Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

bijouterie et joaillerie (suite)

Le marché du diamant en provenance d’Afrique du Sud est dominé par la De Beers, qui contrôle les organismes collecteurs ou producteurs par l’intermédiaire de la Diamond Corporation West Africa, qui achète la majorité de la production. Londres est le marché principal du diamant brut ; Amsterdam et Anvers sont les deux centres européens pour la taille, très concurrencés par Haifa, en Israël.


Pierres d’imitation

Le doublet sert soit à augmenter le volume d’une pierre naturelle par l’adjonction d’une autre semblable ou d’un prisme de cristal sous la culasse, soit à créer une pierre d’imitation en fixant un corps coloré derrière un morceau de cristal. Au xviiie s., le strass (du nom de son inventeur), sorte de verre coloré à l’aide d’oxydes métalliques, connut une grande vogue. Aujourd’hui, on emploie des borosilicates, dont l’éclat est renforcé par un paillon d’argent. Enfin, la chimie moderne a permis de réaliser des pierres de synthèse. La première expérience probable fut faite en 1892 par Henri Moissan (1852-1907), puis reprise par Auguste Verneuil en 1904. Enfin, en 1964, Pierre Gilson (né en 1914) est arrivé à reconstituer une émeraude par cristallisation à partir d’une émeraude authentique, et un procédé américain a donné une pierre de synthèse (Diamélite [marque déposée]) à base de titanate de strontium imitant le diamant.

La perle

C’est une concrétion calcaire et nacrée formée par l’huître perlière autour d’un corps étranger introduit dans sa coquille naturellement (perle fine) ou artificiellement (perle de culture). La technique de cette dernière, dont l’idée remonte au xiiie s., fut mise au point en 1912 par le Japonais Kokichi Mikimoto. Les perles de culture sont la spécialité du Japon ; les perles fines, aujourd’hui très rares, proviennent de la région de Bahrein.

On appelle perle japonaise une excroissance de la coquille de l’huître, demi-sphérique et creuse, que le bijoutier comble artificiellement. La valeur d’une perle fine dépend de son poids (en carats ou en grains), de sa couleur (blanche, rose, grise ou noire, selon la qualité des fonds), de son éclat, ou « orient », et de sa forme (ronde, en poire, baroque), qui est définie par la place du noyau dans le corps de l’huître. La perle la plus fameuse est la Peregrina, perle en poire de 34 carats achetée par Philippe II d’Espagne.

On fait des perles d’imitation en verre soufflé emplies de cire et opacifiées par une préparation à base d’écaille d’ablette.


Fabrication du bijou

Le dessin constitue la première ébauche du bijou. La fonte sous pression, ou moulage en cire perdue, consiste à couler le métal en fusion dans un moule dont l’empreinte est laissée par un modèle de l’objet en cire, éliminée par fusion.

Traité à froid, le métal peut être limé au moyen de limes de différentes formes, percé à la perceuse électrique, fraisé, embouti, à l’aide de ciselets et du marteau, ou scié. On peut ainsi opérer, avec le sciage, la découpe de motifs ou préparer l’emplacement de pierres précieuses (mise à jour). Les métaux sont étirés en fil à la filière à étirer et aplanis à l’aide du laminoir formé de deux cylindres à axes parallèles.

Le bijou de métal doit son caractère décoratif et artistique à différentes techniques.

• La ciselure. Elle comprend la ciselure au fondu, qui a pour objet de faire disparaître les bavures sur les pièces sortant du moule, la ciselure prise sur pièce, où l’artiste taille le métal au ciselet comme le sculpteur le marbre, et la ciselure au repoussé, où la feuille de métal est martelée en bas relief. L’estampage mécanique a rendu de plus en plus rare l’usage du ciselet.

• L’émaillage. C’est l’application sur métal de poudres de verre colorées, transparentes ou opaques, fixées par cuisson au four (v. émail).

• Le filigrane. Le métal est traité à jours sous forme de minces tigettes d’or ou d’argent torsadées et soudées sur un champ de même métal. On peut aussi souder de fines boules de métal, ou granulations.

• La gravure*. Elle consiste à marquer des motifs en creux au moyen d’un burin spécial et de l’échoppe.

• Le guilloché. C’est un décor du métal en creux ou en relief figurant des lignes brisées ou onduleuses.

• Le niellage ou la niellure. C’est l’incrustation, dans les creux de la gravure d’une feuille d’argent, d’un émail noir composé de 38 parties d’argent fin, 72 de cuivre rouge, de 50 de plomb, de 384 de soufre liées par un fondant de borax, le tout fondu, puis pulvérisé.

Si le bijou s’orne de pierres précieuses, celles-ci sont fixées au métal selon différents modes de sertis : le sertissage en pleine matière, qui revient à percer un trou dans le métal, à y introduire la pierre et à la maintenir en retroussant le métal ; le sertissage à griffes, où la pierre repose sur une feuillure pratiquée à l’intérieur des griffes, que l’on rabat sur la pierre ; le sertissage en filetage, dans lequel la pierre est maintenue, en plus de crochets, par un très fin fil d’or.

Une fois fini, on donne son brillant au bijou par le polissage, effectué au moyen de poudres et d’alumine.

Tout au long de son histoire, le bijou a joué ainsi des formes, des couleurs et des matériaux : hiératisme du bijou barbare, exubérance du bijou baroque, rigueur du bijou classique, recherches du bijou contemporain ne sont que quelques aspects de cet art d’expression.

Différents types de taille

• Taille à surfaces courbes
— En cabochon : taille arrondie, sans facettes, qui est dite simple si la pierre a un côté plan ou double si les deux côtés sont convexes. Procédé le plus ancien, il est encore appliqué à certaines pierres fines et demi-fines.

• Taille à facettes
— En brillant : se dit d’un diamant dont la partie supérieure, ou couronne, comporte 32 facettes et la partie inférieure, ou culasse, 24 facettes entourant une facette terminale, ou colette. Cette taille a été mise au point au xviie s. par le Vénitien Vincenzo Peruzzi.
— En émeraude : taille comportant une table entourée de facettes en dégradé et de quatre angles coupés.
— En rose : se dit d’un diamant dont la couronne en pointe comporte 24 facettes et dont la culasse est plane. Le premier type de taille à facettes fut élaboré en 1345 par Herman de Bruges et développé au siècle suivant par Louis de Berken, que l’on a souvent pris pour l’inventeur de ce procédé. Selon la forme de la taille à facettes, on distingue la taille anglaise (rectangle à angles coupés), la taille navette ou marquise (oblongue), la taille ovale et la taille en poire. Enfin, en 1969, les frères Hysmans, originaires d’Amsterdam, ont réussi une taille du diamant à 144 facettes.

S. L.

 A. Boitet, Manuel pratique du bijoutier-joaillier (Dunod, 1956). / E. Tilmans, le Bijou (Flammarion, 1961). / H. J. Schubnel, les Pierres précieuses (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1968). / R. Ruther, les Bijoux (Fayard, 1971).