalement incité au suicide. C’était faire un procès de moralité au grand responsable de l’hérésie baroque, et le côté ombrageux, intolérant du personnage rendait l’accusation plausible. Il semble préférable de chercher dans son œuvre seule la cause du mal qui devait le terrasser après quarante années d’efforts ; la soif d’absolu qui a torturé ce grand anxieux, voilà la raison intime d’une démarche toujours insatisfaite, en dépit des honneurs dont il ne cessa jamais d’être l’objet.