Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

bombardement aérien (suite)

Si l’on se réfère aux penseurs militaires (Douhet, Mitchell), la guerre devait se gagner par les airs. En fait, jusqu’en 1940, personne n’a eu les moyens de réaliser ces prédictions (tonnage de bombes insuffisant) par l’attaque des sources du potentiel de guerre. L’expérience des bombardements de la Seconde Guerre mondiale reste controversée sur ce point. Aujourd’hui, l’arme nucléaire est « banalisée » ; les bombardiers lourds, puis surtout les I. C. B. M., garantissent la possibilité de réaliser l’anéantissement véritable des arrières ; mais en même temps l’adversaire a le même pouvoir. Paradoxalement, du jour où le bombardement par air tient ses promesses, il rend la guerre absurde en ce sens que personne n’a intérêt à se lancer dans une telle aventure paroxysmique.

P. L. et M. F.

➙ Aviation / Chasse / Stratégie / Transport.

 C. Rougeron, l’Aviation de bombardement (Berger-Levrault, 1936 ; 2 vol.). / R. Martel, l’Aviation française de bombardement des origines au 11 novembre 1918 (Hartmann, 1939). / A. T. Harris, Bomber Offensive (Londres, 1947 ; trad. fr. Les bombardiers attaquent, Plon, 1949). / P. Paquier et C. Postel, la Bataille aérienne d’Allemagne (Payot, 1947) ; la Bataille aérienne d’Angleterre (Charles-Lavauzelle, 1948). / D. Irving, The Destruction of Dresden (Londres, 1963 ; trad. fr. la Destruction de Dresde, Laffont, 1964). / H. Rumpf, la Guerre des bombes (Presses de la Cité, 1969).

Bombay

Ville de l’Inde, capit. de l’État de Mahārāshtra, sur l’océan Indien ; près de 6 millions d’habitants.


L’agglomération est la seconde de l’Inde et l’une des principales de l’Asie. Comme Calcutta, la ville est une création de la colonisation, et elle lui doit les premières phases de son développement.


Les avantages du site et de la situation

Les Européens, comme avant eux les Arabes, ont développé leur commerce à partir des côtes occidentales de l’Inde. La partie septentrionale de cette bande côtière présentait l’avantage d’être en liaison facile avec le nord du monde indien, peuplé, d’où la situation favorable de la région où se trouve actuellement Bombay. De plus, à la latitude de la ville, un col dans les montagnes bordières de la péninsule permettait un accès aisé vers le plateau péninsulaire, tandis que la plaine littorale se développant vers le nord offrait des possibilités de communications avec la plaine du Gange.

Le site est favorable à l’installation d’un grand port, au prix de travaux assez considérables. Le plateau péninsulaire se termine ici par un escarpement brutal, au pied duquel s’étendait une plaine amphibie étroite. Au niveau de l’actuelle Bombay, une série de blocs de lave, mal reliés entre eux par des cordons vaseux, formaient des alignements d’îles. Des travaux de drainage et d’assainissement, menés pendant plus de deux siècles, ont abouti à la formation de deux îles, reliées entre elles par des chaussées et parallèles à la côte selon un axe nord-sud : île de Salsette au nord, île de Bombay proprement dite au sud. Ces deux îles isolent entre elles et la côte un vaste plan d’eau, ouvert au sud et abrité de la mousson, souvent désigné sous le nom de Thana Creek. La façade de l’île regardant vers le continent se prêtait donc à l’aménagement d’un port convenablement abrité contre les tempêtes de l’océan Indien, assez agité pendant la mousson.


Les étapes de la croissance

Les îles ne sont pas restées désertes avant l’arrivée des Européens, mais elles ont surtout été occupées par des pêcheurs.

Avec la phase des comptoirs (1534-1850) commence véritablement la croissance. La région appartint d’abord aux Portugais, qui développèrent peu le port, car ils possédaient plus au nord le comptoir de Sūrat. C’est lorsque Bombay fut cédée aux Britanniques, en 1661, que commença l’essor. La ville devint alors le principal comptoir anglais de la côte ouest, puis, avec le début de la conquête, une base d’opérations contre les Marathes notamment, et, enfin, la capitale de l’une des trois « présidences » de l’Inde britannique. La fonction commerciale et politique permit d’atteindre 250 000 habitants vers 1850.

À cette date s’amorce la phase d’industrialisation. Les Britanniques s’intéressèrent très tôt à la culture du coton sur les terres noires du nord-ouest de la péninsule. À partir de 1850, ils commencèrent à développer une industrie de traitement du coton, d’abord de la filature pour l’exportation vers la Chine, puis du tissage. Très tôt, des communautés indiennes, parsis de Bombay et castes commerçantes issues du Gujerat voisin, se lancèrent également dans les entreprises d’industrie textile. Aussi, usines et banques apparurent-elles dans l’agglomération, dont l’activité fut stimulée de surcroît par l’ouverture du canal de Suez et par la guerre de Sécession aux États-Unis, qui fit monter rapidement les prix du coton. Malgré des périodes difficiles, notamment lors de la crise mondiale, l’activité continua à se développer, et, en 1941, la ville atteignait environ 1 500 000 habitants.

La période contemporaine (depuis 1941) a vu cette croissance s’accélérer. D’une part, la guerre amena la création de vastes marchés pour les produits industriels ; d’autre part, la politique d’industrialisation du gouvernement indien draina vers Bombay des capitaux importants. L’accélération générale de la croissance démographique lui profita également, si bien que, en 1951, l’agglomération avait 2 800 000 habitants, 4 100 000 en 1961. En 1971, la population approchait 6 millions d’habitants. Il s’agit pour une large part d’immigrants récents : en 1951, 27 p. 100 seulement des habitants de Bombay y étaient nés, et la ville ne comptait que 774 femmes pour 1 000 hommes.


Les activités actuelles

Elles sont marquées par l’importance du port et de l’industrie. Bombay vient au premier rang en Inde pour le tonnage débarqué et embarqué (environ 20 Mt par an). L’industrie est diversifiée. Le textile figure toujours en tête, avec les filatures et tissages de coton. Il souffre de son ancienneté même, car beaucoup d’usines sont vétustés et ont une productivité assez faible, si bien que les prix de revient sont élevés et que la concurrence de centres plus modernes se fait sentir.